La politique de Nicolas Sarkozy s’avère bien différente des caricatures assénées ça et là, et ne peut être assimilée, dans sa richesse et la diversité de ses inspirations, à une politique de droite. Si Nicolas Sarkozy est, comme il l’admet lui-même, « épidermiquement » de droite, si sa tradition, ses réflexes, certaines de ses déclarations, ses méthodes parfois sont d’un homme de droite (encore qu’il ait évolué depuis son élection), il inspire et mène une politique que l’on ne peut pas qualifier de droite: une politique de changement profond, de régulation ciblée, concernée par la solidarité, refusant les discriminations et mise en œuvre par un gouvernement dont on ne peut que souligner la diversité. Cette politique, qui répond aux besoins urgents du pays, convient tout à fait aux sociaux libéraux que nous sommes, même si nous souhaitons, et c’est l’objectif même et la justification de La Gauche Moderne, contribuer à renforcer encore son aspect social.
Nous approuvons la politique étrangère de Nicolas Sarkozy dont la stratégie de dialogue, et de présence active a renforcé le rôle de la France. Plus ouvert que ses prédécesseurs de droite vis-à-vis des Etats-Unis, dont il accompagne notamment la lutte contre le terrorisme, il a obtenu que la France pèse davantage là où se prennent les décisions stratégiques. Les efforts déployés pour le Darfour, l’action pour la paix au Moyen-Orient passant par la relance des contacts avec la Syrie, le projet qui commence à se concrétiser d’une « Union Pour la Méditerranée », la stabilisation de la situation explosive de l’Ossétie ou de l’Ingouchie, la sortie du blocage de la situation de l’Union européenne par l’élaboration du traité de Lisbonne qui relance la machine Européenne, les réunions du G20 qui visent à traiter les racines du problème et d’aller vers une moralisation du capitalisme, et qui doivent beaucoup à son initiative, sont autant de succès à porter à son crédit.
La démocratie a connu de nouveaux progrès avec la réforme des institutions qui a permis d’élargir l’intervention citoyenne – avec un droit d’initiative et une possibilité de saisine du Conseil Constitutionnel - d’augmenter les pouvoirs d’initiative et de contrôle du Parlement et de mieux encadrer ceux du Président (qui, pour la première fois verra limités à deux le nombre possible de ses mandats). La pratique confirme cette évolution : le Président voit son temps de parole pris en compte, ce qui n’avait, jusqu’ici, jamais été le cas ; le gouvernement n’a jamais été si ouvert et si divers, l’opposition se voit reconnaître au Parlement des droits et des pouvoirs nouveaux, avec notamment la présidence de commissions et un temps de parole accru par rapport à la majorité ; la liberté d’expression et de critique est plus grande que jamais, dans la presse (souvenons-nous du temps où François Mitterrand faisait écouter les journalistes), mais aussi dans la majorité qui se montre bien indépendante, et jusqu’au sein du gouvernement.
La réponse à la crise, cherchant sur le long terme une refondation et une moralisation du capitalisme et basée pour l’immédiat, sur la relance vigoureuse de l’investissement utile, tout en soutenant le pouvoir d’achat des salariés et des plus vulnérables, n’est pas une politique de droite et nous agrée. Au demeurant, elle réussit.
La volonté de moderniser l’Etat, de réformer son fonctionnement tout en veillant à préserver son rôle et son autorité, d’alléger son coût global (qui limite toute marge de manœuvre notamment sociale), tout en améliorant le revenu des fonctionnaires, particulièrement celui des plus engagés dans le service de l’Etat et des plus performants ; la réforme de l’école pour lui permettre de limiter l’échec en accompagnant mieux les plus faibles et de rendre, à coût supportable, un meilleur service; la politique d’autonomie des universités, et le soutien à la recherche et à l’innovation ; la réforme de la santé et de l’hôpital à laquelle se sont opposés - notons le - les médecins les plus libéraux et qu’ont soutenu des progressistes comme l’ancien ministre socialiste de la santé Claude Evin; la poursuite de la réforme nécessaire des retraites menée dans la concertation avec les organisations syndicales (jamais les organisations syndicales n’ont été autant consultées sur les grands sujets et appelées à négocier) ; la méthode de rénovation sociale, assise sur la ratification des négociation entre acteurs sociaux; la loi de représentativité syndicale ; la reprise de la proposition de la CFDT de créer un Fonds d’Investissement Social pour favoriser l’emploi et la modification des règles d’indemnisation du chômage pour améliorer la couverture des plus précaires ; la politique d’amélioration du pouvoir d’achat des salariés par une action en faveur de la baisse des prix, une plus grande liberté donnée au travail, par la défiscalisation des heures supplémentaires et leur meilleure rémunération, par le développement de l’intéressement et de la participation, et l’incitation des entreprises à négocier des augmentations de salaires ; la décision d’augmenter fortement le minimum vieillesse, l’allocation d’adulte handicapé, le minimum retraite pour les agriculteurs; la généralisation du RSA (réforme emblématique de gauche) et son financement par une taxe sur le capital ; le Grenelle de l’environnement qui a permis le lancement de mesures ambitieuses et de long terme favorables à l’environnement et au développement durable et dont on commence à voir (malgré l’opposition d’une partie de la majorité) les premières concrétisations ; la poursuite de la lutte contre la délinquance et l’insécurité qui bénéficie d’abord aux plus modestes aux plus faibles et aux plus fragiles ; la suppression de la publicité à la télévision publique, qui lui permettra de se libérer des contraintes commerciales et de s’ouvrir davantage à la culture…
Voilà quelques bonnes raisons, parmi d’autres, pour que des responsables, des militants, des citoyens à la sensibilité de gauche, refusant le sectarisme comme le conservatisme, n’aient aucune difficulté à soutenir l’action du Président de la République et à agir au sein de la majorité présidentielle.
Marc d'Héré