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 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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11 juillet 2011 1 11 /07 /juillet /2011 08:11

 

Dans le JDD du dimanche 10 juillet, Valérie Pécresse est interrogée par Bruno Jeudy et Nicolas Prissette...

 

Déficit commercial, croissance ralentie au printemps, hausse du chômage… Les mauvais chiffres s’accumulent pour l’économie française. Que se passe-t-il?
Je veux rassurer nos concitoyens. La croissance au premier trimestre a été plus forte que prévu, l’emploi repart depuis le début de l’année et nos objectifs de maîtrise des dépenses et de baisse des déficits sont tenus. Notre action est en train de payer car nous n’avons pas changé de cap. Nous avons donc un capital de crédibilité, c’est un acquis important. La France est crédible.

 

Les parlementaires UMP estiment pourtant qu’il manque 5 à 6 milliards d’euros pour tenir vos objectifs en 2012.
Nos prévisions reposent sur une croissance de 2,25% l’an prochain. Je n’ai aucune raison de revoir cette hypothèse à la baisse. Mais ce qui nous engage, c’est la réduction des déficits. Voilà l’objectif qui nous lie à nos partenaires européens. Si jamais un paramètre devait être réajusté, nous le ferions. Dans ce cas, nous ferions des efforts supplémentaires.

 

La "règle d’or" interdisant les déficits, voulue par Nicolas Sarkozy, s’est enlisée au Parlement. Peut-elle encore être adoptée?
J’ai bon espoir qu’elle soit votée cette semaine au Sénat et à l’Assemblée nationale dans les mêmes termes. J’y travaille depuis mon arrivée, avec les parlementaires. La « règle d’or » est fondamentale car elle obligera les gouvernements futurs à s’engager à réduire les déficits dans la durée et à expliquer comment ils le feront, comme nous le faisons aujourd’hui. Elle doit être inscrite dans la Constitution. Les responsables politiques seront obligés de protéger les Français contre les déficits, de refuser la facilité de la dépense et d’épargner à nos enfants un alourdissement du fardeau de la dette.

 

Le Président prendra-t-il le risque de convoquer le Congrès à Versailles sachant que les socialistes le mettront en échec?
La décision revient au chef de l’État. Le PS ne peut pas se dérober. Les socialistes allemands ont voté la "règle d’or". Pourquoi les socialistes français la refuseraient-ils?

 

Le PS, s’il gagne en 2012, veut reporter le calendrier de réduction du déficit pour récupérer des marges de manœuvre. Qu’en pensez-vous?
C’est irresponsable. Avec le PS, la France peut perdre sa crédibilité économique et les Français en payeraient le prix. Les socialistes n’ont pas compris que le monde a changé. Ils n’ont pas compris la gravité de la situation. Vous voyez la différence, entre, d’un côté, le gouvernement de François Fillon, qui propose une loi pour interdire les déficits, et le PS, qui choisit la facilité en demandant du temps pour s’attaquer au déficit et à la dette.

 

Les agences de notation vont-elles donner le tempo de la campagne présidentielle?
Il faut avancer sur la régulation des agences de notation en ayant des idées nouvelles. Quand je vois le Portugal lancer un plan de redressement difficile avec beaucoup de courage, je trouve qu’il est hâtif de la part de certaines agences de porter un jugement. Cela ne peut que compliquer les choses.

 

Vous venez de recevoir un rapport sur les niches fiscales. Quelles conclusions en tirez-vous?
Je remarque d’abord que le programme du PS propose une grande évaluation des niches fiscales. Ce premier travail vient d’être fait par Bercy à la demande du Parlement et va lui être transmis. Il s’agit d’un rapport qui mesure le coût et l’efficacité de chaque mesure. Il sera rendu public fin juillet et nous aidera à décider. Les socialistes n’ont pas de leçons à nous donner, ils ont créé pas moins de 150 dérogations fiscales entre 1997 et 2002. Il leur est difficile de s’en dédouaner.

 

L’actuelle majorité en a également créé, parmi les plus coûteuses…
Mais nous sommes les premiers et les seuls à avoir eu le courage de faire des efforts pour réduire les niches. Nous avons déjà fait 11 milliards d’euros d’économies et nous allons continuer.

 

Pouvez-vous maintenir le non-remplacement d’un départ à la retraite sur deux dans la Fonction publique en période électorale?
Il n’est pas question de revenir dessus. Il y aura 30.400 postes non remplacés l’an prochain. Nous arrivons à un tournant historique. Pour la première fois, en 2012, la masse salariale de l’État va baisser de 250 millions d’euros. Cela veut dire que notre politique porte ses fruits. J’ajoute qu’elle est appliquée avec souplesse, il y a des aménagements, par exemple, pour la Justice et l’Enseignement supérieur.

 

Combien coûte la guerre en Libye?
Le coût de notre intervention en Libye s’élève à ce stade à 160 millions d’euros. Comparez ce chiffre au budget de la Défense, qui est de 40 milliards d’euros. Nous pouvons l’absorber.

 

Le gouvernement promet de taxer les plus hauts revenus. Comment allez-vous procéder?
Le président de la République s’est ému à juste titre de certaines rémunérations exorbitantes au regard des salaires des Français. Il en a parlé dès 2008. Mais les entreprises n’ont rien fait. Nous les avons averties, mais rien ne semble avoir changé, ce n’est pas acceptable. Il va nous falloir agir à la rentrée.

 

Valérie Pécresse interrogée par Bruno Jeudy et Nicolas Prissette - Le Journal du Dimanche.

  

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15 mai 2011 7 15 /05 /mai /2011 19:37

 

La France avance

A l'automne 2008, la crise économique frappait le monde. La France et les Français ont fait face.Ensemble, nous avons lutté pour que notre pays continue à se réformer et à progresser au milieu des difficultés. Aujourd'hui, la croissance française repart et le chômage commence à baisser.

 

Depuis quatre ans et malgré la crise, la France avance. Notre pays change, se modernise et se transforme. Il le fait grâce aux efforts de chacun des Français, grâce au courage de tous. Depuis quatre ans, la France s'est remise en mouvement. Les lignes ont bougé. La France, grâce aux efforts des Français a montré qu'elle pouvait se réformer. Notre pays n'est pas condamné à l'immobilisme, ni au déclin.

 

Le chemin parcouru, ensemble, depuis 2007, n'a pas toujours été facile, mais il est considérable. Au cours de ces quatre dernières années, la liste des réformes engagées et des changements opérés n'a cessé de s'allonger. Avec une seule obsession : protéger les Français dans un monde de plus en plus dur. Avec un seul but : garder la France au premier rang à l'heure où les équilibres d'hier sont remis en cause. Cette période de réforme compte certainement parmi les plus fécondes depuis les trois dernières décennies.

Ces réformes, les Français les ont attendues longtemps. Ils les ont choisies sans ambiguïté lors de la dernière élection présidentielle de 2007 car le 6 mai 2007, Nicolas Sarkozy a été élu par les Français sur une seule promesse : celle du changement.

 

Dès les premiers jours du quinquennat, le chef de l'État, le Premier ministre François Fillon, le gouvernement et l'ensemble de la majorité parlementaire ont concentré leur action sur les sujets fondamentaux de l'emploi, de la sécurité, de l'autorité et du pouvoir d'achat.

À partir de l'été 2008, à la suite d'une crise financière née aux États-Unis, la crise économique la plus grave depuis la Grande Dépression des années 1930 a ébranlé le monde sans épargner notre pays.
Sans renoncer à mettre en œuvre les engagements pris pendant la campagne, Nicolas Sarkozy et le gouvernement ont dû faire face à l'urgence des faillites bancaires, à la chute de l'activité et à la hausse du chômage. Alors qu'il présidait l'Union européenne, c'est au chef de l'État français qu'il est revenu d'organiser la réponse internationale à cette crise sans précédent dans le cadre du G20.

 

Cette crise a rendu le besoin de réforme encore plus pressant, encore plus urgent à l'instar de la réforme des retraites. Trop longtemps retardée, ou partiellement engagée, elle ne pouvait plus attendre. À cela il faut ajouter que les turbulences monétaires qui ont submergé la Grèce, l'Irlande et maintenant le Portugal, ont fait de la maîtrise de nos finances publiques un impératif catégorique. C'est donc à coût quasi constant qu'il a fallu engager et poursuivre les réformes.Dans cette période difficile, les principes d'action fixés par le chef de l'Etat n'ont jamais varié : encourager le travail plutôt que l'assistanat, protéger les victimes d'agression plutôt que les délinquants, réduire la dépense publique plutôt qu'augmenter les impôts des Français, réaffirmer les valeurs de la République contre le communautarisme, miser sur un développement durable plutôt que sur la décroissance.

 

Cette volonté de réforme de la majorité présidentielle reste plus que jamais au cœur du travail du gouver-nement. En effet, après quatre ans d'activité continue, quatre années de volontarisme politique, l'action du président de la République, du Premier ministre et du gouvernement n'est pas encore arrivée à son terme.

En quatre ans tout n'a pas encore pu être entrepris, tout n'a pas été réussi, mais tout sera mis en œuvre pour apporter aux Français les résultats promis et attendus. C'est pour cette raison que le chef de l'État entend demeurer au service des Français jusqu'à la dernière minute de son mandat. C'est alors, et alors seulement, qu'un bilan de son action, complet et juste, pourra être dressé. Comme chaque année, il s'agit ici de présenter un point d'étape, une photographie aussi exacte que possible de l'action du président de la République et du gouvernement, de présenter des faits et uniquement des faits au jugement des Français.

Il s'agit aussi de rendre hommage au courage dont les Français ont fait preuve au cours des quatre dernières années. Changer n'est jamais facile et forcément- toujours risqué. Mais au cours de ces quatre dernières années, marquées par tant d'événements imprévus, les Français ont démontré qu'ils étaient un grand peuple, capable d'affronter les urgences du présent, aussi bien que de relever les défis de l'avenir.
Un peuple à la hauteur de son Histoire.

Depuis 2007, le gouvernement a eu à faire face à des menaces de tous ordres pour protéger les Français : aux défis anciens de la lutte contre la délinquance, du terrorisme ou de l'immigration clandestine, se sont ajoutées des menaces plus récentes sur l'épargne des Français et sur leur niveau de vie...(LIRE LA SUITE)

 


La justice est au cœur du projet présidentiel. Mais la justice que nous défendons, ce n'est pas celle des politiques sociales qui versent dans l'assistanat, de l'égalitarisme qui n'aboutit qu'au nivellement par le bas ou à la fraude aux prestations. La justice que nous défendons, c'est celle de la récompense du travail, de l'effort et du mérite, de l'égalité des chances pour tous, et de la juste compensation des difficultés de chacun...(LIRE LA SUITE)

 

Dans le projet présidentiel, Nicolas Sarkozy a souscrit à plusieurs engagements destinés à faire de la France «une démocratie irréprochable». D'emblée, le gouvernement a été limité à 15 membres : il y a toujours 15 ministres pleins dont 5 femmes auxquels- s'ajoutent autant de « ministres auprès » et de secrétaires d'État. Par ailleurs, une révision constitutionnelle a été votée le 23 juillet 2008. Elle est l'une des plus importantes qu'ait connue la Ve République...(LIRE LA SUITE)

 

Dans un domaine aussi essentiel du pacte social que celui des retraites, le président de la République s'est placé d'emblée sous le signe de la justice et de la responsabilité. Sujet considérable pour nos concitoyens, la question des retraites n'a commencé à être traitée qu'en 2003, à l'époque par François Fillon, aujourd'hui Premier ministre. Pour garantir l'avenir et la justice de notre système de retraites, il fallait agir de nouveau...(LIRE LA SUITE)

 


La politique étrangère menée depuis quatre ans a permis de rendre la France plus forte et plus influente sur la scène internationale. La France s'engage pleinement au service de la paix et de la sécurité du monde. Elle est à la tête du combat pour une mondialisation mieux régulée, plus juste et plus protectrice des citoyens. Elle joue un rôle moteur face aux grands défis globaux. Partout, elle défend les intérêts de la France et des Français...(LIRE LA SUITE)

 

 

Site de l'Elysée

 

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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 07:41

 

Larges extraits du discours prononcé à l'Assemblée le 24 novembre...

 

Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs les députés,

 

Depuis mai 2007, j'ai l’honneur de servir notre pays sous l’autorité du Président de la République en m’appuyant sur une majorité à laquelle je voudrais ce soir, rendre hommage. À l’approche d’échéances électorales importantes, tout pouvoir est tenté par la prudence et par le jeu des apparences. Le Président de la République s’y est refusé, la persévérance politique étant à ses yeux le choix le plus conforme à l'intérêt national.

Il m’a chargé de diriger le nouveau gouvernement. C’est un gouvernement d’action qui a un double mandat. Le premier, c’est de mettre en œuvre l’engagement de 2007 de bâtir une France moderne. Le second, nous ne l’avons pas recherché, mais c’est celui que nous avons reçu de l’Histoire et il consiste à gérer la pire crise économique depuis la Grande Dépression de 1930….
… J’assume notre bilan parce que ceux qui esquivent leurs responsabilités ne méritent pas d’être aux responsabilités !...
…Rompre avec le mouvement ? Il ne peut pas en être question parce que notre indécision serait une revanche de la peur. Cette peur du changement qui nous a longtemps conduits à célébrer la théorie du « ni-ni » et à louer celle du « temps laissé au temps ». Cette peur dont nous avons réussi à délivrer le pays, et cela avec l'appui des Français eux-mêmes, qui, bien souvent, ont accompagné ces évolutions avec lucidité.
Alors oui, contre vents et marées, dans le calme et la tempête, contre les conservatismes et pour vaincre les peurs, l’élan de la réforme est intact !

Parce que l’économie mondiale doit être mieux régulée, parce que notre économie doit être plus compétitive, parce que l’emploi doit être soutenu, parce que nos déficits doivent être réduits, parce que nous avons le devoir d’assurer le bien-être de nos aînés en finançant le coût de la dépendance, je vous le dis, nous allons continuer à réformer !
Le progrès, c’est une longue marche qui exige la ténacité et la vérité…

… Mesdames et Messieurs les députés, la crise n'est pas finie. Elle continue de muter. L’Europe est menacée de stagnation et la crise du surendettement n’est pas encore jugulée.
Mais surtout – et c’est certainement le plus important –, cette crise a accéléré le basculement du centre du monde vers l’Asie et toute la hiérarchie des rapports de force issue du XIXe siècle est en train de se redessiner.

La Chine est devenue, en 2010, la deuxième puissance économique du monde, dépassant le Japon. Elle est devenue le premier exportateur mondial et elle a ravi aux États-Unis la place de premier exportateur de produits de haute technologie…
…L’Inde, le Brésil avancent, eux aussi, à marche forcée et ce sont des continents entiers qui se dressent et qui nous défient.
Déjà, les États-Unis en souffrent. Alors comment ne serions-nous pas fouettés par ce vent de l’Histoire ?

Dans ce contexte, notre but, c’est la maîtrise de notre souveraineté, c’est la maîtrise de notre liberté. La liberté d’être nous-mêmes, la liberté d’agir par nous-mêmes en suivant nos valeurs. La liberté face à une compétition qui dépossède de leur destin les pays insouciants. Ni indulgence, ni relâchement, ni immobilisme, la réforme reste indispensable…

…Je dis aux Français que la reprise est amorcée. Notre taux de croissance en 2010 sera supérieur à 1,5 % et la cible de 2 % en 2011 est clairement à notre portée. Mais il nous faut encore accentuer notre compétitivité économique et scientifique. Il faut nous libérer des déficits pour maintenir les taux d’intérêt à un niveau aussi bas que possible et pour retrouver des marges de manœuvre. Il faut continuer de rénover notre héritage social et non pas faire de nos droits acquis le matelas de notre léthargie.
C’est ainsi et seulement ainsi que la solidarité et l’égalité des chances seront préservées. Il faut trouver, avec notre principal partenaire européen, l’Allemagne, la force d’entraîner l’Europe et construire une gouvernance économique de la zone euro. Pour cela, notre crédibilité économique et financière doit être aussi solide que celle de nos voisins qui ont pris, eux, dix ans d’avance sur nous en termes de réformes.
Il faut enfin – et c’est la mission que le Président de la République s’est assignée en prenant la présidence du G20 –, il faut enfin repenser la gouvernance mondiale, renforcer la régulation financière, lutter contre la volatilité des matières premières, ordonner les distorsions monétaires. Vaste ambition, diront les plus sceptiques.
Mais est-ce qu’ils ne disaient pas déjà la même chose lorsque Nicolas SARKOZY réveilla le G20 en pleine tourmente financière ?

La France va se battre pour convaincre ses partenaires qu’un monde mieux équilibré et mieux régulé est nécessaire et elle sera ainsi fidèle à son message universaliste. C’est ce message qu’avec Michèle ALLIOT-MARIE et Alain JUPPÉ nous assumerons par la diplomatie mais aussi par la force des armes lorsque cela est nécessaire.
En Afghanistan, nous poursuivrons notre stratégie de sécurisation, de reconstruction et de responsabilisation des autorités afghanes. La lutte contre la prolifération nucléaire nous conduira à maintenir la pression sur l’Iran. Le renouvellement de la stratégie de l’OTAN décidé au sommet de Lisbonne doit être l’occasion de poser enfin les fondations d’un système de sécurité collective qui ira de l’Atlantique jusqu’à l’Oural. Le sort de nos otages nous mobilise inlassablement. Au terrorisme, nous opposons une vigilance permanente et la force de caractère de la République…

En tenant bon sur la réforme des retraites, nous avons réaffirmé l’autorité de l’État et la légitimité du Parlement. Et ce faisant, nous avons clarifié les conditions d'un dialogue social responsable. Après le temps des désaccords, le temps du dialogue pragmatique est revenu. La loi du 20 août 2008, relative à la rénovation du cadre de représentativité, a amorcé un changement du paysage syndical.
Ce sera la clé d’un nouveau réformisme social que je suis prêt, avec Xavier BERTRAND, à soutenir de toutes mes forces…

…Notre première priorité, c'est la croissance au service de l’emploi. Quelles en sont les conditions ?
D'abord, il faut renforcer la compétitivité. Nous avons un socle pour le faire.

Nous avons, avec Valérie PÉCRESSE, donné aux universités le pouvoir de se battre à armes égales dans la bataille de l’intelligence ; avec Christine LAGARDE, nous avons supprimé la taxe professionnelle et triplé le crédit impôt-recherche ; avec Bruno LE MAIRE, nous avons protégé l’avenir de la filière agricole ; nous avons posé les bases d’une politique de filière et nous avons restauré les conditions d’une politique industrielle que nous avions trop longtemps délaissée : le transport, l’aéronautique, la construction automobile, l’agroalimentaire, l’énergie nucléaire. Voilà les atouts de la France sur lesquels nous allons miser.

En décidant de consacrer 35 milliards d'euros aux investissements d’avenir, comme nous le proposait le rapport d’Alain JUPPÉ et de Michel ROCARD, nous allons renforcer ces secteurs stratégiques…

..Dix-neuf milliards seront affectés à l’Enseignement supérieur et la Recherche, 6,5 milliards aux filières industrielles et aux PME, 5 milliards au développement durable et 4,5 milliards à l’économie numérique.
D’un côté, ces investissements massifs pour aller chercher la croissance sur les segments les plus porteurs de l’économie, et de l’autre la rigueur budgétaire pour réduire nos déficits, voilà tout l’équilibre de notre politique économique.

Mesdames et Messieurs les Députés, nous ne devons pas nous payer de mots. Il n’y aura plus de dépenses publiques supplémentaires pour relancer la croissance. En revanche, nous avons le devoir d’offrir à nos entreprises des financements de long terme pour soutenir leur développement. Nous devons orienter l’épargne sur l’investissement de long terme et notamment en actions, et sur les projets d’intérêt général…
…Au sein de l’Union européenne, la France proposera dans ce sens la création d’un fonds européen de capital-risque en faveur des entreprises innovantes, ainsi qu’un fonds européen des brevets pour valoriser les résultats de
la Recherche.
Le développement durable constitue, lui aussi, un instrument de notre croissance. Les engagements du Grenelle de l’environnement seront intégralement respectés. L’écologie créatrice et non pas l’écologie punitive, cette écologie créatrice est une source d’emplois ! C’est le vecteur des technologies de demain ! C’est la marque d’une société qui sait valoriser ses ressources et qui ne gâche pas son patrimoine, et ce faisant, c’est un gage supplémentaire de l’attractivité de notre territoire. C’est ce message que Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET portera lors des négociations de Cancun.

Comment renforcer notre compétitivité sans parler de la fiscalité ?
Notre fiscalité, c’est un chef d'œuvre de complexité.
Au point d'en affecter l'efficacité et même l'équité. Nous avons le taux de prélèvements obligatoires à 4 points de plus que la moyenne européenne.
Et la fiscalité directe sur les entreprises est en moyenne supérieure à 5 points à ce qu'elle est chez nos voisins européens !
Au vu de ce constat, mon premier engagement : c'est qu'il n'y aura pas de hausse d'impôt.
Et ma seconde conviction, c'est que le statu quo est impossible ! Nous avons déjà fait beaucoup, avec le crédit Impôt/Recherche et la réforme de la taxe professionnelle. Nous allons continuer à agir, en nous tenant à trois principes : la fiscalité doit servir notre compétitivité; la fiscalité doit rechercher la justice, et la fiscalité doit être lisible, donc elle doit être aussi simple que possible.
Avec le boulier fiscal, nous avons cherché à limiter les effets d’une fiscalité inadaptée, mais il faut bien le dire, sans traiter le mal à la racine. Le Président de la République nous propose aujourd’hui de nous atteler à une réforme profonde de la fiscalité du patrimoine. Cette réforme, je veux d’abord dire qu’elle doit se faire à produit constant et dans le respect d’un principe cardinal de notre fiscalité depuis 1789 : que chacun contribue à proportion de ses capacités, parce que l’impôt, pour être légitime, doit être juste !

Nous apporterons une réponse avant l’été 2011 et nous le ferons à partir d'une réflexion d'ensemble avec nos voisins allemands.
Je dois dire d’ailleurs que de ce point de vue, ce qui se passe aujourd’hui dans la zone Euro, montre à quel point il y a une urgence à rapprocher progressivement les fiscalités des pays qui partagent la même monnaie !... La gestion rigoureuse de la dépense publique, c’est la seconde condition de la croissance. Nous avons tracé, avec le programme de stabilité et la loi de Programmation des finances publiques que vous avez votée, la ligne de cet effort de redressement. Alors que le déficit atteint 7,7 % du PIB en 2010, nous reviendrons à 6 % en 2011, à 4,6 % en 2012, à 3 % en 2013 et à 2 % en 2014. Cette trajectoire vertueuse exige une mobilisation sans faille ! Une mobilisation de l'Etat, bien sûr, mais aussi une mobilisation des régimes sociaux et des collectivités territoriales.
Dans ces conditions et seulement dans ces conditions, la dette publique sera stabilisée à partir de 2012 et elle commencera à décroître ensuite.

Pour ce qui concerne l'Etat, j’ai arrêté un budget pluriannuel 2011-2013, qui repose sur la stabilisation en euros courants des dépenses hors dette et hors pensions sur toute la période. Cette norme s'applique aussi, vous le savez, aux transferts de l'Etat vers les collectivités territoriales, qui sont gelés en valeur. Sur les effectifs, nous poursuivrons, avec François BAROIN et Georges TRON, la politique de non-remplacement d'un départ à la retraite sur deux, initiée au début du quinquennat. Chaque année, les effectifs de l'Etat diminuent ainsi de plus de 30.000.

Mesdames et messieurs les députés, nous avons l’administration la plus importante en Europe ! Nous pensons que nous pouvons gagner, avec elle, en qualité et en productivité.
Au lendemain de l’ouverture du congrès des maires, je veux dire mon attachement à un dialogue constructif avec tous les élus. La France des territoires, de métropole et d’Outre-mer, la France des espaces ruraux façonne notre nation.
Je mesure les efforts que le gouvernement demande aux élus locaux de partager. Je veux poursuivre avec eux un dialogue approfondi, dans le cadre de la conférence des exécutifs, parce qu’il n’y a pas d’un côté, Paris et de l’autre, les territoires ! Il n’y a qu’une France qui vit, à tous les niveaux, l’exigence de l’effort et de l’efficacité au service des Français !

Nous souhaitons inscrire dans notre Constitution des principes garantissant la maîtrise des finances publiques. Le gouvernement saisira donc prochainement les groupes politiques d'un document d’orientation, afin que nous regardions ensemble si un consensus peut être atteint sur cette question…

On a beaucoup parlé de la jeunesse ces derniers mois et de sa peur de l’avenir. Dissiper cette peur, c’est d’abord alléger le fardeau de la dette qui pèse au dessus de chaque berceau.
C’est aussi, avec Luc CHATEL et Frédéric MITTERRAND, rappeler que la République ne baisse pas ses prétentions en matière d’éducation, de formation et de culture. La réforme du lycée, le soutien personnalisé, le socle commun, et le respect des enseignants sont pour nous au cœur de l’égalité des chances.
Dans un monde qui change à toute allure, il est vrai que la jeunesse peut se sentir désemparée, comme isolée au sein de sa génération. Nous lui disons que ce malaise n’est pas le résultat des changements que nous avons initiés, mais de l’immobilisme au sein duquel nous avons longtemps baigné !
Pour dégager des perspectives nouvelles, nous avons fait le choix du mouvement, nous avons fait le choix de concentrer les efforts de la nation autour de la recherche, du travail, de la rénovation sociale, de la reconnaissance des talents. L’Histoire dira si nous avons réussi, mais qui pourrait, aujourd’hui, nous lancer la pierre en disant : « Ils n’ont rien fait » ?
Ceux qui ont pris la responsabilité d’entraîner des lycéens dans la rue pour défendre la retraite à 60 ans, ceux-là se rendent-ils compte de l’image dépressive qu’ils inculquent à des jeunes qui ont le devoir de saisir pleinement la vie ? Si la jeunesse est « désenchantée », comme le prétendent les observateurs, à qui la faute si ce n’est à nous, les adultes qui, depuis des décennies, peignons la France sous les visages de l’échec, de la honte de nous-mêmes, du catastrophisme, alors que notre pays reste celui de tous les possibles pour peu qu’on croie aux valeurs de l’audace, de la curiosité, de l’engagement !

Non, nous n’opposons pas l’efficacité économique, la rigueur budgétaire à la cohésion sociale. Dans la crise, tous nos dispositifs de solidarité ont été mis en action. Et s’il est juste de dire que les Français ont « serré leur budget », il est juste de dire aussi que nous les avons protégés du mieux possible…
…Même au plus fort de la crise, le pouvoir d’achat a progressé : +1,6 % en 2009, + 1,3 % en 2010. Du côté des prix, avec la loi de modernisation de l’économie, nous avons divisé par trois les marges arrière. La hausse des prix dans la grande distribution a été ainsi conjurée.

Chacun sait, mesdames et messieurs les députés, que pour les familles, et notamment pour les classes moyennes, le logement constitue la première des dépenses. Depuis vingt ans, la contraction du marché de l’immobilier a fait bondir les prix. Il faut donc continuer de construire, de développer l’offre, de renforcer la transparence de ce marché. Avec 120.000 logements sociaux en 2009, jamais un gouvernement n’a autant fait !
Jamais, jamais ! Jamais non plus, nous n’avons autant fait pour l’accession à la propriété qu’avec le prêt à taux zéro renforcé qui sera mis en place au 1er janvier.
Nous allons renforcer notre politique de la ville, repenser et resocialiser les quartiers difficiles avec l’appui du monde associatif, tisser les liens du Grand Paris, poursuivre nos efforts sur l’hébergement d’urgence et sur l’accès au logement.
Maurice LEROY, Benoist APPARU, Philippe RICHERT ont pour mission de prolonger le Plan de rénovation urbaine en ciblant les opérations les plus urgentes, et en assumant des choix clairs, à l’opposé de la tentation du saupoudrage.
Comment aussi ne pas voir que nos réglementations pèsent par leur complexité même ? Et c’est particulièrement vrai en matière d’urbanisme. La sédimentation bureaucratique des textes et des procédures gagne si l’on n’y prend pas garde. Reprenons ensemble les chantiers de la simplification du droit et des procédures. Allégeons les impôts papier et les normes excessives ! Evaluons, revisitons notre droit pour que la loi soit mieux comprise, mieux appliquée et reflète toujours ce qu’elle doit être, c’est-à-dire l’expression de la volonté générale.

Mesdames et messieurs les députés, au cœur de la cohésion sociale, il y a l’emploi.
Pendant la crise, nous avons mis en place avec les partenaires sociaux des mesures exceptionnelles et massives. Cette politique a porté ses fruits.
Notre économie recommence à créer des emplois depuis le début de l’année. Nous devons aujourd’hui relancer nos politiques de l’emploi et progresser dans la voie de la flexisécurité. Il nous revient d’en fixer les objectifs, le calendrier, la méthode mais je veux dire que c’est aux partenaires sociaux d’en proposer et d’en définir les modalités et les outils.
Quels sont ces objectifs ? D’abord, garantir une meilleure insertion professionnelle pour les jeunes. Nous ne pouvons pas accepter un taux de chômage des jeunes qui reste depuis si longtemps bloqué à un niveau aussi élevé.
Leur parcours pour une insertion durable dans l’emploi doit être moins discontinu, plus rapide. Et nous savons tous que parmi les solutions les plus efficaces, il y a l’apprentissage et il y a l’alternance.
Parce que l’apprentissage et l’alternance assurent une insertion dans l’emploi à plus de 70 %. Aujourd’hui nous avons environ 600.000 jeunes en alternance. Et bien nous nous fixons l’objectif de doubler ce chiffre et pour ce faire, nous voulons engager avec les régions un dialogue constructif.
Il faut ensuite assurer une meilleure protection contre les ruptures des parcours et notamment en cas de licenciement collectif. Avec le contrat de transition professionnelle, nous avons un outil efficace de reconversion et d’accompagnement vers l’emploi. Et bien nous voulons harmoniser la convention de reclassement personnalisé et ce contrat de transition professionnelle, pour aller vers la généralisation de cet outil.
Enfin, je veux dire que le gouvernement sera très vigilant sur la mise en œuvre des accords d’entreprise ou de branche et des plans d’action en direction des seniors. Il est prêt à accompagner les initiatives que les partenaires sociaux voudront prendre. Ceux-ci ont d’ores et déjà indiqué leur intention d’ouvrir un chantier de l’emploi des jeunes et des seniors. Ils doivent également négocier une nouvelle convention d’assurance-chômage. Je leur fais confiance pour proposer de nouveaux outils sur ces points, la balle est dans leur camp.
Au début de 2011, nous pourrons ensemble fixer le contenu de ce que sera l’agenda social des prochains mois.

Avec l’emploi, la sauvegarde et la modernisation de notre système de protection sociale s’imposent à nous. Nous avons commencé avec la réforme des retraites. Avec Xavier BERTRAND et Roselyne BACHELOT, nous allons poursuivre. Nous ne devons pas laisser dériver les comptes de l’assurance maladie par démagogie. Nous ne pouvons pas esquiver sur cette question notre responsabilité collective. Nous lancerons une concertation nationale sur la protection sociale qui associera tous les acteurs, les partenaires sociaux, les professionnels de santé, les mutuelles, les assurances, les collectivités territoriales, au premier rang d’entre-elles les Conseils généraux.

Cette concertation devra examiner les voies et moyens de réguler les dépenses de santé, de fixer la part des régimes obligatoires et complémentaires et de diversifier les modes de financement. Cette Concertation nationale aura évidemment pour but immédiat de traiter la question de la dépendance. Le coût est estimé à 22 milliards d’euros et il devrait atteindre les 30 milliards dans les prochaines années. Le nombre des plus de 75 ans devrait doubler au cours des prochaines décennies. Il s'agira en premier lieu, de déterminer les besoins réels des personnes, d’examiner comment assurer le maintien à domicile des personnes âgées le plus longtemps possible. Il faudra ensuite sérier les pistes de financement : assurance obligatoire ou facultative, collective ou individuelle ?...
…Mesdames et Messieurs les députés, la force de notre nation ne réside pas seulement dans la

résolution de ceux qui la dirigent. Elle naît et s’épanouit dans le cœur de chacun. Inscrire sa destinée dans un destin commun, donner à son pays autant que l’on reçoit de lui, transmettre à nos enfants un peu plus que ce que nos parents nous ont légué, intégrer et assimiler les étrangers qui rejoignent la communauté nationale, c’est là l’esprit du pacte républicain. Ce pacte nous savons tous qu’il est fragile et partout où l’Etat démissionne, l’incivisme et le désordre gagnent.
Notre volonté de rehausser les valeurs qui fondent la République française reste intacte.
Notre volonté d’endiguer l’immigration clandestine ne faillira pas !
Notre volonté de combattre l’insécurité n’est pas de circonstance parce que ce n’est pas le combat d’un jour et parce que cela ne peut pas être un combat politicien. La réponse policière et pénale doit s’adapter à des phénomènes alliant criminalité organisée, délinquance urbaine, trafics d’armes et de drogue.
Contre ces fléaux, l’efficacité de notre lutte dépend des forces de l’ordre dont je veux saluer le travail. Elle dépend des élus de terrain, les maires qui sont en première ligne ; elle dépend aussi de la capacité de la chaîne pénale à rendre effectif le principe d’exemplarité des peines sans lequel la récidive est quasiment assurée.

Le Président de la République a annoncé une série de mesures qui sont inscrites dans la loi d'orientation et de programmation pour la sécurité intérieure portée par Brice HORTEFEUX. De Grenoble à Marseille, la démonstration est faite qu’aucun relâchement, aucune complaisance, ne sont possibles. Le défi est policier, il est judiciaire, éducatif, familial mais il est aussi moral. C’est toute une chaîne de responsabilité, de civisme, de respect mutuel que nous devons ensemble retendre. Le Parti socialiste se targue d’avoir fait sa mue sur les questions de sécurité. Après 20 ans d’indécision, 20 années aux cours desquelles la gauche refusa de regarder la réalité en face, eh bien j’attends toujours qu’elle joigne ses efforts aux nôtres.

Parmi les fondements de notre Etat républicain, il y a la Justice, respect de la Loi, force du droit. Oui, c'est à partir de là qu'existe l'Etat de droit et que la démocratie peut vivre dans le respect de chacun. La Justice n'échappe pas aux mouvements du temps. Et parmi ceux-ci, une conception toujours plus exigeante des droits de la Défense qui amènera à revoir les conditions de la garde à vue. Ce texte, vous allez en débattre bientôt sur la base d'un projet ambitieux qui fait de l'assistance par un avocat en garde à vue un principe, tout en ménageant les nécessités de l'enquête. Des affaires récentes ont mis en lumière l'attention toujours vive que porte la société à la justice pénale. Rien de ce qu'elle décide ne lui est indifférent. Et plus que toutes autres, les juridictions pénales exercent l'autorité publique et garantissent l'ordre public. Le principe selon lequel, comme toute juridiction, celles-ci jugent au nom du peuple français est vécu avec une intensité particulière. Et cela justifie le rôle éminent du Parquet aussi bien que la présence des jurés aux assises.

Le Président de la République nous invite à aller plus loin. Le Garde des Sceaux ouvrira donc un large débat pour savoir comment renforcer ce lien entre le peuple souverain et sa justice pénale. Non pas par méfiance à l'égard des magistrats dont le professionnalisme et la haute conscience méritent notre respect. Mais pour que nos concitoyens se reconnaissent toujours mieux dans la Justice, pour éviter une sorte de schisme insidieux qui couperait le pays légal du pays réel…

…A ce stade, je ne veux préjugez de rien, mais je demande à la Représentation nationale d'aborder avec le gouvernement le débat sans a priori. L’esprit de justice, je le vois aussi dans la mise en œuvre des révisions de la Constitution votée par le Parlement en 2007 et 2008. La question prioritaire de constitutionnalité, Mesdames et Messieurs les Députés, est une avancée démocratique que la gauche n’a jamais osé engager en son temps. Eh bien, la loi organique sur le Défenseur des droits votée au Sénat en juin, sera inscrite à l’ordre du jour de votre Assemblée au tout début de l’année 2011, pour une mise en place au printemps. Et les deux dernières lois organiques attendues pour l’application des dispositions votées ont été transmises au Conseil d’Etat. Elles seront délibérées en Conseil des ministres avant la fin de l’année. Il s’agit du referendum d’initiative populaire d’une part et du nouveau régime de mise en cause de la responsabilité du Chef de l’Etat.

Mesdames et messieurs les députés, depuis 2007, nous modernisons le modèle français. Notre espérance nous interdit de piétiner devant les difficultés ; d’être indulgents sur nos faiblesses et d’être inutilement divisés. Je refuse toute idée d’usure ou de pause. L’usure est la maladie du découragement et la pause c’est la marque des indécis….
…Nicolas SARKOZY a proposé à la France d’assumer les réalités d’un monde qui peut nous déplaire mais qui est le nôtre. Il a proposé de reconstruire notre communauté nationale autour du travail. Il a donné la priorité à nos forces universitaires, scientifiques et à nos entrepreneurs. Et bien je suis persuadé que cette voie est la bonne. C’est la seule qui s’inscrit dans la fidélité de notre héritage. Les Français savent très bien à quel travail opiniâtre ils doivent le modèle social qui les protège, la culture qui les relie, les paysages qu’ils aiment, la République qu’ils chérissent. Ils savent ce qu’ils doivent aux générations passées, elles qui se sont battues pour la liberté et le progrès.
Nous sommes les héritiers de rêves acharnés. Je suis persuadé que ce rêve est vivant !

Les temps changent, les générations passent, mais dans ce Palais Bourbon, une voix persiste : c’est celle de l’unité de la nation. D’une nation qui s’est progressivement organisée autour de territoires, d’une langue, d’un Etat, pour devenir ce qu’est la France d’aujourd’hui : un point ardent dans la géographie du monde. Renoncer, douter, serait se parjurer devant l’Histoire. Ce serait laisser le terrain libre à tous ceux qui avancent des idées fausses et des fausses pistes, ces mirages désastreux que sont le partage du travail, la retraite le plus tôt possible, l’endettement sans fin, la diabolisation du capital, le protectionnisme.
Cesser d’avancer, ce serait oublier ce que nous avons fait et ce qu’il nous reste à faire. Notre marche n'est pas finie.

Mesdames et Messieurs les députés, la confiance que je vous demande n’est pas une marque d’allégeance. Elle est la marque de notre fidélité, la marque de notre volonté, elle est la marque résolue de ceux qui, jusqu’au terme de leur mandat, agissent pour l’espérance et pour la France.

 

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19 juillet 2010 1 19 /07 /juillet /2010 19:54

 

Henri Guaino dans "Acteurs Publics"...

 

“Il faut débureaucratiser l’État”

Le conseiller spécial du président de la République se pose en défenseur des services publics et de la protection sociale. Il appelle toutefois à diminuer les dépenses courantes au profit de l’investissement public. Pour Henri Guaino, la crise a pour vertu d’avoir disqualifié l’idéologie du “moins d’État” dans l’économie.

 

Trois ans après le lancement de la Révision générale des politiques publiques, quel bilan en tirez-vous ? Depuis longtemps, la modernisation de l’État s’accomplissait dans le désordre, sans vue d’ensemble et sans continuité. Une révision générale et systématique était donc devenue nécessaire. Depuis trois ans, des réorganisations qui attendaient depuis plusieurs décennies ont enfin été menées à bien et la gestion de notre fonction publique a été profondément rénovée avec la suppression de tous les obstacles à la mobilité, l’évaluation, la rémunération au mérite.

100 000 emplois ont été supprimés et la moitié des économies réalisées ont été utilisées pour revaloriser les carrières. Dans les deux ans qui viennent, l’effort se poursuivra avec trente opérateurs de l’État inclus dans le processus, 150 audits hospitaliers, un grand programme de simplification des formalités administratives, un plan de lutte contre la précarité des agents non titulaires… En 2012, c’est la plus grande entreprise de modernisation de l’État depuis 1958 qui aura été accomplie.

 

Les critiques sur une détérioration des services publics semblent trouver un écho dans la population. Comment expliquez-vous ce décalage entre le discours et la perception ? La crise a masqué les progrès en obligeant les services publics à faire face à un surcroît de difficultés économiques et de souffrances sociales, mais ils l’ont fait avec beaucoup de sens des responsabilités et beaucoup d’efficacité, ce qui a permis, comparé à beaucoup d’autres pays, d’atténuer considérablement les effets de la récession.

 

En période de crise justement, la demande de services publics est plus forte. Comment y répondre en période de disette budgétaire ? À côté du nécessaire effort de productivité des services publics, c’est dans les réformes structurelles pour réduire la fracture sociale, faire reculer le chômage, améliorer la compétitivité que nous trouverons les plus grandes marges de manœuvre financières, car l’état des finances publiques ne peut pas être séparé de ceux de la société et de l’économie.

Cette demande de plus de services publics n’est-elle pas en contradiction avec la politique menée depuis plusieurs années en France et en Europe ?
Pendant trente ans, l’idéologie dominante dans le monde et particulièrement en Europe n’a pas été favorable au rôle de l’État dans l’économie, à la protection sociale, aux services publics. La crise a disqualifié cette idéologie. On va vers un rééquilibrage entre l’État et le marché et je suis convaincu que le modèle français sera plus à l’aise dans le monde de demain que dans celui d’hier.

 

Cette prise de conscience se heurte pourtant à la nécessité de réduire fortement les dépenses publiques…

Croire que c’est en détériorant la qualité du service public que nous pourrions résoudre nos difficultés serait une erreur. La remise en ordre de nos finances publiques passe par notre capacité à faire du service public un levier du développement économique et de la compétitivité globale et à distinguer l’investissement public et les dépenses courantes.

Il faut diminuer nos dépenses courantes, mais accroître l’investissement, car l'on ne remboursera les dettes d’hier qu’avec les revenus de demain et les revenus de demain, ce sont les investissements d’aujourd’hui. C’est la philosophie partagée par le grand emprunt et le Fonds stratégique d’investissement.

N’avez-vous pas l’impression d’un retour de balancier aujourd’hui, avec une pression très forte pour réduire les déficits publics ?
On ne peut pas supporter durablement un déficit à 8 % du PIB. Il faut le réduire, en supprimant les mesures de soutien à l’activité, au fur et à mesure du retour de la croissance, sans l’étouffer ni sacrifier l’avenir. Plus les marchés sont fébriles, plus il faut garder son sang-froid. C’est l’attitude de la France.

 

N’y a-t-il pas un risque de voir la réduction des dépenses affaiblir structurellement les services publics ?

 Je ne vois pas pourquoi les services publics seraient le seul secteur où les gains de productivité seraient impossibles ni pourquoi ils ne seraient pas, comme partout ailleurs, compatibles avec davantage de qualité.

 

Les attaques de la gauche sur le thème de l’affaiblissement des services publics seront pourtant un thème de campagne fort en 2012…La gauche serait plus crédible si elle soutenait la logique du grand emprunt ou si elle appelait l’Europe à tirer les leçons de la crise. Si la politique européenne de la concurrence reste la même, nous aurons bien du mal à préserver nos services publics. C’est un gouvernement de gauche qui a négocié et signé l’Acte unique. C’est encore un gouvernement de gauche qui a négocié et signé la directive qui introduit la concurrence dans le marché du gaz.

C’est la gauche encore qui a voté, en 1998, la loi de transposition et la première directive sur la concurrence dans l’électricité. C’est Nicolas Sarkozy qui a fait inscrire dans le traité de Lisbonne que la concurrence ne devait plus être une finalité, mais seulement un moyen.

 

Inscrire dans la Constitution l’obligation de s’engager sur une trajectoire de déficits budgétaires pour cinq ans ne revient-il pas à éteindre tout débat sur les finances publiques ? C’est tout le contraire. Ce qui est proposé, c’est que le gouvernement s’engage devant le Parlement en début de législature sur sa stratégie en matière de finances publiques sur la durée du mandat, qu’il y ait chaque année un débat et un vote sur les engagements pluriannuels communiqués à Bruxelles et que toutes les mesures fiscales soient réservées à la loi de finance. Donc, il y aura davantage de débats et davantage de clarté.

 

Trajectoire budgétaire, cela veut dire, à l’extrême, que les gouvernements pourront envisager de creuser encore les déficits, à condition de le dire…Cela veut dire que la majorité se fixe une stratégie pour la durée de son mandat, car rien ne peut se faire de sérieux en matière de finances publiques qui ne s’inscrive dans la durée.

 

Pourquoi n’êtes-vous pas favorable à l’interdiction de présenter un budget en déséquilibre, comme certains le réclament dans la majorité ? Il est toujours délicat d’enfermer la réalité économique dans une stricte règle de droit qui, par définition, est indifférente aux conjonctures. Ne pas pouvoir déroger à une règle d’équilibre peut, dans des circonstances de crise, conduire à la catastrophe. Et si l’on peut y déroger, que reste-t-il de la règle ? Si elle est contraignante, qui décide ? Le juge constitutionnel ? Un comité d’experts ? Et que fait-on des investissements publics ?

 

La réforme des services déconcentrés et des préfectures a abouti à une concentration des directions et des services sur le territoire. N’est-ce pas un recul de l’État ? C’est tout le contraire. La réforme des services déconcentrés renforce la cohérence de l’action locale de l’État. On renforce aussi le rôle du préfet de région. C’est logique, compte tenu de l’importance prise par la région.

 

La gauche, majoritaire dans les conseils généraux et régionaux, dénonce une recentralisation. Assumez-vous ce retour de l’autorité et du pouvoir de l’État sur le territoire ? La condition d’une décentralisation réussie, c’est un État fort. Et un État fort, ce n’est pas un État qui disperse ses moyens, mais qui les concentre pour agir efficacement. On est allé trop loin dans l’abaissement de l’autorité et de la responsabilité de l’État, et plus on a abaissé l’État, plus il s’est bureaucratisé. L’enjeu, aujourd’hui, est de “débureaucratiser” et de recréer un État entrepreneur, qui assume les grands risques, qui desserre l’étreinte du court terme, qui organise la péréquation.

Comment peut-on consolider ce nouvel État et le modèle français alors que le poids de la dette et des déficits contraint la dépense publique ?
Le socle, c’est l’État, la nation et la République. En le détruisant, on ne prépare pas l’avènement de l’individu, mais celui des féodalités et du communautarisme, de l’enfermement dans le local, dans le clan ou dans la tribu. À cette fragmentation de la société, le service public oppose la logique de la solidarité, du partage, de l’égalité des chances, du long terme.

Le desserrement de la contrainte financière ne viendra pas du démantèlement du service public ou de la protection sociale, mais de notre capacité collective à faire en sorte qu’un nombre de personnes toujours plus grand ne soit pas à la charge d’un nombre toujours plus réduit d’actifs.

Êtes-vous toujours persuadé que la crise financière a marqué la fin d’un monde ?
Plus que jamais. Même si tous ceux qui ont beaucoup profité des dérives du capitalisme financier n’en ont pas – ou ne veulent pas – en avoir encore conscience, la crise a prouvé que ce système n’était tout simplement pas viable et la société qu’il a engendrée non plus. Le capitalisme financier a imposé à toute l’économie et toute la société ses rythmes et ses critères. Mais c’est une voie sans issue. Ou bien nous changerons dans la concertation, la coopération. Ou bien ce seront des catastrophes économiques, sociales et politiques qui nous y forceront. Mais le monde changera. Et dans ce monde à venir, il y aura plus d’État, plus de services publics, plus de régulation. Mais quel État, quels services publics, quelle régulation ? Voilà les questions auxquelles nous devrons répondre.

Propos recueillis par Bruno Botella et Laurent Fargues

 

 

 

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11 juin 2009 4 11 /06 /juin /2009 07:40
par Cécile Crouzel, Le Figaro.fr,  du 08 06...

Trente-quatre mille postes seront supprimés l'an prochain. Les derniers arbitrages sont en cours à Matignon.

En ces temps difficiles, pas question pour le gouvernement de renoncer à l'objectif de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. La loi de programmation des finances publiques pour les années 2009 à 2012, qui détermine les dépenses des ministères pour cette période, est bâtie sur cette hypothèse. Elle prévoit que la masse salariale, hors pension, sera de 86,5 milliards d'euros en 2010, contre 86,1 milliards en 2009. Ce qui, compte tenu des hausses de rémunérations, suppose des baisses d'effectifs.

Éric Woerth, le ministre du Budget, a annoncé la couleur : 34 000 postes de fonctionnaires seront supprimés l'an prochain. «La répartition des réductions par ministère n'est pas totalement bouclée », explique-t-on à Matignon. L'Éducation nationale, qui rassemble 46 % des effectifs de l'État, est un des plus grands enjeux. L'application de la règle du «un sur deux» y conduirait à la suppression de quelque 17 000 postes, explique-t-on dans l'entourage de Xavier Darcos, tout en précisant que «rien ne dit que cette règle s'appliquera. L'arbitrage n'est pas encore fait». Pour 2009, le taux de non-remplacement est de 35 %, avec 13 500 postes en moins.


Au ministère de la Défense, on sait déjà que 8 250 emplois disparaîtront en 2010. «Cela s'inscrit dans le cadre de la réforme de la Défense, dont le volet le plus visible est la refonte de la carte militaire. Nous suivons notre plan de marche qui doit conduire à la suppression de 54 000 postes entre 2008 et 2015», explique un responsable du ministère. La Défense a une particularité : la moitié des effectifs sont des contractuels, ce qui facilite les restructurations. «Mais ce qui nous guide, ce sont les fonctions à rationaliser», précise l'entourage d'Hervé Morin, ministre de la Défense.


Autre grand contributeur à la réduction d'effectifs : le ministère du Budget, où, comme l'a précisé Éric Woerth, 58 % des départs ne seront pas remplacés en 2010. Ce qui équivaut à quelque 2 800 postes.

 

Emplois en hausse à la Justice

 

Déjà en 2009, le taux non-remplacement est de 55 %. Cette «exemplarité», Bercy la doit à la révision générale des politiques publiques (RGPP) et à une de ses mesures phares, la fusion des anciennes directions des impôts et de la comptabilité publique en une direction générale des finances publiques (DGFIP). Actuellement, cette fusion se met en place sur l'ensemble du territoire, avec notamment la création des services des impôts des particuliers.


D'autres ministères, plus pe­tits, font également d'importants efforts. Ainsi, le ministère des Affaires étrangères va supprimer 700 postes entre 2009 et 2011, dont 250 en 2010. Ce qui, en proportion de ses effectifs, est presque autant qu'à Bercy. «Tout ceci est lié à la réorganisation de notre réseau d'ambassades», explique-t-on au Quai d'Orsay.


Finalement, en 2010, seul le ministère de la Justice verra ses emplois augmenter. Quant au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, il bénéficiera d'un gel des suppressions de postes, à la fois dans les universités et dans les organismes de recherche.

Cécile Crouzel
Le Figaro

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24 février 2009 2 24 /02 /février /2009 12:24


H
enri Guaino
, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, met en garde contre l'inflation que

 pourraient générer les déficits américains et le risque pour l'Europe de rester un îlot de déflation

Le Monde 18 02 09.

La France envisage-t-elle un plan de relance comparable à celui de Barack Obama, qui va octroyer des chèques de 400 dollars (315 euros) pour les plus pauvres ?

Henri Guaino. Face à une crise sans précédent, dont personne ne peut prédire ni jusqu'où elle fera reculer l'économie ni jusqu'à quand, il faut garder son sang froid. Quand la consommation s'effondre, ce type de mesure peut être nécessaire, ce qui pour l'instant est le cas aux Etats-Unis mais pas en France. Ici, pour qu'elle soit pleinement efficace, il faudrait qu'elle s'inscrive dans une relance européenne concertée et qu'elle soit mise en oeuvre au bon moment. Au printemps 2008, Georges Bush a envoyé des chèques à 130 millions de contribuables américains pour plus de 150 milliards de dollars. Au bout de trois mois, les effets se sont évaporés et l'activité a reculé. Quand l'économie est en pleine descente, ce genre de plan ne sert à rien, et il plombe les finances publiques. Si l'on emprunte pour investir on se retrouve avec des dettes et des actifs. Si l'on emprunte pour consommer, à la fin on n'a rien en face des dettes.


Quels risques le plan américain recèle-t-il selon vous ?

Les Etats-Unis n'épargnent pas. Ils vont donc devoir se financer par l'endettement. Le risque est qu'un doute finisse par naître sur leur capacité de remboursement. La situation risque d'être d'autant plus tendue que les excédents, notamment chinois, qui financent leur déficit, pourraient disparaître avec le ralentissement des exportations et la nécessité de stimuler la croissance interne. La seule issue serait alors le recours à la banque centrale et à la création monétaire.


Quelle en est la conséquence ?

La chute du dollar et à terme la hausse de l'inflation qui est depuis toujours le meilleur moyen de ne pas payer toutes ses dettes. C'est le schéma classique des crises de désendettement : la contraction des débouchés contraint à baisser les prix et enclenche un cycle déflationniste dont on sort par l'inflation.


Mais en Europe, la Banque centrale européenne (BCE) a pour mission essentielle de lutter contre l'inflation...

Déflation ou dévaluation, ce fut le grand débat des années 1930. Si la sortie de crise devait inaugurer un cycle d'inflation à l'échelle mondiale, la zone euro ne pourrait pas rester, sans risque majeur, un îlot de déflation. Il faudrait trouver un équilibre entre le risque de déflation et celui de voir la hausse des prix échapper à tout contrôle. La gestion monétaire de la crise est un défi redoutable pour les banques centrales. Pour l'instant, la BCE a plutôt bien fait son travail.


Pour endiguer la crise bancaire, les Américains envisagent de d'isoler les actifs pourris dans une "bad bank", comme les Français l'avaient fait pour le Crédit lyonnais.

Quelle que soit la sophistication du montage financier, les mêmes questions sont posées : qu'est-ce qu'un actif pourri ? Jusqu'à quel point est-il pourri ? Comment fixer son prix ? Au cas par cas, les bad banks peuvent être utiles. Mais compte tenu de l'ampleur de ce qui est envisagé (2 000 milliards de dollars), se tromper sur le prix et la définition des actifs peut avoir des effets systémiques considérables. Si le prix est trop bas, la définition trop large, tous les bilans bancaires du monde peuvent être plombés puisque les mêmes actifs y sont disséminés. Si l'opération était mal montée et échouait, le risque serait double : une nouvelle phase de la crise bancaire pénaliserait un peu plus l'économie mondiale qui est déjà mal en point et la nationalisation d'une grande partie du système bancaire mondial ne serait plus à exclure.


Les Européens jugent le plan de soutien français à l'automobile anticoncurrentiel et protectionniste.

Comme pour les banques, il n'y avait pas le choix. Qui, dans les circonstances actuelles, peut laisser s'effondrer un secteur qui emploie 10 % de la population active ? Mais je ne vois pas en quoi ce plan est protectionniste.


Le protectionnisme est-il une nécessité ou un danger ?

Si l'on ne définit pas en commun des règles de protection et d'intervention raisonnables, si on reste enfermé dans des dogmes on risque d'avoir le protectionnisme le plus déraisonnable, le populisme, la xénophobie... Il faut prendre ce risque très au sérieux. Regardez le fossé qui s'est creusé en Islande entre le peuple et la classe dirigeante ! Regardez les grèves des salariés britanniques dans l'énergie contre l'embauche d'intérimaires espagnols ou italiens ! Regardez ce qui s'est passé en Grèce ! Cette crise déroule tous les chapitres d'un manuel d'économie. Prenons garde à ce qu'elle ne déroule pas aussi tous ceux d'un manuel d'histoire...


La situation sociale en France vous préoccupe-t-elle ?

La crise économique génère beaucoup d'angoisses et de souffrances sociales, mais aussi un grand sentiment d'injustice parce que ceux qui souffrent ont le sentiment de payer à la place des responsables. C'est une situation dangereuse qui offre un terreau favorable à tous les extrêmes. On sait où peut mener l'anticapitalisme extrémiste. C'est pourquoi le combat pour la moralisation du capitalisme est si important.


Quelles décisions attendez-vous lors de la deuxième réunion du G20, qui réunira les vingt principales puissances de la planète à Londres le 2 avril ?

Ce ne sera sans doute pas encore le grand soir du capitalisme financier. Si les experts ont du mal à imaginer un autre monde que celui dans lequel ils ont vécu, les responsables politiques sont davantage conscients de la nécessité du changement. Pour refonder le capitalisme, ils doivent imposer des solutions non pas techniques mais politiques.


S'il n'y avait qu'une mesure à prendre, laquelle serait-elle ?

Il faut que les banques soient de nouveau incitées à faire leur métier qui est d'analyser le risque crédit. Par conséquent, il faudra bien finir par répondre à certaines questions : quelle part de risques la banque doit-elle conserver dans son bilan quand elle titrise ses crédits ? Dans quelle mesure peut-elle être autorisée à financer de la spéculation en particulier les hedge funds ? Comment s'assurer de la transparence de leurs opérations à travers les paradis fiscaux ? Comment rémunérer les opérateurs pour qu'ils ne soient pas incités à prendre des risques excessifs ? Comment contrôler les agences de notation pour que personne ne puisse prendre de risques sans savoir lesquels ? Les activités de crédit et les activités de marché doivent-elles ou non être totalement séparées ?


Henri Guaino

Propos recueillis par Françoise Fressoz et Arnaud Leparmentier

Le Monde daté du 18 02 2009

 

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18 février 2009 3 18 /02 /février /2009 11:48


Interview de Jean-Marie BOCKEL dans "La provence"


Ancien socialiste et secrétaire d’État sous le gouvernement Fabius
(1984-86), Jean-Marie Bockel a rejoint l’équipe Fillon en juin 2007. Aujourd’hui secrétaire d’État à la Défense et aux Anciens Combattants, le  sénateur-maire de Mulhouse a créé son parti " La Gauche moderne" en novembre dernier.

Ce"social-libéral" sera à Marseille jeudi. Il visitera notamment le site Eurocopter à Marignane. Après la table ronde sociale de demain, il sera forcément attendu par les salariés

 

La question sociale telle que l’aborde Nicolas Sarkozy en fait-il potentiellement un président de gauche?

Il n’a jamais prétendu être un homme de gauche. Mais l’ouverture telle qu’il la pratique montre qu’il est sensible à la question sociale. Il est capable de prendre de bonnes idées de gauche là où elles sont.     Les gens sont inquiets. La table ronde de demain doit marquer un tournant. Dans la pédagogie de la crise et la vision qu’en auront pouvoirs publics et partenaires sociaux.


Qu’en attend l’homme de gauche que vous êtes ?

J’attends naturellement pour les syndicats et les Français un certain nombre de propositions, de signaux forts, répondant à l’aspiration de justice sociale. Pour continuer à réformer, ce pourquoi je l’ai rejoint, il faut que nos concitoyens en aient conscience.


Sont-ils prêts à l’entendre ?
Les réformes sont toujours possibles. Mais avec la crise, les inquiétudes sont montées. Avec elles, les manifestations et les grèves. Il ne s’agit pas de lâcher du lest. Mais il est nécessaire de renouer le fil du dialogue et de proposer des mesures sociales compatibles avec la poursuite des réformes. Les idées ne manquent pas.


On parle par exemple d’augmenter les allocations familiales. Une idée plutôt ancrée à
gauche...
Mais qu’il faut financer. Or, nos recettes n’augmentent pas. Je ne sais pas si cette mesure, très générale, est la mieux appropriée. Je préfère des mesures ciblées en termes de pouvoir d’achat, mais qui ne favorisent pas l’épargne de précaution. On peut verser des primes exceptionnelles sous forme de bons d’achat à durée limitée. Sécuriser les parcours professionnels à travers la flexisécurité, idée que nous défendons au sein de la Gauche moderne.


Le président Sarkozy est-il à l’écoute de ces idées ?
Il lit les notes qu’on lui fait. On va se voir bientôt à ce sujet. On doit travailler plus pour être une force de proposition utile. Ce n’est pas évident, c’est sûr. Mais ce le serait encore moins avec le Parti socialiste qui ne sait plus où il habite. La démagogie y est permanente.


Faut-il donc gouverner au centre en temps de crise ?
Cela ne veut pas dire grand chose. Quand on voit François Bayrou... En temps de difficultés, il y a toujours eu des gens à droite et à gauche pour transgresser les lignes politiques, proposer du concret et gouverner ensemble."

Jean-Marie Bockel, interrogé par « La Provence » 17 02 09

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17 février 2009 2 17 /02 /février /2009 19:12

Sur la crise internationale et sur ses répercussions en France, règne un discours unique et convenu, qui occulte ou refuse de reconnaître un certain nombre d’évidences que je vais essayer de mettre en lumière.

 

La crise que nous vivons est une crise internationale, venue des Etats-Unis, d’une ampleur que nous  n’avons jamais connue, et il est donc impossible que la France puisse  y échapper. Cela doit être constamment rappelé et devrait rester en toile de fond de toute explication ou recherche de solution.  Or, quand il est question de la crise en France, cet aspect est de plus en plus souvent « oublié », notamment par les divers opposants. On a presque l’impression à les écouter (vérifiez-le, c’est saisissant), que la responsabilité principale de la crise incombe à Nicolas Sarkozy et qu’elle ne touche la France que parce que les solutions qu’il propose et met en pratique sont inadaptées.
A l’inverse il semble, à lire certains, que  l’application des « solutions » du PS ou des syndicats (si elles étaient cohérentes entre elles et applicables !) agirait instantanément et que les Français se trouveraient alors miraculeusement transportés dans un monde « hors crise ».  Ce n’est pas dit comme cela, mais il suffit d’entendre les leaders de l’opposition, certains syndicalistes médiatiques (et la plupart des journalistes du service public) pour sentir que cela est largement sous-entendu.

 

 

La crise internationale n’épargne personne, aucun pays. Pourtant, la France est sans doute un des pays qui a été le moins touché par la crise financière et aujourd’hui par la crise économique. Cette réalité, fort peu souvent relevée en France, mais remarquée par la presse anglo-saxonne, n'est jamais reconnue par l’opposition, et toujours exclue des débats lorsqu’un orateur a la malencontreuse idée de la rappeler. Les raisons  de cette relative protection de notre pays sont diverses, dues certainement à notre organisation économique et sociale, mais on ne peut tout à fait exclure que la politique menée par le gouvernement depuis deux ans et sa réactivité depuis six mois n’y soient pour quelque chose.

 

Loin de rester inerte face à la crise (les bras ballants disait Mme Royal avec la justesse habituelle de ses expressions !), Nicolas Sarkozy a réagi très vite, a tout fait pour entraîner les autres Européens, a favorisé au  maximum la coordination des plans européens, et a provoqué la réunion du G20, qui devrait tenir une nouvelle réunion à Londres le 2 avril, dont l’objectif est tout simplement de lancer les bases d’une refondation du capitalisme. Si l’on a, bien sûr, oublié et passé par profits et pertes cette action particulièrement efficace (il est de bon ton dans le discours unique d’aujourd’hui de nier l’importance de la présidence française  de l’Europe !), il serait utile, au lieu de la dénigrer, de soutenir la volonté de Nicolas Sarkozy, de parvenir à faire de cette réunion capitale de Londres un succès et une étape vers une nouvelle régulation du capitalisme. Un appui des forces politiques  et sociales françaises et européennes donneraient à Sarkozy et à Angela Merkel, un poids, une légitimité et une capacité de convaincre supplémentaires.

 

Le plan de relance de 26 milliards (dont 75% doivent être utilisés en 2009) venant après les plans de soutiens aux institutions financières, suivi du plan de 7 milliards pour l’automobile, ainsi que par le milliard et demi d’ores et déjà annoncé pour le 18 février, représente un effort important, d’application rapide, et dirigé en priorité vers ce qui est essentiel, l’investissement, condition de la modernisation de l’économie, du renforcement et de la survie des entreprises,  de la préservation de l’emploi. J’ai beaucoup de mal à penser que les syndicats puissent croire qu’une autre orientation basée sur la consommation (à l’aide de primes versées une fois et dont l’effet s’évanouit immédiatement, ou d’augmentation du SMIC qui provoque hausse des coûts et, dans la situation des entreprises,  risques de licenciements), puisse être envisagée.

 

 

Les Français, sont forcément atteints par la crise internationale, mais ils le sont relativement moins, d’une manière  et dans des proportions, qui ne justifient guère l’allure des manifestations que diverses corporations animent  chaque semaine, ou de celle  que l’on nous annonce déjà pour le 19 mars !

En fait, la crise peut avoir des répercussions plus ou moins fortes dans deux domaines : l’emploi et le pouvoir d’achat.  Les actions envisagées par le gouvernement visent très précisément à aider les victimes de l’un et de l’autre.

 

 On peut constater d'abord que certains ne sont en rien exposés directement à la crise, qu’ils traverseront sans rien perdre, ce sont les membres de la fonction publique. 5 millions de personne que la crise ne touchera ni dans leur emploi ni dans leur pouvoir d’achat. Et pourtant, curieusement ce sont eux  qui manifestent. Est-ce par altruisme ? Ou plutôt pour une autre raison dont nous parlerons plus loin, en tous cas, dans ces circonstances encore, le terme de « salariés protégés » les définit parfaitement bien.

Les plus aisés des Français, possesseurs d’actions qui ont perdu une grande partie de leur valeur, titulaires de revenus financiers qui se sont écroulés,  chefs d’entreprises  en difficulté, commerçants atteints par la baisse de la consommation, ont eux été directement touchés par la crise…Mais ils devraient arriver à maintenir un niveau de vie suffisant et de toutes façons ils ne font pas partie de ceux que l’on « plaint », que l’on « défend », ils ne manifestent pas et ne sont donc pas considérés comme victimes de la crise.

 

Reste le cas des  autres salariés du privé cadres, employés, ouvriers. La hausse des prix qui sera vraisemblablement inférieure à 1% en 2009, permettra à l’énorme majorité des salariés de voir maintenu au cours de cette année son pouvoir d’achat. Pour ceux qui risqueraient de connaître des difficultés, des mesures on été prises : doublement en fin d’année 2008 de la prime de rentrée,   prime à la cuve, tarif social du gaz, RSA à partir de juin,  avec une prime « avance » de 200 euros fin mars, augmentations prévues de 5% (comme l’an dernier) de l’allocation adultes handicapés, de l’allocation vieillesse. A ces mesures s’en ajouteront d’autres que le président a prévu de négocier le 18 février avec les syndicats (exonérations fiscales pour 2 millions de personnes, augmentations des allocations familiales, développement de la participation…), peut-être d’autres encore si nécessaire. Au total,  quasiment tous devraient donc voir maintenu en 2009 leur pouvoir d’achat, malgré la crise mondiale. Pourquoi ne le dit-on pas ?

 

Reste le cas de ceux qui perdront leur emploi. C’est la vraie gravité de cette crise, son effet le plus cruel, le plus douloureux. C’est pourquoi tout le plan de relance du gouvernement est tourné vers la préservation de l’emploi, grâce à la poursuite de la politique de réforme et de modernisation de notre pays,  grâce aux efforts faits pour maintenir un  crédit utile à l’économie, grâce à une vigoureuse relance par l’investissement. Cette politique, avec le plan en faveur de la filière automobile, devrait permettre de limiter au maximum le nombre de ceux qui perdront leur emploi, même si, nous le savons ils sont déjà et seront encore trop nombreux.  C’est pourquoi l’autre volet relatif à l’emploi consiste à mieux défendre la situation et le revenu de ceux qui verront leur emploi menacé ou supprimé. Améliorer fortement l’indemnisation du chômage partiel, indemniser les jeunes sans emploi ou en fin de CDD qui se voient mal pris en charge aujourd’hui, augmenter les Contrats de Transition Professionnels qui permettent un maintien intégral du salaire, et une reprise plus rapide  d‘emploi, développer les emplois aidés, accélérer le "plan banlieues"….Tous ces éléments et d’autres que le Président est prêt à négocier avec les syndicats, devraient parvenir à limiter l’augmentation inéluctable du nombre de chômeurs, limiter la perte de revenus pour ces derniers et favoriser leur retour à l’emploi.

 

En définitive, si la situation sera difficile, difficile pour tous les pays du monde, la politique du gouvernement, les plans de relance, la poursuite des négociations avec les partenaires sociaux devraient en  limiter, pour les Français, les effets négatifs et douloureux. Dans ces conditions, voir annoncer, avant même que ne se tienne la réunion du 18 février, une grande manifestation pour le mois de mars, animée par  une fonction publique protégée des effets de la crise, n’a pas beaucoup de logique et peu de sens, sinon un sens politique.
Autant la grève du 29 janvier pouvait se comprendre et se justifier, manifestant un cri d’inquiétude et une demande d’explication et de mesures sociales, autant celle annoncée pour mars, n’a qu’un sens politique : arrêter toutes les réformes de modernisation en cours, conforter tous les petits intérêts corporatistes qui veulent avant tout que demain ressemble à hier, quel qu’en soit le prix et punir la majorité politique actuelle d’avoir osé lancer une politique de réformes pour la menacer d’une alternance qui promettrait un impossible immobilisme. Que des syndicats, comme la CFTC et surtout la CFDT,  prêtent la main à ces manœuvres par crainte de continuer à perdre des adhérents et des soutiens, est  bien triste et bien déconcertant. Espérons que la réunion du 18 février les fera changer d'attitude. 
 

Marc d’Héré 

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16 février 2009 1 16 /02 /février /2009 13:23

par Nicolas Baverez, Le Point du 12 02 09
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L'année 2009 sera décisive

pour la trajectoire de la crise et, partant, pour la mondialisation. Non qu'elle puisse voir une reprise de l'activité : après la crise immobilière en 2006, la crise du crédit en 2007, la crise financière en 2008, 2009 est placée sous le signe d'une crise économique et sociale mondiale, avec une croissance nulle et 51 millions de chômeurs supplémentaires, selon l'OIT. Mais elle jugera de l'efficacité des politiques mises en place depuis l'automne 2008 pour sauver le système bancaire, enrayer la déflation, endiguer les pressions protectionnistes.
Soit la récession est bloquée, et l'espoir d'une lente et chaotique amélioration à partir de 2010 renaît. Soit la cascade des faillites et des suppressions d'emplois s'emballe, ce qui conduit à une désintégration des échanges et des paiements mondiaux, ouvrant la voie, comme dans les années 1880 ou 1930, à une longue stagnation et à des troubles politiques aigus.


Deux éléments seront déterminants

la vitesse de déploiement des plans de relance nationaux et la réunion du G20, en avril, à Londres, qui tranchera sur la volonté réelle de doter le capitalisme mondialisé d'institutions et de règles fiables.
Dans tous les cas, des mesures hétérodoxes seront requises, a fortiori si la situation venait à se dégrader. Ainsi des banques qui ont constaté 1 000 milliards de dollars de dépréciation sur 2 500 milliards de pertes et qui vont devoir faire face à la multiplication des défaillances d'entreprises : dans bien des cas, leur survie comme le maintien de l'activité de crédit passeront par la création de structures de défaisance et par la nationalisation, comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis.
Ainsi des banques centrales, qui, au-delà des taux zéro, s'engageront dans le rachat sur le marché d'actifs toxiques et de titres de la dette publique.
Ainsi des gouvernements, qui seront amenés à amplifier et diversifier les mesures nationales de soutien à l'activité tout en coordonnant leurs interventions.
Ainsi de l'Union européenne et de la zone euro, dont les instruments traditionnels-régulation du grand marché par la concurrence, politique monétaire centrée sur la lutte contre l'inflation, pacte de stabilité-ont implosé sous le choc de la déflation et qui devront faire preuve d'une solidarité accrue vis-à-vis des pays les plus menacés : l'Europe méditerranéenne et les nouvelles démocraties, en raison du rationnement des financements et de la hausse du coût de la dette ; l'Espagne, en raison du chômage (20 % de la population active en 2010) ; le Royaume-Uni, en raison de l'endettement des ménages (160 % du revenu disponible), du poids de la City (25 % du PIB), de l'ampleur de la bulle immobilière et de l'extinction progressive de la rente pétrolière de la mer du Nord.


Loin d'être protégée par son modèle

économique et social, la France est particulièrement exposée. Elle a été rattrapée par la crise au moment même où elle s'engageait dans la modernisation de ses structures productives, cinq à vingt ans après les autres grands pays développés. Le niveau élevé des dépenses publiques (54 % du PIB) et de l'emploi public (25 % du PIB) freine à court terme la baisse de l'activité et la remontée du chômage.
Mais quatre contraintes enserrent les stratégies de reflation et retarderont la sortie de crise. La contrainte financière, avec une dette publique de 66 % du PIB en 2008 et qui va s'élever au-delà de 80 % en 2012.
La contrainte extérieure, avec un déficit commercial de 55 à 56 milliards d'euros en 2008, qui oblige à user avec prudence des mesures de soutien à la consommation, sauf à refaire les erreurs de 1981 en ruinant le pays au bénéfice des nations exportatrices, Allemagne et Chine en tête.
La contrainte productive, avec une envolée des faillites (58 000, en hausse de 15 % en 2008) sur fond de chute des marges des entreprises depuis 2000 (moins de 30 % de la valeur ajoutée).
La contrainte sociale, enfin, avec un chômage de masse qui n'a jamais été éradiqué depuis les années 70, contrairement à l'immense majorité des économies développées.


Voilà pourquoi relance et réforme sont indissociables

Et ce d'autant que la crise, même si la déflation est désamorcée, débouchera sur une phase durable de croissance molle et de chômage élevé, tout en imposant une refonte de la régulation du capitalisme.
En France d'abord, où la relance doit être mise au service de la productivité via l'investissement productif et la recherche, garants de l'emploi présent et à venir, via la réforme du secteur public-qui a confisqué le surplus de richesse produit au détriment du travail depuis vingt ans-, via la formation et la lutte contre l'exclusion. La meilleure défense de la consommation et du pouvoir d'achat, c'est l'emploi-au moment où la baisse des prix améliore le revenu réel des ménages. Le meilleur vecteur de la sortie de crise, c'est la reprise du crédit et la restructuration des secteurs les plus touchés-banque et automobile en tête.
En Europe ensuite, dont les institutions ont fait la démonstration de leur fragilité en même temps que la crise provoquait une renationalisation et une divergence explosive des politiques économiques. D'où la nécessité de coordonner les programmes de relance entre les pays excédentaires, qui doivent privilégier la consommation, et les pays déficitaires, qui doivent cibler l'investissement. D'où la nécessité d'un gouvernement économique de la zone euro qui puisse être étendu au Royaume-Uni et d'une révision des missions de la BCE.
 Au sein du G20 enfin, qui offre une occasion exceptionnelle, aux antipodes de l'échec de la conférence de Londres en 1933, qui accéléra la dépression mondiale, d'imaginer une régulation adaptée à l'âge d'un capitalisme universel dont l'Occident n'a plus le monopole.

Nicolas Baverez
Le Point du 12 02 09

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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 15:26


Le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino évoque la crise actuelle et trace les contours d'une réforme du capitalisme, estimant que celle-ci constitue la « politique de civilisation» évoquée l'an dernier par le chef de l'État. Le Figaro 23 01 2009.

LE FIGARO. La conjoncture ne cesse de se dégrader, la récession s'installe. Doit-on se préparer à une crise durable ?
Henri Guaino. Cette crise est la plus grave depuis celles des années 1930. Nul ne peut dire combien de temps elle durera. Qui sait exactement ce qu'il y a dans les bilans des banques du monde entier, ni jusqu'où peut aller l'engrenage de la récession ? Si l'on regarde l'histoire, les crises de ce type peuvent durer plusieurs années. Dans les années 1990, la crise japonaise a duré plus de dix ans. Mais les comparaisons sont difficiles parce que cette crise a quelque chose d'unique : c'est la première crise de la mondialisation.


Le plan de relance annoncé en décembre suffira-t-il ?

Il a été voté il y a quelques jours, laissons-lui le temps de produire ses effets ! S'il s'avère nécessaire de faire davantage, le gouvernement fera davantage. Tout ce qui pourra être fait pour combattre la récession et pour éviter qu'elle se transforme en dépression sera fait. Depuis le discours de Toulon, en septembre dernier, la stratégie n'a pas changé. Le président de la République a fixé une ligne. Cette ligne a été tenue et elle continuera de l'être. Dans cette crise terrible, il faut d'abord garder son cap et son sang-froid.


Le PS a proposé de coupler une relance par l'investissement et par la consommation. Il regrette l'absence d'aide directe pour les bas salaires…

L'effort doit porter sur les plus vulnérables. Beaucoup a été fait dans ce sens avec le RSA, la généralisation du contrat de transition professionnelle, l'assouplissement du chômage partiel, la revalorisation des minima sociaux… Tout sera fait dans les mois qui viennent pour éviter la propagation de l'exclusion. Mais la relance par la consommation serait une erreur économique. Le pouvoir d'achat distribué servirait surtout à acheter des produits importés. La question est de savoir si l'argent du contribuable doit servir à sauver nos emplois ou ceux des autres. Je crois que la stratégie de relance par l'investissement, qui entraîne à la fois l'offre et la demande, est la plus adaptée, la plus efficace et la seule qui ne sacrifie pas le long terme au court terme. Ce n'est pas une question de droite ou de gauche.


La récession est là et les prix baissent. Comment éviter la déflation ?

Historiquement, ce type de crise entraîne toujours dans un premier temps un ralentissement, voire la baisse de prix parce qu'il faut bien baisser les prix quand on n'arrive plus à vendre. Nous n'en sommes pas là, mais le risque existe. C'est en soutenant l'activité qu'on lutte contre le risque déflationniste. L'Histoire nous apprend que la plupart du temps c'est par l'inflation que l'on sort d'une crise d'endettement et de la déflation. Mais l'Histoire n'est pas écrite à l'avance et la mondialisation prépare peut-être une sortie de crise inédite.


L'État a choisi d'augmenter sa dette à des niveaux très élevés. Jusqu'où peut-il s'endetter ?

Il n'y a pas le choix. Dès lors que le système financier n'est plus en mesure de mobiliser l'épargne pour financer l'économie, il faut bien que les États et les banques centrales le fassent. Comme tous les gouvernements du monde, le gouvernement français emprunte pour financer l'économie. Un jour ou l'autre, il faut payer ses dettes mais ce n'est pas la même chose si en contrepartie de la dette on a des actifs parce que l'on a investi, ou si l'on n'a rien parce que l'on a consommé ce que l'on a emprunté. Emprunter pour prendre une participation dans une entreprise qui a un fort potentiel mais qui traverse un moment difficile, c'est parfaitement raisonnable, cela peut même être une bonne affaire, comme ce fut le cas pour le sauvetage d'Alstom. Emprunter pour placer en quasi-fonds propres dans les banques à 8 % pour qu'elles puissent continuer à prêter, comme c'est le cas aujourd'hui, cela rapporte de l'argent à l'État et ne dégrade pas sa solvabilité.
Le problème, c'est que pour investir, il vaut mieux emprunter à long terme et que les épargnants ne veulent plus que des placements liquides. Il n'est donc pas exclu que de plus en plus d'États aient de plus en plus de mal à se financer à long terme à un coût raisonnable. Et ce d'autant plus que les excédents des pays prêteurs qui servaient à financer les déficits des pays emprunteurs sont appelés à fondre du fait de la réduction de leurs débouchés et de la nécessité de relancer leur croissance interne. Ce sera certainement le cas de la Chine dont on sait la part qu'elle a prise au financement des déficits américains.
Cette réduction des capacités d'endettement au fur et à mesure que la crise accroît les besoins de financement pourrait être l'une des causes d'un retour futur de l'inflation à travers un recours de plus en plus massif à la création monétaire. À moins d'augmenter les impôts…


Lequel des deux dangers guette la France ? Y aura-t-il des hausses d'impôts en France avant 2012 ?

Augmenter les impôts en période de récession serait absurde. Une fois la crise passée, si l'État a bien investi, s'il a acquis des actifs qui ont une valeur, il n'y aura pas besoin d'augmenter les impôts.


L'État intervient pour sauver des secteurs entiers comme la banque et l'automobile. Pourquoi ne prenez-vous pas des participations ou ne procédez-vous pas à des nationalisations comme les Anglais, ou les Allemands qui ont pris 25 % de Commerzbank ?

Nationaliser toute l'économie n'est pas un objectif. Le gouvernement s'est fixé une ligne de conduite qui me paraît saine : si l'État intervient pour sauver une entreprise ou une banque en faillite, il en prendra le contrôle comme cela a été le cas pour Dexia. C'est ce qu'ont fait les Anglais et les Allemands.


Vous demandez aux banques de continuer à faire crédit aux entreprises. N'est-ce pas dangereux pour les banques, qui peuvent être amenées à prêter à des entreprises insolvables ?

Il ne s'agit pas de transformer les banques en guichets de prêts automatiques et de les fragiliser encore plus. Mais il s'agit de les mettre en face de leurs responsabilités pour éviter qu'un rationnement excessif du crédit ne vienne dégrader encore plus la situation de l'économie.


Bonus, dividendes, crédit, choix industriels… où s'arrête l'interventionnisme de l'État ?

On ne peut pas demander à l'État de sauver les banques et les entreprises et lui refuser le droit d'exiger des contreparties. La crise change les rapports entre la politique et l'économie. Partout dans le monde, même aux États-Unis ou en Grande-Bretagne, les gouvernements vont devoir gérer des tensions politiques et sociales très fortes.


Envisagez-vous une loi sur la rémunération des dirigeants ?

Non. Mais on sent poindre partout une révolte des classes populaires et des classes moyennes contre des inégalités de rémunération qui ont atteint des niveaux jamais vus depuis le XIXe siècle. Alors, à chacun de prendre ses responsabilités. S'il le faut, le gouvernement prendra les siennes.


Le modèle du capitalisme anglo-saxon dominait le monde. Est-ce la fin de son hégémonie ?

Je préfère parler de capitalisme financier. Car c'est bien lui qui est en crise sur toute la planète avec son obsession de rendements exorbitants à court terme, sa dilution du risque et de la propriété, sa course effrénée au levier d'endettement, sa confiance aveugle dans les marchés qui ont toujours raison, l'argent qui va à l'argent, l'État minimum… En réalité, ce capitalisme financier est le contraire du vrai capitalisme.


Qu'attendez-vous comme résultats concrets du prochain G20 à Londres ?

La mise en œuvre des décisions prises au G20 de Washington pour moraliser la finance mondiale. Ce sera une étape importante dans la refondation du capitalisme. Tout ne se fera pas en un jour, mais je crois que les choses peuvent avancer assez vite dès lors que cette refondation est portée par un courant d'opinion planétaire. Regardez Obama : c'est d'une certaine manière un enfant de la crise. Il doit une partie de sa victoire à la révolte de l'Amérique profonde contre Wall Street, à une demande pressante pour en finir avec une époque. Il est la figure du changement voulu, espéré par des populations confrontées durement à l'épreuve de la crise.


Vous proposez des solutions qui sont au fond sociales-démocrates. Etes-vous étonné que la gauche refuse de les soutenir ?

Les catégories de la vieille politique ne nous aident ni à comprendre ce qui se passe, ni à trouver des solutions. La social-démocratie, c'est d'abord la redistribution des revenus. Ce n'est pas du tout le sujet en France où le taux de redistribution est déjà très élevé. Le problème des inégalités trouve aujourd'hui sa source principalement dans la répartition primaire des revenus : le capitalisme financier donnait tellement au patrimoine et incitait si fortement à la concurrence fiscale qu'il était bien difficile de corriger cette inégalité par l'impôt. Ce qu'il faut, c'est mettre en place des règles du jeu économique qui rétablissent l'équilibre entre le capital et le travail.
Dans ce nouveau jeu économique, l'État a un rôle plus grand à jouer. Dans toutes les grandes avancées du capitalisme, l'État a été présent, il l'a été à Venise, à Florence, dans le capitalisme commercial du XVIIe et du XVIIIe siècle, dans les révolutions industrielles du XIXe, dans les Trente Glorieuses. Mais il s'agit de savoir quel État on veut. Ce que nous voulons, c'est un État qui entreprend, qui investit, qui innove, qui instruit, qui protège. Ça n'a rien à voir avec le vieil État social-démocrate, redistributeur et bureaucratique.


Auriez-vous rêvé d'une union nationale autour du plan de relance ?

J'aurais rêvé que face à une crise aussi profonde qui va accoucher d'un monde nouveau on puisse accomplir ce que le Conseil national de la Résistance a accompli au lendemain de la Seconde Guerre mondiale où communistes, socialistes, centristes, gaullistes avaient ensemble refondé le pacte social sans qu'aucun d'entre eux ait eu le sentiment de se renier. Ce n'est pas possible. C'est dommage.


Faut-il continuer les réformes ?

Quand tout change, ne pas changer serait une faute. L'éducation, la formation, la recherche, la santé, la participation, la fiscalité, il y a beaucoup à faire encore pour que la France trouve sa place dans le monde d'après la crise et pour accélérer la sortie de la crise.


Nicolas Sarkozy avait lancé l'idée d'une politique de civilisation, il y a un an. Qu'en est-il aujourd'hui ?

Mais on y est ! Jamais la question de la civilisation n'a été aussi clairement posée ! Refonder le capitalisme, c'est une politique de civilisation ! La crise rend de nouveau libre, en même temps qu'elle impose d'imaginer, de penser, d'inventer.


Quel modèle économique s'imposera après la crise ?

Il y a, comme toujours, plusieurs avenirs possibles. Je crois que le modèle de demain sera moins patrimonial, moins fondé sur la rente, sur l'endettement et davantage sur le travail. Il sera sans doute un peu plus proche du modèle des Trente Glorieuses que celui des deux dernières décennies. Il sera aussi plus orienté vers la croissance intérieure que vers la croissance extérieure. Dans le meilleur des cas, la croissance sera plus durable et il y aura moins de déséquilibres dans la mondialisation, moins d'excédents pour les uns, moins de déficit pour les autres. À condition d'arriver à créer les conditions pour que chacun paye le vrai prix du risque et le vrai prix de la rareté.
Mais on peut aussi avoir le pire si le chacun pour soi l'emporte, si le protectionnisme triomphe. On peut se réveiller avec des nationalismes économiques agressifs, des guerres commerciales, monétaires, avec, derrière, la montée du populisme. Conjurer ce risque, c'est le grand défi auquel va se trouver confrontée la politique dans les mois et les années à venir.
À ceux qui se demandent déjà si après une telle crise on peut gagner les élections de 2012, je réponds souvent que Churchill a gagné la guerre et perdu les élections. Aurait-il mieux valu qu'il perdît la guerre et qu'il gagnât les élections ? En quatre ans, il ne s'est posé qu'une seule question : comment gagner la guerre ? Nous ne pouvons nous en poser qu'une seule aujourd'hui : faisons-nous le mieux possible ce que nous avons à faire pour affronter l'épreuve que nous traversons et pour préparer l'avenir ? C'est ce que fait le président de la République.

Henri Guaino
Le Figaro 23 01 09

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