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 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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15 août 2010 7 15 /08 /août /2010 07:53

 

Une tribune de Max Gallo, dans Le Figaro du 5 août 2010...

 

Est-elle entraînée par la « dérive antirépublicaine » d’un « président aux abois » qui « donne un coup de poignard dans le dos de la République », qui annonce des lois qui nous renverraient « aux heures les plus sombres de notre histoire » (le régime de Vichy) ? L’opposition le clame après les déclarations du président de la République sur les problèmes de sécurité.

 

La France dirigée par ce président qui « abîme la fonction présidentielle » est-elle désormais vouée, par le pouvoir politique, à ce « populisme xénophobe » et de surcroît soumise au règne injuste et indécent de l’argent ? L’opposition l’affirme.

 

L’opposition oublie qu’elle a salué les dernières décisions du Conseil constitutionnel comme un progrès important du droit qui protège les libertés. Or, c’est ce même président de la République qui a proposé la réforme constitutionnelle – refusée par l’opposition – qui a ouvert ce nouveau champ au droit. Quant à l’argent, au libéralisme, au capitalisme financier, faut-il rappeler que le Fonds monétaire international et l’Organisation mondiale du commerce sont présidés par d’éminents socialistes ? Et personne n’ose dire que le FMI et l’OMC dénoncent le pouvoir de l’Argent dans la mondialisation et sont deux redoutables machines de guerre anticapitalistes ! Il est vrai qu’il y a quelques décennies les opposants qualifiaient de Gaulle de fasciste, maître d’oeuvre d’un « coup d’État permanent », selon la formule de François Mitterrand.

 

Entre l’homme du 18 Juin et le vichysto-résistant, l’histoire a tranché. Réduisons donc les outrances polémiques à leur objet : délégitimer le président et son gouvernement, engranger des suffrages de républicains inquiets pour les droits de l’homme, et attiser le feu social afin de créer une fin de quinquennat chaotique et de permettre en 2012 l’élection d’un leader de l’opposition.

 

Mais conduite de cette manière, la confrontation politique n’aide pas à éclairer la question majeure du moment : où va la France ?

 

Pour en dégager les enjeux, il faut changer de perspective, rappeler que le XXe siècle a été pour la France une crise nationale de longue durée (saignée de 1914-1918, crise des années 1930, fascisme, nazisme, abîme de 1940, collaboration, guerres coloniales). Pour s’en tenir à la deuxième moitié du siècle, on peut distinguer le temps des années pleines (1945-1980) – restauration de l’État par de Gaulle, reconstruction du pays après la guerre, grands projets, énergie, nucléaire, etc. – et le temps des années creuses (1980-2007), où aucune grande réforme n’est entreprise – sinon la décentralisation, dont le bilan doit être discuté.

 

Mais, de 1945 à 2000, les élites françaises qui sont aux affaires ont en commun d’avoir joué la carte européenne. Vision juste, grand projet français, mais qui s’est bâti sur la conviction que la forme nationale était un archaïsme, et qu’il fallait dissoudre les souverainetés nationales dans une Europe fédérale. Or, cette grande utopie européenne se brise à la fin du siècle. L’Union soviétique s’effondre. Le carcan qui tenait l’Europe centrale saute. La révolution démocratique se double d’une révolution « nationale ». C’est le début du retour des nations, symbolisé par la réunification de l’Allemagne, qui désormais trace son « chemin »en fonction de ses intérêts, de son identité, de sa souveraineté.

 

Il n’est pas un pays d’Europe – et, au-delà, des autres continents – qui ne soit concerné par ce mouvement qui désagrège, recompose. Nos « élites » avaient parié sur l’effacement des nations. Elles ressurgissent partout. Comment la France pourraitelle échapper à ce courant ? Mais nous n’osons pas aborder les problèmes que cette nouvelle donne comporte. Parler de l’identité nationale est tabou. Parler de civilisation française est une incongruité. On évite même de parler « France ». On préfère, quand un problème se pose, invoquer la « République » comme un « ensoi », oubliant qu’elle est française ! C’est-à-dire issue de cet Ancien Régime qui a fait la France durant plusieurs siècles. Car la France commence à naître au Moyen Âge – Clovis, roi des Francs… –, la République française est fille naturelle de la monarchie. Et ce millénaire est présent dans chacun de nos villages et de nos villes. Il est abbaye, cathédrale, château, modeste église, il est notre langue façonnée au fil des siècles comme notre paysage et l’implantation de notre habitat.

 

Faire surgir cette histoire, la rappeler, c’est s’interroger sur ce que signifie être, devenir français. Dire seulement République c’est répondre qu’il suffit d’une carte d’identité. Dire France, c’est reconnaître qu’il existe une identité nationale, en permanente évolution, certes, mais selon des lignes de forces que notre histoire millénaire a commencé de tracer bien avant le 14 juillet 1789 ou le 20 septembre 1792. La Bastille et Valmy sont des événements décisifs de notre histoire, mais la France ne commence pas avec eux.

 

Quand on employait jadis le mot assimilation, on osait penser et dire que devenir français, pour un émigré – et la France a toujours été une terre d’immigration –, c’était assimiler les éléments de cette civilisation française. Poser le problème de la nationalité française en ces termes est difficile, ambitieux, et soulève de lourds problèmes juridiques. Mais rester dans le non-dit, c’est comme marcher dans un champ de mines. Nous y piétinons depuis près d’un demi-siècle.

 

Il faut ouvrir le débat. Importer le concept de « care » – prendre soin de l’autre – pour éviter l’émiettement communautaire est illusoire.

 

Le ciment d’une communauté nationale, c’est le patriotisme, c’est-à-dire l’amour de la France qui relègue à l’arrière-plan les choix politiques. Parmi les premiers Français libres qui ont rejoint de Gaulle, il y avait des républicains et des monarchistes adversaires de la Gueuse. Mais ils venaient tous donner leur vie pour la patrie, pour la France. Ce patriotisme français n’est pas un patriotisme d’exclusion. Il est, dans sa genèse même, partie prenante de la civilisation européenne, qui n’efface pas les nations mais les célèbre, les reconnaît comme fondatrices, créatrices de cette civilisation. Où va la France ? Vers les autres, à condition qu’ils en respectent et assimilent l’histoire, la civilisation et les lois.

 

 

Max Gallo

dans Le Figaro du 5  août

 

 

 

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