La Gauche Moderne a rejoint la confédération des centres. Le vote a été sans appel, 95% des membres présents du Conseil National (30% ne s’étaient toutefois pas déplacés) ont choisi d’adhérer à cette « Alliance Républicaine Ecologique et Sociale », confédération des centres, dont tous les dirigeants (excepté Jean-Marie Bockel) et l’essentiel des militants, ont été membres de la vieille UDF.
Bien entendu cette décision démocratique s’impose à tous les membres de La Gauche Moderne. J’en prends acte, même si, avant de passer à autre chose, je me permets de rappeler les raisons pour lesquelles cette décision ne me réjouit pas et m’inquiète.
Je persiste à penser que La Gauche Moderne n’est pas centriste, ne souhaite pas le devenir, et que sa place n’était pas dans ce regroupement centriste qui ne lui correspond ni culturellement, ni politiquement. Il m’arrive de penser que, malgré les différences de choix politiques, nous sommes parfois plus proches idéologiquement du MRG ou de certains courants du PS, que de l’ancienne UDF, plus proches de Manuel Valls ou de Gérard Collomb que d’Hervé Morin ou d’Hervé de Charrette.
Si nous avons rejoint, en 2007, la majorité présidentielle, c’est pour soutenir l’action réformatrice du Président de la République ; cette action courageuse se poursuit, notre soutien n’a donc aucune raison de cesser.
Or cette « Alliance Républicaine » veut « une autre majorité présidentielle » et Jean-Louis Borloo veut être une « alternative à Nicolas Sarkozy ». J’aurais préféré que La Gauche Moderne ne s’engage pas dans cette recherche d’une « alternative à Sarkozy » qui ressemble à s’y méprendre à une opposition qui n’ose pas encore dire son nom.
Croit-on que Jean-Louis Borloo aurait, s’il avait été nommé Premier ministre en novembre dernier, fait une politique si différente de celle mise en œuvre par François Fillon…On a du mal à distinguer en quoi…Et croit-on qu’il aurait été candidat à la présidentielle, contre le Président qui l’aurait nommé ? Cette nouvelle opposition, à une politique et à un Président, parait avoir une raison bien…conjoncturelle.
Quand Jean-Marie Bockel déclare souhaiter la candidature de Jean-Louis Borloo à la présidentielle, et surtout souhaiter son succès, (donc la défaite de Sarkozy !), est-ce parce qu’il considère qu’aussi talentueux soit-il, il serait un Président plus déterminé, plus réformateur, plus efficace que Nicolas Sarkozy. J’en doute…Alors pourquoi le soutenir ?
Je persiste à penser que cette adhésion à ce regroupement centriste, va, progressivement, faire perdre à La Gauche Moderne son indépendance, pour la recherche d’un intérêt électoral qui me semble illusoire. D’ailleurs les parlementaires radicaux qui ont une vive sensibilité à tout ce qui pourrait menacer leur réélection – comment leur en vouloir - ne se précipitent pas dans les bras de cette « alliance », sachant que ce serait le meilleur moyen de se faire battre, l’UMP étant très tentée de présenter contre eux des candidats. Alors, pourquoi ce qui serait un handicap électoral pour les radicaux, se transformerait-il en avantage pour La Gauche Moderne ?
Enfin, comme tout parti membre d’une Confédération, surtout un petit parti, le risque est immense de disparaître. Viendra très vite le temps, où on ne parlera plus de la Convention démocrate d’Hervé de Charette ou de La Gauche Moderne , mais uniquement de « l’Alliance Républicaine ».
Je crois encore, comme j’ai eu l’occasion de le dire, que ce regroupement, qui divise et affaiblit la majorité présidentielle, est moralement, politiquement, stratégiquement, électoralement, une erreur.
J’aurais préféré, que nous ne décidions pas de nous précipiter dans cette démarche ambigüe, dangereuse pour l’indépendance, le développement et même la pérennité de « La Gauche Moderne ».
Mais, la décision est prise, elle s’impose à nous. Faisons tout, pour que tout de même et le plus longtemps possible, La Gauche Moderne conserve la capacité d’affirmer sa spécificité, de défendre ses idées et son « projet », d’avancer librement ses propositions.
Marc d’Héré
Merci à ceux qui, en réponse à certaines attaques personnelles dont j’ai été l’objet, m’ont, soit directement en fin de réunion, soit par mail ou SMS, témoigné leur amitié.