Nous sommes au milieu des années 80, le mur de Berlin est toujours debout, la mondialisation pointe à peine son nez, les pays émergents ne nous concurrencent pas encore vraiment et on rêve à 36... D’autres évoqueront plutôt la fin du siècle dernier …Le parti socialiste, dans son coin, bâtit son petit projet…
Alors, on revient à la retraite à 60 ans (ou on le fait croire !), on retrouve les 35 heures dans toute leur splendeur (en supprimant la législation sur les heures supplémentaires, par laquelle Nicolas Sarkozy avait atténué leur nocivité) on revient aux formes de lutte contre la délinquance qui avaient provoqué une explosion de l’insécurité, et, renonçant à la politique de limitation des dépense publiques, on embauche massivement dans le secteur public ce qui viendra peser sur le budget et sur l’efficacité d’une administration déjà trop lourde ! Comble du comble, on choisit comme politique de la jeunesse l’assistanat, sous la forme d’emplois jeunes, et d’une confuse « allocation d’autonomie » !
Alors que la France a le plus grand besoin d’être dynamisée, relancée, on lui offre un projet sans ambition, sans souffle et tourné vers un morne passé !
La France ne peut continuer à financer sa politique sociale par les déficits. Elle a d’abord besoin de compétitivité, d’innovation, d’investissements, de ré-industrialisation, ce qu’avait entrepris de lui donner Nicolas Sarkozy. Le projet socialiste, lui, n’évoque pas cela, ou si peu, et, en tous cas, ne s’en donne pas les moyens, ceux qu’il choisit sont même contre productifs.
Quelle valeur accorder à ces 2,5% de croissance annuelle prévue par ce projet – qui n’en est pas un, et semble plus proche d’un simple programme législatif – alors que la moyenne des 10 dernières années est de 1,5% et qu’aucune mesure ne paraît en mesure de relancer cette croissance.
Pense-t-on que ce sont les embauches de fonctionnaires ou assimilés, l’augmentation des moyens et des dépenses dans la plupart des services publics, et – on peut fortement le supposer- l’augmentation des salaires du secteur public, qui vont donner plus de compétitivité à notre pays ?
Pense-t-on que c’est l’augmentation des prélèvements- on parle de plus de 50 milliards d’Euros !, qui va redonner du dynamisme. Si la philosophie de la réforme fiscale n’est pas forcément mauvaise en soi, tout dépendra des modalités et des taux retenus. D’ores et déjà le risque existe de voir la classe moyenne, ou la partie de cette classe la plus active et la plus dynamique, fortement pénalisée.
Pense-t-on que c’est cette économie dirigiste qui va le permettre, en enserrant toujours plus les entreprises dans des contraintes, des obligations, des contrôles et en refusant de diminuer leurs charges, voire en les alourdissant ? Qu’en est-il de ce « rattrapage du SMIC », suivi, on s’en doute par de réguliers « coups de pouce » ? Croit-on que cela va améliorer la situation et la compétitivité de nos entreprises ? Et améliorer l’emploi ? Et qu’en retireront les salariés, lorsque l’inflation, conséquence mécanique de ce projet, viendra ronger les pseudo-gains de pouvoir d’achat ?
Et que peut-on attendre de positif pour l’entreprise et la croissance du retour effectif (avant son élargissement) aux 35 heures et de la nouvelle limitation des licenciements !
Pense-t-on que c’est le maintien de l’ISF, l’encadrement des loyers, la diminution des revenus distribués, et l’augmentation des taxes sur ces revenus, qui vont développer la construction de logements, ou, plus largement inciter les particuliers à investir en France ? Il est vrai que le Parti socialiste compte sur un renforcement de l’investissement par le biais de structures étatiques ! Le fantasme planificateur demeure vivace.
Et il n’y a pas que l’économie…Le projet n’est pas tellement plus encourageant sur le reste.
Rien ou presque sur ce qui doit être la priorité des priorités : l’éducation. Avec cependant une assez bonne initiative (mais on en ignore l’utilité et le coût réels), le service public de la « petite enfance », une quasi impasse sur la lutte contre l’échec scolaire et le collège, où se concentrent une multitude de difficultés, et deux vagues inquiétudes, relatives à l’autonomie des universités, et à l’avenir des grandes écoles.
Sur l’immigration, la régularisation élargie des sans-papiers, n’est pas forcément une chose souhaitable et comment sera assurée leur assimilation ?
Une grande prudence sur l’écologie. Vouloir diminuer la part du nucléaire et augmenter celle des énergies renouvelables part d’un bon sentiment, mais sur quel rythme et comment ? On prétend que Martine Aubry, elle, voudrait « sortir du nucléaire », ce qui serait plus ennuyeux !
Au total, il s’agit d’un programme qui sera, sans doute vite oublié, et d’abord par le candidat à l’élection présidentielle, qui n’en gardera que des bribes…Et il aura raison.
Marc d’Héré
- Quelques mots de Chantal Delsol sur l'intelligentsia " ...Elle a tendance à suivre la première utopie qui passe. C'est ainsi que l'intelligentsia française fut marxisante jusqu'à la chute du mur de Berlin. S'il n'y a pas d'utopi disponible, elle s'adonne au moralisme et prend la posture de la belle âme. Sa dissidence face au pouvoir consiste à donner des leçons."
- Dominique Reynié dans le JDD: C'est un programme sans ligne stratégique, sans puissance, sans imagination...Le PS ne semble compter que sur l'anti sarkozysme, or cela ne fera jamais une dynamique.
- Voir sur ce blog: http://marcdhere.over-blog.com/article-libres-propos-politiques-1-70587338.html