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Contact: marcdhere.mdh@gmail.com 

 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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17 mai 2010 1 17 /05 /mai /2010 19:49

 

Alain de Vulpian m'adresse périodiquement ces notes, émanant de l'association "Société révée" qui mettent en évidence quelques tendances qu'ils pensent déceler, à partir de signaux faibles...

 

 

Jean Paul Delevoye et la société française malade.

 

J.P. Delevoye, Médiateur de la république, a animé le petit déjeuner du Club des Vigilants le 28 avril dernier en le centrant sur le « Malaise dans la société ». Il avait diffusé, il y a quelques mois, un rapport très remarqué sur la société française malade.

 

Sa posture quasi médicale est un signal faible. Il est très significatif que ce personnage officiel mette l’accent sur les souffrances, les pathologies, la maladie. Qu’il en esquisse le diagnostic. Qu’il les perçoive comme émanant d’une « évolution comportementale » et d’une variété de processus (par exemple, la conflictualité monte ; une société de citoyens qui s’est transformée en société de consommateurs ; on ne nourrit plus d’espérance ; d’une société rurale et religieuse à une société industrielle aspirant au confort matériel puis à une société consumériste, centrée sur la frustration des envies ; une société où les enfants ne sont plus confrontés à une autorité mais baignent dans l’affection et deviennent addictes aux jeux électroniques, etc.). Il évoque des remèdes possibles (supprimer la dichotomie actifs/inactifs, recentrer le pouvoir politique sur des perspectives à moyen et long termes, développer le tutorat, le soin, l’attention humaine). Sa posture n’est ni idéologique ni partisane ; elle tend à être pragmatique et thérapeutique. Elle tranche radicalement et heureusement avec la posture dominante de la classe politique.

 

Mais le diagnostic que porte Delevoye est insuffisant ou faux. Et ceci est un autre Signal Faible. La perspective qu’il adopte est biaisée. Il est nostalgique de la société d’avant. De plus, il ne semble pas conscient du fait qu’il ne parle pas de la société moderne mais de certaines des pathologies de cette société. Il nous parle en fait de la frange qui est et se sent rejetée, qui est probablement en croissance mais qui englobe sans doute moins de 20% de la population et dont on ne peut comprendre la situation et les possibilités de réintégration qu’en la replaçant dans le cadre de l’ensemble du système en évolution.

Il pense que « le chacun pour soi » remplace la volonté de vivre ensemble alors que cette posture n’est caractéristique que d’une petite minorité au sein d’une population où émergent et foisonnent de nouveaux vivre ensemble.

 

L’idée émane de son propos que la société française est plus malade que les autres sociétés européennes ou nord américaines, ce qui est probablement faux. Une analyse fine des souffrances et des pathologies de ces différentes sociétés modernes mettrait en lumière des similitudes et des différences qui seraient très éclairantes.

 

Le savoir que notre société produit sur elle-même est insuffisant pour orienter l’action politique.

 

 

Un scénario de type années 1920-1930 ?

 

Un scénario catastrophique du type de celui qui s’est développé en Europe au cours des années 1920/1930 nous menace-t-il ? Rien n’est encore clair.

 

Les années 1920/1930. Le traitement inhumain du prolétariat par le capitalisme de l’époque avait tendu les relations industrielles et poussé le prolétariat à la révolution. La crise et le chômage avaient mobilisé les masses. Les idéologies s’étaient exacerbées. Une chasse aux boucs émissaires s’était organisée prenant pour cibles les juifs, les franc-maçons, les communistes, les ennemis de la nation, etc. Communisme et fascisme avaient prospéré et installé des régimes totalitaires dans une bonne partie de l’Europe. Il a fallu passer par cinq ans d’une guerre mondiale atroce pour atteindre un pallier d’équilibre : les Trente Glorieuses.

 

Un premier symptôme alarmant : une génération sacrifiée. Un rapport de l’OCDE publié le 14 avril sonne l’alerte. Dans la plupart des pays de l’OCDE, l’entrée dans la vie active était difficile pour de nombreux jeunes. La crise aggrave la situation. Premières victimes de la crise, les jeunes vont voir leur situation se détériorer pendant plusieurs années encore. Quatre millions de jeunes ont rejoint les rangs des chômeurs pendant la crise. On compte parmi eux 18,8% de chômeurs fin 2009 contre 8,6% pour l’ensemble de la population dans les pays de l’OCDE.

Les auteurs du rapport sont d’autant plus inquiets du fait que des expériences antérieurs montrent que l’échec sur le marché du travail est souvent difficile à rattraper et peut les exposer à une stigmatisation de longue durée. En effet, lorsque la reprise surviendra, les employeurs peuvent être tentés d’embaucher des jeunes fraîchement diplômés à la place de diplômés pris au piége du chômage depuis longtemps.

Le risque d’explosion devient alors important.

 

Un deuxième symptôme alarmant : aujourd’hui, en Europe, la chasse aux boucs émissaires est ouverte. L’agressivité monte à l’égard de minorités qu’on accuse d’être à l’origine de nos malheurs. Les musulmans sont la cible en Europe de l’Ouest. Les juifs, les Rom et les homosexuels en Europe de l’Est. Succès électoraux de Geert Wilders en Hollande, du Fidesz Party (antisémite) et du Jobbik Party (ouvertement néo-Nazi) en Hongrie, du Front National en France, de la ligue du Nord en Italie. En Grande Bretagne, les partis engagés dans la campagne électorale ménagent les réactions anti-immigrants du public. Une opinion publique se forme à l’appui de l’interdiction du voile intégral dans plusieurs pays (Belgique, France, …). Une votation interdit la construction de minarets en Suisse.

 

La bifurcation attendue vers une société plus harmonieuse peut encore se produire pacifiquement. En Europe et en Amérique, le capitalisme de casino est violemment rejeté par les opinions publiques mais il est possible que, sans révolution ni drame, d’autres formes de capitalisme soient en instance d’émergence. Les modes de management de « la grande entreprise » induisent des souffrances parmi les personnels qui nourrissent des protestations croissantes mais beaucoup d’entreprises qui en prennent conscience sont à la recherche de nouveaux systèmes d’animation et de pilotage. Les financiers, les spéculateurs, parfois les gouvernements, sont rendus responsables de nos malheurs mais le climat n’est pas à la révolution. Des explosions émotionnelles, des révoltes de travailleurs licenciés se produisent ici et là, mais les relations industrielles ne sont pas désastreuses et les statistiques montrent qu’en Europe et en Amérique du Nord les grèves sont relativement peu nombreuses. La bifurcation nécessaire peut se produire pacifiquement.

 

Savoir piloter la résorption de la dette publique. Le FMI nous dit qu’en 2014 la dette publique des pays riches atteindra, en moyenne, 110% du PNB (en augmentation de près de 40 points de pourcentage par rapport à 2007) : l’un des taux les plus élevés observés en temps de paix.

Nous allons vers une explosion d’inflation et/ou des politiques d’austérité. La réduction de la dette publique sera douloureuse. Sera-t-elle supportée sans troubles majeurs par les populations ?

 

Des précédents de réductions draconiennes des dépenses publiques ont été pilotés habilement et ont porté leurs fruits (Canada, Suède, …). Des expériences grandeur nature sont en cours. En Irlande, les employés du secteur public, suivant leurs leaders syndicaux, ont réagi avec abnégation à des mesures d’austérité. La résistance semble plus forte au Portugal, en Hollande et surtout en Roumanie.

La situation grecque est alarmante. La capacité de manœuvre de la libre spéculation l’est aussi.

 

Beaucoup va dépendre des postures qu’adopteront les gouvernements : plus nationales ou plus collectives. Les signaux faibles observés en Europe sont, à cet égard, contradictoires. Les hésitations de la zone euro, les coups de frein d’Angela Merkel qui ont paru motivés par des préoccupations électorales à très court terme, font douter de notre capacité collective de pilotage. Mais, lorsque la situation devient littéralement catastrophique (j’écris ces lignes le lundi 10 mai), le jeu collectif reprend le dessus. C’est un jeu dangereux. De crise en crise, un jour la réaction pourrait être trop tardive et une nouvelle catastrophe se produire.

 

 

"Société révée"

10 mai 2010

 

  

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