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Contact: marcdhere.mdh@gmail.com 

 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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16 juillet 2014 3 16 /07 /juillet /2014 17:40

La maitrise de l’immigration est une des questions les plus importantes, une des plus graves qui se posent à nous, Français et Européens, et pourtant elle est assez peu abordée et toute proposition déclenche la polémique.

 

L’immigration, notamment celle qui vient des pays du Sud à destination de ceux du Nord, est normale, inéluctable, mais également nécessaire, tant pour les pays qui en sont destinataires que pour les pays à partir desquels elle se produit. Pourtant, comme toute activité, même utile et souhaitable, l’immigration n’est acceptable et ne produira les effets positifs attendus que si elle est contrôlée et maitrisée.

 

Dans le monde ouvert que nous connaissons où les possibilités et les moyens de communication et d’échanges sont divers et multiples, ce contrôle et cette maitrise ne peuvent être efficacement réalisés par un seul pays. Pour ce qui nous concerne précisément, surtout depuis la mise en œuvre des accords de Schengen, une coopération et même une politique commune européenne sont absolument nécessaires...et urgentes.

Avant même la politique économique, c’est sur une politique commune de l’immigration que les pays d’Europe devraient pouvoir parvenir à un accord.

 

Cette politique européenne d’immigration comporterait trois volets, qui devraient, tous les trois, faire l’objet de mesures coordonnées ou communes.

 

Premier volet : l’asile. Tous les pays d’Europe devraient s’entendre sur des critères objectifs de traitement des dossiers d’asile : liste limitative et actualisée des pays de provenance, conditions graves de sécurité personnelle ouvrant un éventuel droit à l’asile, rapidité du traitement, contrôle assuré des demandeurs d’asile dans l’attente de la décision, interdiction de se présenter dans un autre pays européen après rejet par l’un des pays…

 

Deuxième volet, l’immigration autorisée ou choisie : les pays européens pourraient s’accorder sur des systèmes de quotas maximum par pays d’origine et par secteurs d’activité, et des règles communes d’attribution de visas, qui pourront souvent être provisoires (connaissance de la langue, conditions de sécurité, volonté d’intégration….

Une politique active d’accueil et « d’intégration » viendra compléter l’attribution de ces visas qui pourront être diminués voire temporairement supprimés pour les pays source d’une immigration clandestine.

Le regroupement familial ne sera pas un droit il pourra être limité et ne pourra pas notamment s’effectuer en contradiction avec les règles du pays destinataire (refus de la polygamie et des enfants qui en seraient issus par exemple).

 

Enfin, et c’est sans doute le plus difficile, mais aussi le plus important : l’immigration clandestine. Pour être efficace, une lutte contre cette immigration illégale doit s’exercer d’abord et surtout au niveau du pays dont elle provient.

 

Premier objectif, limiter progressivement le désir et les possibilités d’émigration. Cela se traduira par un accroissement sensible de l’aide internationale et particulièrement européenne à destination des pays source d’immigration, avec contrôle de son utilisation qui doit en totalité aller vers des politiques de maintien des populations au pays.

Ce sera aussi une aide technique qui pourra être apportée aux pays sources pour les aider à rendre plus difficile voire à empêcher les « départs ».

 

Deuxième objectif, rendre moins perméables les frontières extérieures de l’Union Européenne et autoriser les pays de Schengen à contrôler ponctuellement et à suspendre provisoirement l’entrée sur leur territoire de personnes en provenance d’un ou plusieurs pays de l’Union.

 

Troisième objectif enfin, pouvoir renvoyer dans leur pays d’origine tout immigré clandestin (sauf cas tout à fait particuliers notamment liés au droit d’asile ou à des raisons humanitaires). Afin de permettre ce « retour » normal, la poursuite de l’aide européenne aux pays sources sera conditionnée à l’acceptation de tels retours et sera donc fortement diminuée, voire supprimée pour les pays qui les refuseront ou les rendront par trop difficiles.

 

Voilà quelques principes qui pourraient servir de base à une politique d’immigration réaliste et humaine qui ne peut être qu’européenne.

 

Elle est d’une grande urgence et, comme le pouvoir français actuel ne souhaite à l’évidence pas la proposer, il serait souhaitable que les partis d’opposition y réfléchissent, commencent à prendre les contacts internationaux utiles, afin de pouvoir, lors des échéances de 2017 faire des propositions précises et susceptibles de recueillir l’approbation des autres pays européens.

 

Marc d’Héré

Animateur de RECONQUÊTE

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7 juillet 2011 4 07 /07 /juillet /2011 15:38

 

 

Lepoint.fr du 7 juillet...

 

Les 23 "propositions" de l'UMP sur l'immigration ci-dessous, préparées en collaboration avec le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, ont été fournies dans un document aux participants à la convention UMP sur l'immigration, jeudi. Elles ont pour but de nourrir un débat au sein de parti majoritaire sur cette question-clé pour la future campagne et, bien sûr, de préparer le terrain en vue du programme du candidat à la présidentielle.


AXE I - Une réponse globale et concertée à un défi mondial

1- Faire de la gestion concertée des flux migratoires une priorité du G8/G20.

2- Relancer l'Union pour la Méditerranée pour une gestion concertée de migrations.

3- Concentrer l'aide au développement dans les pays du Sahel.

4- Soutenir la création d'une taxe sur les transactions financières pour financer le développement économique.

5- Mener une politique de codéveloppement solidaire approfondie.

6- Créer le VIE senior, qui permet à des jeunes de s'expatrier au service d'entreprises françaises.

7- Coupler l'aide au retour volontaire d'une aide au financement.

 

AXE II - Une Europe qui assume davantage ses responsabilités

8- Donner un véritable pilotage politique à l'espace Schengen.

9- Renforcer les contrôles de l'agence Frontex.

10- Créer une agence européenne de l'espace Schengen, en charge de l'harmonisation des visas européens, des échanges de données sur les demandes de visa et de droit d'asile pour améliorer les procédures et lutter contre le "visa shopping".

11- Créer un poste de commissaire européen en charge de l'Immigration, de l'Intégration et du Codéveloppement.

 

AXE III - Une politique de fermeté et de clarté contre l'immigration illégale

11- Conditionner systématiquement l'obtention de titres à une entrée régulière sur le territoire.

12- Renforcer les capacités des centres de rétention administrative (créer 500 places supplémentaires, il en existe 2 000 actuellement, et porter la durée de rétention administrative de 45 jours à 2 mois).

13- Conditionner au niveau européen le nombre de visas délivrés et l'aide au développement en fonction de la coopération pour le retour des immigrés illégaux.

14- Mettre en place au niveau de l'espace Schengen un système de caution-retour pour les dossiers à risque de visas de courts ou moyens séjours (les services consulaires pourraient demander une caution dans le cas de "dossiers à risque").

 

AXE IV - Une responsabilisation de tous les acteurs pour adapter l'immigration de travail à nos besoins

15- Créer un institut national des études et statistiques qui fusionnerait tous les instituts de statistiques (Insee, Ined, Dares...) sous l'autorité du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche. Cet institut serait notamment chargé de proposer des pistes pour améliorer le recensement et les études sur l'immigration (coût, démographie...).

16- Créer une conférence nationale sur l'immigration tous les deux ans, avec une évaluation des besoins réels de l'économie, secteur par secteur (l'ensemble des acteurs politiques économiques et sociaux, associatifs et administratifs devraient faire connaître leurs priorités, etc.).

17- Instaurer une immigration de travail qualifié circulaire (créer un lien avec la carte bleue européenne). Créer en lien avec la carte bleue européenne, un CDD de 3 à 5 ans pour des travailleurs étrangers, avec un volet de formation important.

18- Généraliser les contrats d'accueil et d'intégration et faire payer aux employeurs de travailleurs immigrés une partie de ces contrats (formation linguistique et culturelle pour favoriser l'intégration).

19- Expérimenter un système à points (type Canada) uniquement pour l'immigration de travail en fonction des qualités et des atouts des candidats immigrants et en fonction des éventuels besoins en France (critères : compétences linguistiques, études, expérience professionnelle, âge...).

 

AXE V - Une affirmation permanente de l'équilibre des droits et des devoirs

20- Refondre en profondeur les procédures de droit d'asile pour rendre des décisions plus justes et plus rapides. Un délai de 6 mois doit être l'objectif de temps de réponse.

21- Assurer une meilleure répartition locale des nouveaux immigrants grâce à un partenariat entre commune, préfecture et bailleurs sociaux pour équilibrer les origines nationales au sein d'une même zone.

22- Renforcer et généraliser les contrats d'accueil et d'intégration (notamment conditionner le regroupement familial après 2 années de présence sur le territoire, contre 18 mois aujourd'hui, au respect des lois de la République, apprentissage du français dans le pays d'origine...).

23- Conditionner les prestations sociales au respect des obligations scolaires ou de celles des contrats d'accueil et d'intégration et renforcer les sanctions existantes en cas de non-respect.

 

 

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 15:34

 

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant trace dans un entretien accordé au quotidien « Le Monde » les grands axes de son action en matière de gestion des flux migratoires et de lutte contre la délinquance. Publié le 16 mars…


Vous rêviez d'être ministre de l'intérieur. Revendiquez-vous d'être ministre de l'immigration ?

Je ne rêvais pas d'être ministre de l'intérieur. Cette idée ne m'était jamais venue à l'esprit avant le mois de novembre 2010, quand il en a été question une première fois. S'occuper à la fois de l'immigration et de l'intérieur est un gage d'efficacité. Il apparaîtrait paradoxal de dire que l'immigration est un problème majeur et de la confier à un secrétaire d'Etat.

Marine Le Pen était sur l'île de Lampedusa, lundi 14 mars : vous-a-t-elle doublé ?

Je n'ai jamais eu l'intention d'y aller. Un déplacement à Lampedusa participe de l'instrumentalisation de l'immigration. A Vintimille en Italie, le 28 février, je suis allé vérifier l'efficacité du dispositif de contrôle à notre frontière et prendre des décisions pour le renforcer. C'est différent.

Comment allez-vous « contrôler » les flux migratoires ?

Il est très important de maîtriser les flux migratoires. La France est un pays qui, traditionnellement, accueille les opprimés. Jamais le président de la République n'a dit qu'il était fermé à toute immigration. En revanche, ce gouvernement est hostile à l'immigration irrégulière. Mon travail est de lutter contre elle. Nous souhaitons bien accueillir les immigrés autorisés à venir chez nous mais nous ne voulons pas subir une immigration imposée. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes toujours refusés à des régularisations massives, comme celles opérées entre 1997 et 2002 où un peu plus de 76500 personnes avaient été régularisées. Depuis 2007, les régularisations se sont faites au cas par cas et à titre exceptionnel. Elles ont concerné 2800 personnes en 2008, et 2500 en 2009 et en 2010.

En mettant l'immigration au premier plan, ne faites-vous pas le jeu du
Front national ?


Le FN ne nous sert pas de boussole. Un gouvernement doit travailler en fonction de ce qu'il estime être nécessaire et il doit être à l'écoute de la population. Les Français ont le sentiment que les flux non-maîtrisés changent leur environnement. Ils ne sont pas xénophobes. Cela étant, ils veulent que la France reste la France. Ils veulent que leur mode de vie soit respecté, que la laïcité demeure à la base de notre pacte républicain. Ils veulent que l'intégration, pour les nouveaux venus, ou l'assimilation, pour les plus anciens, se fasse réellement, ils ne veulent pas de communautarisme. Les Français veulent que les nouveaux arrivés adoptent le mode de vie qui est le leur.
Le modèle de l'assimilation redevient pertinent après l'échec des communautarismes. 24% des immigrés hors Union européenne sont au chômage. S'il n'y a pas de maîtrise de l'immigration nous ne parviendrons pas à maintenir notre cohésion nationale.

Mais le communautarisme n'est-il pas un processus naturel ?

Il n'a jamais été organisé, mais on a laissé trop longtemps les personnes se regrouper en communautés. Je pense que nous pouvons lutter contre les communautarismes par la politique du logement, l'éducation, la formation, l'accompagnement familial... De nombreuses femmes immigrées vivent dans des conditions qui les empêchent de s'insérer. Le volet intégration de l'action de ce ministère doit être renforcé.

Allez-vous toucher à la loi de 1905, notamment pour faciliter la construction de lieux de culte pour les musulmans ?

Non. Il n'est pas question de toucher à la loi de 1905.La laïcité n'est pas une arme contre les religions, mais une protection de la liberté de conscience et une garantie de la libre pratique du culte. En même temps, c'est la garantie de la neutralité de l'Etat, des collectivités locales et des services publics. La loi interdit le financement public des lieux de culte. Mais il y a des financements privés. Il y a aussi des « coups de pouce » publics prévus par la loi : les garanties d'emprunts, les baux emphytéotiques de quatre-vingt-dix-neuf ans qui permettent de mettre à disposition des terrains et des constructions existantes à des conditions de loyer normales. Une fondation, créée par Dominique de Villepin, devait permettre de mutualiser les moyens. Il faut la réactiver.

A l'instar de Jean-François Copé, recommandez-vous l'obligation d'utiliser la langue française dans les mosquées ?

Il est constitutionnellement impossible d'interdire le prône en arabe. On n'interdit pas les messes en portugais, ou l'hébreu dans les synagogues. Peu de gens parlent arabe dans les mosquées. Certains prédicateurs tiennent des propos excessifs, notamment lorsqu'il y a des moments de tension internationale. La loi prévoit des sanctions. Mais en ce moment, rien de tel n'est signalé.

Que doit apporter le débat sur la laïcité si vous ne touchez pas à la loi de 1905 ni aux prêches ?

Un débat, c'est toujours sain. Il faut clarifier certains fondamentaux comme le port du voile par les collaborateurs occasionnels du service public, les parents-accompagnateurs de sorties scolaires ou les personnels de crèche. Même chose pour certaines pratiques à l'hôpital ou dans les salles de sport. Des associations de consommateurs ou de parents s'inquiètent aussi d'acheter ou de voir servie dans les cantines de la viande hallal sans le savoir. C'est un problème de liberté, les gens ne sont pas obligés de consommer de la viande hallal.

Ces phénomènes ne sont-ils pas marginaux ?

Les médias aidant, ces problèmes préoccupent tous les Français. Peu d'entre eux voient par exemple des prières dans la rue mais la télévision et les journaux les rendent très visibles. On s'en inquiète dans des villages de Bretagne où il n'y a pourtant pas un seul musulman.

Les violences aux personnes, les vols et les cambriolages sont en hausse. N'est-ce pas un échec de Nicolas Sarkozy ?

Je m'insurge contre cette affirmation d'un échec de Nicolas Sarkozy. La gauche accuse alors que la dernière fois qu'elle était au pouvoir, la délinquance a augmenté de 17,8 % en cinq ans. Depuis 2002, elle a baissé de 16 %. L'échec, c'est celui de la gauche! Cela étant, il est vrai que, si les violences crapuleuses contre les personnes ont reculé, les violences gratuites, elles, ont augmenté. Je ferai l'impossible pour qu'elles reculent, comme l'ensemble de la délinquance. Je compte aussi améliorer le climat de sécurité. D'ici à l'été, 1000 personnes en plus seront déployées dans les transports en Ile-de-France, soit une hausse de 25 %. Toujours sur le climat, il faut travailler à améliorer la relation entre les policiers et la population. On peut avoir davantage de patrouilles à pied, à effectifs plus réduit, davantage de voitures sérigraphiées, une présence policière plus visible. Deux lois publiées en 2007, sont restées insuffisamment utilisées : celle de la prévention de la délinquance et celle de l'aide à l'enfance. Ces lois permettent d'impliquer le tissu social dans la prise en charge de la sécurité. La police et la gendarmerie doivent reprendre des contacts plus systématiques avec la population. La sécurité c'est pour tous. Elle est aussi l'affaire de tous.

C'est le retour à la police de proximité, chère à la gauche ?

En aucune façon. La première fois que l'on a parlé de police de proximité, c'était dans la « loi Pasqua » de1995. Mais cela ne signifiait pas que les policiers se transforment en assistants sociaux ou en animateurs sportifs. La police a une fonction de prévention, de protection et de répression.

Critiquerez-vous, comme votre prédécesseur, la justice quand elle condamne des policiers ?

Il est de mon devoir que les ministères de l'intérieur et de la justice entretiennent de bonnes relations et de faire en sorte que les policiers s'entendent bien avec les magistrats. A cet égard, les choses peuvent être améliorées.

Vous voyez-vous comme ministre des flics ?

Non, je me vois comme ministre de la sécurité.

A quelles réunions participez-vous à l'Elysée ?

Je participe aux réunions de ministres. Je ne participe plus à aucune réunion interne à l'Elysée.

Envisagez-vous de vous présenter aux législatives ?

Non.

Votre départ de l'Elysée a-t-il été une condition de la nomination d'Alain Juppé, au Quai d'Orsay ?

Je ne pense pas. Devant la répétition de cette affirmation, Alain Juppé et Nicolas Sarkozy m'ont téléphoné pour m'affirmer le contraire. Je me suis très peu occupé de politique étrangère, 5 % de mon emploi du temps, pas plus, et uniquement quand cela était nécessaire. J'avais assez de travail. Mais ce n'est un secret pour personne. Bernard Kouchner n'était pas désiré en Algérie, ni en Syrie. J'y suis allé, je lui ai même ouvert la voie en Syrie.
Le but était de faire en sorte que des pays qui s'étaient mis à l'écart du concert des nations, s'y réinsèrent. Même chose pour Kadhafi avec lequel nous avons été en relation comme les autres pays européens. Même Human Rights Watch avait reconnu l'évolution de son régime. Depuis, bien sûr, les choses ont dramatiquement changé.

Propos recueillis par Yves Bordenave, Arnaud Leparmentier et Elise Vincent, pour Le Monde

 

 

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14 décembre 2010 2 14 /12 /décembre /2010 11:30

 

Extrait du livre "Plus belle la gauche- Pour une Gauche Moderne" de Marc d'Héré et Gilles Casanova (suite)..

 

 

...L’intégration sera d’autant mieux réalisée que les immigrés parleront notre langue, connaîtront nos principes républicains, auront une formation, et un travail qui leur assurera des ressources, un logement décent. Ce sont les conditions d’une intégration réussie et donc les conditions qui peuvent être mises à l’accueil de nouveaux immigrés.

 

Pour ceux qui sont déjà régulièrement installés, nous devons nous attacher, avec l’aide d’associations, à ce que leur intégration soit effective. Abandonnée, ignorée, souvent méprisée, privée de repères et de cadres, la population immigrée ou d’origine immigrée récente, s’est repliée sur ses communautés et de la résignation des parents on est passé à la révolte des enfants contre l’ensemble de ce qu’ils identifient comme un système hostile et hypocrite. Comment leur parler de justice si on ne sait pas les accueillir, si on laisse dans une « inexistence légale » leurs frères ou leurs coreligionnaires sans papiers, parfois sur notre sol depuis des années ? Comment leur parler d’égalité alors que les différences de situations sont criantes et que tous pourront constater que les jeunes d’origine immigrée, y compris les diplômés, ont trois fois plus de risque de chômage que les prétendus « Français de souche. » Comment leur parler de solidarité et d’insertion alors qu’ils ont vécu, coupés du reste de la société française dans des cités oubliées, devenues ghettos.

 

Dans ces quartiers sensibles, conséquences de la dislocation de nos villes et « reflets des ghettos culturels et sociaux ancrés dans nos esprits post modernes déboussolés» où, vivent principalement les immigrés et les Français issus de parents ou de grands parents immigrés, une politique d’intégration dans l’ensemble urbain et dans le tissu social, doit être entreprise : améliorer et réhabiliter les logements, concevoir un urbanisme plus « humain », relier les quartiers au centre – qui est aujourd’hui inaccessible ou fermé à beaucoup – par un continuum du bâti, par une meilleure desserte plus fréquente, plus rapide et plus sûre des transports collectifs, assurer une présence accrue de services publics de qualité et aux horaires élargis, comme d’activités culturelles, sportives et de loisir. Une sécurité retrouvée rendra possible des incitations fortes à l’installation d’entreprises, dont les charges seront d’autant plus réduites, qu’elles embaucheront des salariés vivant dans ces quartiers. Ce sera encore le soutien aux initiatives locales, associatives ou économiques notamment par une politique de crédit et de micro crédit, ambitieuse. Nous devons encourager ce type d’aide au démarrage, faciliter les premiers pas des créateurs, de ceux qui veulent avancer et entreprendre, et ils sont nombreux, car il y a dans la population des cités une capacité d’enthousiasme, une volonté d’initiative, une énergie auxquelles on doit donner les possibilités de s’investir. C’est par l’encouragement aux initiatives locales, en faisant émerger la dynamique du terrain que l’on fera œuvre la plus utile et la plus durable. Doit y être développée, plus encore qu’ailleurs, une démocratie de proximité, avec des conseils de quartiers dotés de responsabilités particulières, telles que certains budgets participatifs.

Tout doit être mis en œuvre pour éviter que ne se développent des modes de fonctionnement communautaires, même si l’on doit reconnaître et admettre l’existence de communautés au sein desquelles se nouent des liens et s’expriment entraide, compréhension et chaleur humaine, solidarité et sentiment de sécurité qui ne se retrouvent pas ailleurs. Une société démocratique vivante et sûre de ses valeurs, ne peut refuser cette réalité, en veillant toutefois à ce que ces communautés n’isolent pas les individus du reste de la collectivité, ne les enferment pas dans le moule de leurs origines, dans des règles et des hiérarchies pesantes, prédéterminées et impossibles à contester, dans leur vision unilatérale du monde.

Sans verser dans le communautarisme – risque inacceptable pour notre cohésion sociale –, qui consisterait à ne considérer ces populations que sous cet aspect culturel, religieux ou ethnique, on ne peut ignorer le besoin qui est le leur de vivre leur culture, de partager leur Histoire et leurs nostalgies et leur demander de taire ou d’oublier leurs différences. On ne peut leur parler de valeurs communes et d’avenir partagé, les intégrer dans un projet commun en leur demandant d’abandonner leur mémoire, de renoncer à vivre leur culture ou de pratiquer leur religion dans une semi clandestinité. Aucune réelle intégration n’est possible dans la négation ou l’effacement de son identité et de son passé. Mais ils doivent pouvoir espérer et savoir qu’ils ne porteront pas cette différence comme un fardeau mais seront pleinement membres de la communauté nationale. C’est par une juste reconnaissance des différences, par la reconnaissance, dans cet esprit, des communautés de fait, que l’on évitera le refuge dans un communautarisme clos et agressif.

 

Contrairement au discours frileux de ceux qui disent « aimez la France ou quittez là », mais qui au fond, n’envisagent que la seconde proposition, il faut savoir accepter les différences. Vouloir retrouver une homogénéité abstraite qui n’a jamais existé, refuser d’admettre la diversité, comme la liberté de se revendiquer différents, donne des résultats désastreux, parce que cela décourage le projet de devenir français à part entière, cela développe en réaction le communautarisme qui se comporte à son tour en autre obstacle à l’intégration. C’est l’égalité considérée comme la triste et utopique uniformité. Il n’y a pire erreur que de vouloir traiter de manière uniforme des situations inégales. Non, l’inégalité de départ ne se combat pas par l’égalité, oui, il faut donner plus à ceux qui cumulent les handicaps et faire en sorte que la mixité sociale devienne une réalité concrète dans des domaines prioritaires : éducation, formation, logement, emploi.

 

Les manifestations de racisme et les discriminations dans les comportements et dans les exclusions concrètes que l’on constate, doivent être sanctionnées. Ceci doit aller de pair avec une défense de la laïcité, qui dans le respect des croyances et des options spirituelles, se veut le principe fondateur d’un espace de liberté et d’équité, constitutif du lien politique et permet l’émergence d’une identité commune dans l’acceptation des diversités.

 

 

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10 décembre 2010 5 10 /12 /décembre /2010 07:32

 

Un extrait du livre "Plus belle la gauche-Pour une gauche moderne" de Marc d'Héré et Gilles Casanova...

Première partie.

 

 

La mondialisation qui se traduit par une circulation facilitée des marchandises ou des flux financiers ne peut éviter de concerner aussi les hommes et les femmes.

L’émigration est une donnée, compte tenu du déséquilibre en terme de démographie et de ressources entre le « Sud » et le « Nord ». Parce que l’attraction de la richesse et de la liberté est irrépressible, il y aura toujours des millions de personnes prêtes à courir les plus grands risques pour échapper à la tyrannie et à la misère. Il y aura de plus en plus d’immigrés dans nos pays, c’est une réalité que nous devons accepter. Mais pas plus qu’il y a 20 ans nous ne pouvons « accueillir toute la misère du monde ». Même si nous affirmons notre vocation d’ouverture et d’accueil humanitaire, même si nous savons à quel point nous avons et nous aurons besoin de l’immigration, de son travail, de sa diversité et de son dynamisme, nous devons envisager, en France et en Europe une claire politique de l’immigration et de l’asile doublée d’une politique d’intégration.

Une des premières exigences sera de lutter contre l’immigration clandestine, de sanctionner durement ceux qui l’organisent comme ceux qui en profitent, et de procéder aux reconduites décidées par la justice plutôt que de favoriser, chez nous, la surexploitation et la maltraitance auxquelles se livrent les trafiquants. Les chefs d’entreprises qui utilisent de la main d’œuvre clandestine doivent être durement sanctionnés.

Les négociations avec les pays d’origine lieront certains aspects de la coopération avec l’engagement de lutter contre l’émigration clandestine et d’accepter le retour des expulsés. De même que tout signal de laxisme a pour effet de grossir le flux de candidats à l’immigration tout signal de rigueur contribuera à le ralentir. Des régularisations auront lieu, au cas par cas, mais les régularisations massives ou automatiques seraient des erreurs. Dans ce domaine aussi ce ne sont pas les mesures globales et générales qui doivent s’appliquer mais bien des mesures ciblées, adaptées au différents cas. Les autorisations, définitives ou temporaires, seront délivrées en prenant en compte, peut-être plus généreusement qu’aujourd’hui, des raisons humanitaires, la volonté et la réalité de l’insertion économique, sociale, culturelle de l’intéressé. On doit s’approcher d’une situation ou il n’ y aurait plus d’immigrés en situation « irrégulière tolérée » durable, auxquels on impose de manière hypocrite des conditions de vie impossibles et des moyens de subsister marginaux.

Parce que pour une large part l’immigration clandestine est une immigration de la misère, on doit agir en amont, en travaillant à créer dans les pays d’origine les conditions permettant aux migrants potentiels d’y demeurer. Des partenariats seront établis, passant par le financement de projets locaux créateurs d’emploi. Nous devons choisir une immigration « concertée », tenant compte des demandes des pays sources comme de nos besoins et de nos capacités d’accueil. On peut définir, en collaboration avec les pays d’origine, des critères professionnels et sociaux pour orienter les entrées vers les secteurs qui ont des capacités d’emploi. Dans ce cas, dès avant leur arrivée, les futurs immigrants bénéficieront d’une première formation et d’une information sur les principes de notre pacte républicain et notre mode de vie collectif.

On peut s’accorder avec ces pays sur l’entrée de travailleurs venant se former et travailler en France, quitte à envisager des séjours temporaires permettant des retours vers le pays d’origine. Ce peut être le cas pour les migrants très qualifiés, ou pour les étudiants étrangers qui doivent pouvoir faire une partie de leur carrière chez nous avant de retourner dans leur pays pour aider à son développement. Les retours vers le pays d’origine se feront d’autant plus volontiers que l’on saura pouvoir entrer à nouveau dans le pays destinataire. Une politique commune d’immigration est progressivement adoptée au niveau européen, à l’initiative de la France. C’était une nécessité.

 

Toute politique d’immigration doit trouver son complément dans une politique d’insertion et d’intégration. La politique d’intégration « à la française » est aujourd’hui globalement en difficulté.

Le pouvoir a souvent considéré que l’obtention de la nationalité française était suffisante pour assurer l’intégration des nouveaux citoyens qui étaient dès lors supposés communier dans un pacte républicain, laïque et égalitariste, selon lequel les origines ethniques ou religieuses des uns et des autres n’avaient plus cours. Le système d’assimilation par la France de ses étrangers et par la culture française d’une partie de leur culture, avait certes donné des résultats jusqu’à la fin des années cinquante. Mais, pas comme on le croit bien souvent aujourd’hui. Ainsi la violence contre les travailleurs italiens qui étaient soupçonnés de venir briser les grèves causa plusieurs morts, dans des affrontements brutaux et massifs, il y eut des pogroms contre les Italiens en1893, que, fils de cette immigration, Max Gallo a raconté. Ce n’est pas dans un mouvement harmonieux, mais dans un mouvement marqué par des crises et des violences que cela s’est déroulé.

 

Cependant la France de l’époque avait foi dans ses valeurs et ne s’interrogeait pas sur le bien fondé de la domination que sa culture imposait naturellement aux cultures de ceux qui l’avaient rejoint, même si elle garde la marque, en elle-même, de ces millions d’étrangers assimilés au long de l’Histoire. Ces incidents violents, ces moments heurtés, ne constituaient donc, ni pour les Français, ni pour leurs médias, des scandales à proprement parler, mais de simples faits divers.

 

Ce n’est qu’après la crise de la décolonisation et la guerre d’Algérie, qui ont fait naître au sein des couches intellectuelles, l’idée d’une culpabilité collective française, que tout s’est compliqué. L’assimilation a été identifiée à un colonialisme intérieur et rejetée comme impérialisme culturel, privant de repères les populations arrivantes et les rejetant vers un communautarisme que l’on aurait souhaité éviter. Ce mouvement généra en retour une vision extrêmement restrictive de l’intégration par assimilation forcée à une prétendue « culture des Français de souche » qui n’a jamais existé. La rupture du consensus a bloqué la machine.

 

Bien sûr, l’origine européenne des populations arrivantes, une force plus grande qu’aujourd’hui d’institutions « intégrantes » comme l’école, les églises, le parti communiste et la CGT, ou la grande entreprise, la rapidité de la croissance et les possibilités de hausse du niveau de vie qu’elle entraînait, ont aussi fortement contribué aux résultats positifs de l’immédiat après-guerre. Mais le problème réside bien dans la conception de l’identité nationale, qui est à raffermir, pour donner des repères de fond à notre politique d’accueil et d’intégration d’une immigration qu’il serait illusoire d’imaginer interrompre après des siècles de tradition d’accueil. ...

 

 ...deuxième partie à suivre...

 

 

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20 août 2010 5 20 /08 /août /2010 14:03

 

Extrait   d’un article d’Arno Klarsfeld, paru dans Le Figaro du 20 août 2010

 

Le premier devoir d’un dirigeant politique est d’assurer la sécurité et la protection de ses concitoyens.  Il doit conduire cet impérieux devoir en demeurant sur la route des lois et garder le cap de la morale des droits de l’Homme… [ ]

Depuis plus d’un millénaire, les Roms ont acquis une identité authentique sans pour autant bénéficier d’un territoire propre… [ ]

Ce peuple intransigeant avec lui-même et ses traditions, fut, avec le peuple juif, le seul à franchir les portes des chambres à gaz… [ ]

En 1993, mes parents…quelques jeunes juifs et moi-même avions manifesté…contre la volonté du gouvernement allemand d’expulser vers l’ex Yougoslavie, alors en guerre, plusieurs milliers de Roms et Cintis qui courraient le risque d’être massacrés par les milices armées locales. Aujourd’hui, renvoyer de France en Roumanie des Roms qui ne sont pas, ou plus, en règle ou qui ont commis des délits ne leur fait encourir aucun danger et préserve l’ordre public français. Une telle décision n’est donc pas politiquement immorale… [ ]

Déchoir de la nationalité française des Français d’origine étrangère… – des français récemment naturalisés – qui auraient attenté à la vie des forces de l’ordre, commis des actes d’excision ou de polygamie, est-ce légal ?...  [ ] Si une telle mesure est légale pour des actes de terrorisme elle devrait l’être pour l’assassinat ou la tentative d’assassinat de policiers.

Est-ce moral ? Pour les assassins de policiers certainement. Pour l’excision ou la polygamie la réponse est plus complexe… [ ] En France de tels actes violent profondément les valeurs de la République.  Certains disent « on stigmatise, c’est Vichy ». Faux.  A Vichy, on stigmatisait en raison de l’appartenance de grands-parents à une communauté religieuse. Ici on demande seulement que les actes soient compatibles avec les valeurs de la République. Rien d’immoral à cela… [ ]

Quand au lien entre immigration et délinquance il existe…et a existé dans tous les pays où il y a eu une immigration… [ ] A New-York… [ ]

Même en Israël, où le ciment de trois ans d’armée unit la société, il y a eu et il y a encore beaucoup de délinquance due à l’immigration russe et même aux juifs d’Ethiopie, alors que dans les années 50 la délinquance provenait des Juifs venus du Maroc…Mais les générations passent et les enfants ou  les petits-enfants de ceux qui n’ont pas su, ou pu, ou voulu s’intégrer, finissent par le faire et à enrichir le pays. C’est une question de patience et aussi de générosité.

Il faut redonner espoir à la population qui vit dans les quartiers où la délinquance sévit. Pour cela il faut favoriser une forme de discrimination positive… [ ]

 

PS : En complément de cet extrait d’article, dont vous pouvez lire l’intégralité sur Le Figaro, j’ajoute cette déclaration d’Eric Besson : La France est le pays d’Europe le plus respectueux en matière de droits des étrangers et notamment des étrangers en situation irrégulière, ou  - soyons plus modestes – l’un des pays les plus respectueux, donc nous n’avons pas de leçons à recevoir.

P.S. Une déclaration d'Elie Wiesel:

Le prix Nobel de la paix Elie Wiesel a jugé que comparer la déportation des Juifs pendant la Seconde guerre mondiale et les expulsions des Roms de France était "inacceptable", tout en se disant solidaire de cette communauté.

"Il faut être prudent avec le langage. Ces Roms, on les envoie en Roumanie, en Hongrie, pas à Auschwitz", a déclaré samedi soir le prix Nobel sur France 3, qualifiant d'"inacceptable" la comparaison entre le sort des Juifs et les expulsions de Roms.

 

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5 avril 2009 7 05 /04 /avril /2009 19:42


Claude Imbert dans Le Point du 26 mars 2009...


C'est un film français sobre, émouvant.
Dernier d'une flopée de même inspiration, « Welcome » fouaille la condition pitoyable des immigrés clandestins. Il s'agit, ici, de migrants concentrés à Calais pour passer en Angleterre et dont la condition est plus critique encore que celle des 500 000 à 600 000 sans-papiers que compte, paraît-il, la France.


Retenons seulement que, par le cinéma, la télé, les journaux ou le spectacle de la rue, les migrations nous apparaissent peu à peu pour ce qu'elles sont, un avatar primordial de la mondialisation, un bloc d'Histoire qui changera la face du monde. La France s'y trouve exposée, comme nulle autre, par son histoire et sa géographie. Elle en est remuée dans ses profondeurs. Tantôt par juste compassion. Tantôt par raison, lorsqu'elle résiste à voir la nation envahie par toute la misère du monde. Tantôt, enfin, par réflexion, lorsqu'elle s'avise que l'immigration inéluctable avive la mue pathétique de la nation.


Le bilan de la politique française d'immigration est désastreux.
La fatalité y a sa part : la porte cochère méditerranéenne, l'ancienneté de nos liens coloniaux avec l'Afrique blanche, noire et francophone conféraient d'emblée à la France le record peu envié de l'immigration non européenne. Mais une interminable incurie a laissé son déferlement ruiner l'intégration souhaitable comme un barrage rompu ruine l'irrigation. Souvenez-vous : Mitterrand escomptait encore de l'immigration africaine qu'elle s'intégrât benoîtement comme jadis l'espagnole, la portugaise, l'italienne... Passons ! Nous voici donc héritiers de ghettos, de zones de non-droit et parfois de « non-France », où la drogue a pignon sur rue, où l'école est gangrenée, l'ordre public défié.


Une réaction enfin volontariste, sous Sarkozy, a ralenti l'afflux. Une politique d'expulsion, cruelle et démonstrative, a restreint, moins qu'on ne prétend, le solde global des clandestins, mais a fait savoir urbi et orbi que la France n'était plus la « passoire » de jadis. Les flux s'en sont trouvés quelque peu disciplinés.

Reste, hélas, cette montagne d'échecs : l'intégration plus ou moins ratée des immigrés ou des fils d'immigrés du dernier demi-siècle. C'est à ce travail d'Hercule qu'Eric Besson, successeur d'Hortefeux, veut s'atteler.


Ce ne sera pas facile. Car toute l'affaire de l'immigration est devenue, au fil des ans, une décharge d'intentions avortées, un brouillon sans cesse raturé. Ainsi des cibles de l'immigration nécessaire, celle de l'immigration choisie. Ainsi du pacte européen indispensable mais encore bancal. Ainsi des « non-dits » qui rôdent dans l'attribution des visas entre les immigrés désirables et les non désirés. Ainsi des regroupements familiaux que les droits français et européen interdisent de proscrire, mais qui suscitent dans les consulats et préfectures des restrictions arbitraires et sournoises. Ainsi du marécage procédurier qui ne cesse de s'étendre.


Enfin, dernier lièvre levé dans ces fourrés impénétrables,
celui des enquêtes nécessaires pour « mesurer la diversité », comme en usent Américains et Anglais. En France, le comptage ethnique soulève un tollé chez les républicains, de gauche comme de droite, rétifs à tout ce qui fleure la distinction communautariste.
Yazid Sabeg ou, plus nuancée, Michèle Tribalat ont pourtant raison de vouloir mieux connaître, par la statistique, un paysage démographique marqué par l'origine des immigrés étrangers ou français : en France, on discourt de l'immigration sans savoir au juste ce qu'elle est et où elle est. Or une réalité, bon gré mal gré, « communautariste » se dessine. Elle inspire déjà, pour l'école par exemple, des mesures de discrimination positive. Il n'est pas sacrilège de mieux savoir où l'on met les pieds.


Nos républicains ne devraient pas grimper aux rideaux. Le modèle communautariste à l'américaine n'est pas près de gagner la France. Le ciment idéologique de la nation française l'interdit. Et d'ailleurs, il n'est même pas sûr que le communautarisme américain, survolté par l'élection d'Obama, transcendé par le patriotisme sans failles d'un grand pays dominateur, n'ait pas un jour à souffrir des nouvelles défaillances de l'Amérique. En France, un communautarisme reconnu, accepté, installé jetterait la France dans les gouffres. Déjà le patriotisme est, chez nous, en peau de chagrin. Et sans le « logiciel » républicain, comment maintenir unie une nation française si encline, depuis des siècles, à toutes sortes de divisions ?


De Gaulle a remis debout un pays plus meurtri qu'on le dit par les défaites humiliantes de 1940, d'Indochine et d'Algérie. Le gaullisme a repeint la façade, mais, à l'intérieur, le bâtiment reste délabré. Le travail de deuil d'une France révolue n'est pas achevé. Le temps et la réforme s'y emploient non sans peine. De même, c'est avec le temps-et beaucoup de soins-que l'immigration apparaîtra enfin pour ce qu'elle est : une chance pour la France.

Claude Imbert, Le Point

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