17/06/2008
«Aujourd'hui, la menace immédiate est celle d'une attaque terroriste», estime Nicolas Sarkozy, qui a détaillé ses choix en matière de défense. Il confirme la réduction des effectifs et la priorité donnée au renseignement.
Plus d'argent, moins d'hommes. Nicolas Sarkozy a annoncé des investissements militaires de 377 milliards d'euros d'ici 2020, assurant que ceux-ci commenceront durant son mandat. 200 milliards seront consacrés aux équipements. Le président de la République veut en effet « lever les tabous » sur l'armée, notamment sur la disponibilité des matériels. Et de citer « un char Leclerc sur deux en état de fonctionner ». A l'inverse, il compte réduire les effectifs, avec un objectif de 225 000 hommes « d'ici 6 à 7 ans » (131.000 pour l'armée de terre, 55.000 pour l'armée de l'air et 44.000 pour la marine), contre 271 000 aujourd'hui. « C'est une baisse substantielle, je l'assume », a-t-il déclaré. En revanche, le deuxième porte-avions ne figure pas au titre des priorités. « Rien ne presse aujourd'hui », déclare-t-il, en reportant la décision à plus tard.
Renseignement et protection. Axe principal de cette nouvelle défense : le renseignement. Nicolas Sarkozy annonce un « effort massif sur le renseignement, notamment d'origine spatiale », chapeauté par un « coordonateur du renseignement ». Il s'agira de Bernard Bajolet, actuel ambassadeur de France en Algérie. Objectif : assurer durablement l' « autonomie d'appréciation et de décision ». Deuxième priorité : la protection du territoire. Nicolas Sarkozy ne veut plus voir les militaires se charger de son aménagement. Il appelle de ses vœux des « systèmes d'alerte et de protection » en matières nucléaire et biologique ainsi que des « moyens de détection et d'alerte avancée des tirs de missiles balistiques ». Autre nouveauté, des « capacités offensives » en matière de cyber-conflit, à l'instar des Etats-Unis qui ont récemment inauguré un « cyber-command ».
Recentrer la présence française. Il faut pour Nicolas Sarkozy « adapter nos moyens » et les « recentrer vers nos zones d'intérêts stratégiques », citant un « arc allant de l'Atlantique à l'océan indien ». « Nous allons rendre public tous nos accords de défense » et « rénover nos accords » notamment en Afrique, déclare Nicolas Sarkozy, tout en se défendant de vouloir abandonner le continent à lui-même.
Entre l'Europe et l'Otan. « Nous devons faire davantage pour la défense de l'Europe, quel que soit l'avenir du traité de Lisbonne », assure Nicolas Sarkozy. Mais il souhaite aussi cette Europe de la Défense « de façon pragmatique ». Autrement dit, avec l'Otan. Il veut « rénover nos rapports avec l'Otan. Comment faire une alliance plus européenne sans la France ? Il faudrait qu'on m'explique », martèle-t-il tout en se plaçant sous l'égide des principes d'indépendance voulus par le général De Gaulle. Il compte notamment continuer à s'appuyer sur la dissuasion nucléaire.
Partager la Défense. Nicolas Sarkozy veut faire du « domaine réservé » un « domaine partagé », et « associer le Parlement aux décisions sur les opérations extérieures » selon une doctrine « claire et connue de tous ». Le Parlement sera ainsi « systématiquement informé de l'envoi » de troupes à l'extérieur et « systématiquement consulté » dès le maintien de ces soldats au-delà de 4 mois.