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 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 07:44
Par Jean-Pierre Chevènement, article édité dans un ouvrage collectif sur le 50ème anniversaire de la Vème République réalisé sous l'égide du Cercle des constitutionnalistes, à paraître en septembre 2008 aux éditions Litec.

Article paru le 02 juillet dernier sur le blog de Jean-Pierre Chevènement: http://tinyurl.com/6qfc8f



La Constitution de 1958, tout en instituant un Président de la République fort, avait maintenu un régime parlementaire où le gouvernement était responsable devant le Parlement. Celui-ci n'eut qu'une occasion d'exercer la censure, à l'automne 1962. L'élection du Président de la République au suffrage universel trancha le différend, mais instaura une source de légitimité au moins égale à celle du Parlement à la tête de l'Etat. Quarante ans plus tard, l'instauration du quinquennat et l'élection de l'Assemblée Nationale dans la foulée de l'élection présidentielle a encore accentué une hyperprésidentialisation de fait, que seules trois cohabitations (1986, 1993, 1997) avaient contrariée. Ce fut précisément pour réduire la probabilité des cohabitations que ce système fut instauré. Rien que de conforme à la logique gaulliste : il fallait que l'unité, la responsabilité, la légitimité se retrouvent à la tête de l'Etat. Puisque les Présidents Mitterrand et Chirac n'avaient pas tiré la conséquence d'une défaite aux législatives en démissionnant, il était logique de réduire la possibilité d'une cohabitation.

Ainsi l'unité de l'Etat se trouvait-elle à peu près assurée à travers la personne du Président de la République. Tout au plus, dans des circonstances extraordinaires, le droit de censure pour le Parlement, et le droit de dissolution pour le Président, peuvent-ils fonctionner comme des soupapes de sécurité. Mais cette évolution (le quinquennat et l'inversion du calendrier électoral), logique du point de vue de l'esprit des institutions de la Ve République, à partir du moment où les successeurs du Général de Gaulle avaient accepté l'hypothèse (VGE) puis la réalité d'une cohabitation (F.Mitterrand – J.Chirac), fait apparaître un déséquilibre excessif entre un Hyperprésident durablement consacré et un Parlement de plus en plus abaissé au fur et à mesure que le fait majoritaire s'affirmait dans nos institutions et redoublait les effets du parlementarisme rationnalisé. Ce fait majoritaire a résulté du mode de scrutin majoritaire pour l'élection des députés, mais aussi et surtout de l'élection au suffrage universel du Président de la République. Celle-ci a fait apparaître dès 1965 une bipolarisation de la vie politique qui, depuis lors, n'a cessé de s'accentuer. Je n'approuve pas, je me borne à constater.

On peut dire aujourd'hui que la France est très proche d'un système bipartisan. Dès lors est-il encore nécessaire que le Président de la République, chef du parti majoritaire et disposant à ce titre des investitures parlementaires, façonnant ainsi les carrières, voie sa puissance à nouveau accentuée par l'arsenal du parlementarisme rationalisé (fixation de l'ordre du jour par le gouvernement, article 49-3 qui accule à la censure, et donc au suicide, toute Assemblée récalcitrante, ne fut-ce que sur un point, dès lors que l'Exécutif le juge essentiel) ? Bien entendu c'est le gouvernement qui juridiquement met en œuvre ce dispositif mais par des décrets pris en Conseil des Ministres. Aussi bien ce gouvernement est lui-même dans la main du Président de la République.

La réforme des institutions qui procède des travaux de la Commission Balladur ne change pas l'architecture institutionnelle de la Ve République. La tentation de transformer en simple « collaborateur » le Premier ministre a été écartée. Celui-ci reste responsable devant le Parlement. Que le Président de la République puisse venir s'exprimer devant les Chambres réunies en Congrès ne modifie en rien la nature des institutions. La séparation des pouvoirs n'a jamais été un obstacle à leur coopération. Si le Président de la République veut prendre le risque d'être contesté voire chahuté, c'est après tout son affaire. Cette modification, inspirée de la pratique américaine (discours sur l'Etat de l'Union), est mineure.

En revanche les mesures qui redonnent du pouvoir au Parlement ne le sont pas : fixation, à moitié, de l'ordre du jour, limitation du 49-3, discussion sur les textes issus, non de la délibération gouvernementale, mais de celle des Commissions parlementaires, droit de veto, même limité, sur les grandes nominations, tout cela constitue une revalorisation substantielle du pouvoir des Assemblées.

Ces modifications sont bienvenues même si elles risquent d'accroître les difficultés que le Président et le Gouvernement peuvent avoir avec leur propre majorité. Prendre en compte cet argument serait avoir peur de son ombre. La démocratie implique le débat. Le risque aujourd'hui n'est pas dans la faiblesse du gouvernement mais dans l'autisme des gouvernants, relayant la puissance, quelquefois à courte vue, des administrations.

La question peut se poser de savoir si la réforme des institutions projetée ne va pas transférer le débat au sein même de la majorité, et marginaliser encore un peu plus l'opposition. Je ne le crois pas. Celle-ci saura s'emparer des sujets qui font problème. Aussi bien le rythme accéléré de l'alternance (tous les cinq ans) laisse à l'opposition, si elle en est capable, le temps d'élaborer un projet qui réponde aux défis rencontrés. Nous avons besoin d'une démocratie plus vivante et d'un Parlement plus présent au sein des institutions. Les grandes orientations politiques ne perdent jamais rien à être débattues.

Pour toutes ces raisons, la réforme dite Balladur me paraît être une avancée globale ; Certes elle ne changera rien à la prolifération des normes européennes que le traité de Lisbonne n'offre pas les moyens de contrôler vraiment. Mais cet argument ne saurait convaincre une opposition qui a majoritairement soutenu ledit traité de Lisbonne. Certes le contrôle de la constitutionnalité des lois, désormais ouvert aux citoyens devant le Conseil Constitutionnel, va-t-il encore réduire le champ des compétences parlementaires. Enfin, la tendance à introduire dans la Constitution des dispositions propres à semer le trouble – ainsi la mention des langues régionales comme « patrimoine national », laisse craindre une future ratification de la Charte des langues régionales et minoritaires par la France avec les risques de coofficialité et de démembrement du fait de l'unité nationale. C'est grave. A force d'être triturée (hier la mention de « principe de précaution », demain l'introduction de la « diversité » dans le Préambule), la Constitution devient progressivement chiffon de papier. On lui fait dire tout et son contraire. La rigueur des principes républicains tend ainsi à s'effacer. Un gouvernement de salut public devra, un jour, nettoyer ces scories, en espérant qu'il en sera encore temps.

Dans l'immédiat, mieux vaut, me semble-t-il, accepter les évolutions qui au moins permettront un débat républicain de se fortifier, en attendant des jours meilleurs. Je comprends l'argument de ceux qui ne veulent pas « donner une victoire à M. Sarkozy ». Mais, outre que cette victoire « optique » pourrait bien se transformer en victoire à la Pyrrhus, il ne me semble pas qu'une opposition systématique, mécanique, et quasi pavlovienne, soit ce qui serve le mieux la cause d'une gauche républicaine, attachée à l'intérêt public plutôt qu'à ses intérêts de boutique.

Bien sûr il faudra juger en fonction de l'évolution du texte, mais s'agissant des règles mêmes de fonctionnement de la démocratie, l'opposition n'a, à mon sens, pas grand chose à perdre à se montrer constructive. C'est la vue d'ensemble de l'évolution de nos institutions depuis un demi-siècle qui doit guider le choix du législateur pour corriger les dérives les plus insupportables.

Jean-Pierre Chevènement
http://tinyurl.com/6qfc8f


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commentaires

M
Je crois que ceux qui voteront non seront plutôt des Chiraco villepinistes...Qui n'ont rien à voir avec le gaullisme et tout avec l'aigreur....Des Bayrou UMPistes....
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E
Il est certain qu'il reste encore quelques gaullistes à l' UMP (on se demande ce qu'ils font dans ce parti).
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M
Certes, certes...Mais il n'est pas inutile de savoir quel est le parti le plus cadenassé.
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E
Le problème de la disciline de vote dans les partis dépasse celui du vote d'aujourd'hui.<br /> <br /> Il existe des scrutins -rares- où les partis accordent la liberté de vote à leurs élus.<br /> <br /> Mais si cette liberté est permanente, si chacun doit toujours rester libre de voter suivant ses convictions personnelles, on peut se demander quelle est la signification l'adhésion à un parti, et quel est le rôle d'un parti qui n'aurait plus à définir des lignes politiques qui s'imposeraient à ses élus: uniquement de leur accorder son investiture et ses moyens financiers pour se faire élire?<br /> <br /> On peut souhaiter que le débat, dans un parti, pour arrêter sa ligne politique et ses décisions de vote soit aussi ouverts et libres que possible; mais si, ensuite, la décision ne s'impose pas à tous, on peut s'interroger sur leur utilité, et sur celle des partis, qui doivent être autre chose qu'un syndicat de notables.
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M
Il y a tout de même une différence entre l'UMP et le PS. La liberté d'expression et de vote est, me semble t-il, nettement plus grande à l'UMP. Vérifions le en comptant ce soir, le nombre de parlementaires UMP et PS qui se seront prononcés CONTRE la position officielle de leur parti....
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E
On peut certainement trouver autant de députés UMP que PS votant contre leurs convictions par esprit de discipline de parti; le problème, pas simple, de la discipline de vote mérite d'être posé, mais autant à l' UMP qu'au PS.
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M
Selon le député socialiste Manuel Valls, la réforme des institutions sera adoptée lundi après-midi par le Congrès du Parlement réuni à Versailles. « La réforme passera », a-t-il dit ce matin sur RTL, dénonçant un « faux suspense ». Il a dénoncé dans l’absence de consensus entre gauche et droite « un gâchis » dont la responsabilité incombe, selon lui, à Nicolas Sarkozy.<br /> <br /> Valls, l'exemple même de la lâcheté politique (et cela me désole, car c'est un vrai social libéral)...Favorable à la réforme, il souhaite qu'elle passe, mais n'a pas le courage d'aller contre les injonctions et les menaces de Hollande.
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M
Le député du Pas-de-Calais, Jack Lang (PS), également vice-président de la commission Balladur s'est expliqué sur les raisons pour lesquelles il votera lundi la révision constitutionnelle dans un entretien à Libération.<br /> "Voter contre une réforme que j'ai en partie inspirée relèverait de la schizophrénie", estime l'ancien maire de Blois qui déclare: "je voterai le texte".<br /> M. Lang estime que sa position n'est pas une rupture avec le PS. "Par leur nature certains textes -notamment les textes constitutionnels- peuvent justifier un vote concordant de l'ensemble des formations politiques", dit-il en précisant que "cette conception est celle de nos amis des autres démocraties européennes".<br /> <br /> "Le projet soumis au Congrès de Versailles comprend cinquante propositions qui, toutes, marquent une avancée positive et parfois plus audacieuse que ne l'était le projet socialiste de juin 2006", estime le député. M. Lang rappèle cependant que "beaucoup de nouveautés viennent de la gauche elle-même" et admet que le texte "comporte des lacunes auxquelles, en quinze ans de pouvoir, nous n'avons jamais su porter remède".<br /> <br /> AFP<br /> <br /> Voilà un député de gauche qui aura su résister aux menaces et injonctions du duo Hollande Eyraud.
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J
@ M. d'Héré, <br /> <br /> en revanche, vous croyez tout ce que dit Sarkozy. <br /> <br /> Encore un exemple de la grande ambiance dans laquelle se déroule ce vote. Au final, on peut se demander si Sarkozy n'a pas instrumentalisé la gauche pour se payer une unité dans ses rangs. Il faut tout de même rappeler qu'une bonne partie des parlementaires ne votent ce texte, en "grande conviction", uniquement parce qu'ils ne veulent pas donner une "victoire politique à la gauche". <br /> <br /> A la veille du Congrès, ce week-end était le théâtre d'ultimes pressions sur les élus récalcitrants, selon les intéressés, de la part de la majorité et de l'exécutif qui, en privé, se montrent désormais raisonnablement confiants sur l'adoption de la réforme des institutions.<br /> <br /> Si Nicolas Sarkozy n'est pas à l'abri, lundi, d'un rejet du texte, qui constituerait un revers personnel, l'UMP et le gouvernement s'emploient en tout cas à maintenir jusqu'au bout le suspense pour ne pas démobiliser les parlementaires de la majorité, pour certains peu enthousiastes à l'idée de voter cette révision constitutionnelle, la 24e depuis 1958.<br /> <br /> La plupart des responsables de droite se relaient dans les médias pour affirmer que le scrutin se jouera à quelques voix près, situation inédite. La réforme doit être votée aux 3/5e des suffrages exprimés (60%) des députés et sénateurs réunis en Congrès à Versailles.<br /> <br /> "C'est bon, ça passera. Le plus dur est derrière nous", assurait samedi un ministre. Un responsable UMP affirme même qu'au final, le oui disposera d'une majorité "supérieure à 10 voix".<br /> <br /> Après le ralliement symbolique de Bernard Debré, fils du père de la Ve République, le camp des oui s'est agrandi samedi de deux députés villepinistes, Georges Tron et Hervé Mariton, qui refusent de participer à un "piège pour la majorité".<br /> <br /> Dans un entretien au JDD, François Fillon affirme qu'il ne s'estimerait pas "désavoué" par un rejet de la réforme, excluant donc implicitement de démissionner de Matignon dans cette hypothèse.<br /> <br /> "Je serais désavoué si j'étais désavoué par la majorité. Ce qui ne sera pas le cas (...) Avec Nicolas Sarkozy, nous aurons fait tout ce qui est en notre pouvoir pour assurer la réussite" de la réforme, ajoute-t-il en prenant bien soin de souligner: "cette réforme nous est totalement commune".<br /> <br /> Selon certains députés, joints par l'AFP, le chef de l'Etat appelle lui-même, depuis Marrakech où il se repose jusqu'à dimanche, les derniers hésitants, tentant aussi sa chance auprès de ceux qui sont considérés, à l'UMP, comme "irrécupérables".<br /> <br /> "Aux uns on a promis des secrétariats d'Etat, aux autres des avantages pour leur circonscription, d'autres encore ont été menacés d'un redécoupage leur faisant perdre leur siège. On a distribué carotte et bâton. Ce chantage s'est fait à ciel ouvert", dénonçait samedi dans Le Parisien François Bayrou (MoDem). "C'est du jamais vu !", renchérit le député chiraquien Henri Cuq.<br /> <br /> Evoquant des "appels" fréquents, la députée MPF Véronique Besse, qui entend toujours voter non, se dit "admirative" de ses collègues UMP "qui résistent encore": "on me demande ce que je veux", "on me demande si une mission sur la famille me ferait plaisir, en me disant qu'on s'arrangera sur les conditions" financières.<br /> <br /> Au-delà de la droite, alors que le camp des non devrait faire le plein au PS, au PCF et chez les Verts, les efforts se concentrent sur les centristes, les radicaux sans oublier les élus des DOM-TOM.<br /> <br /> "Difficile pour un élu domien, y compris de gauche, de résister au rouleau compresseur du gouvernement qui lui promet des kilomètres de bitume dans sa circonscription enclavée !", déclare une source socialiste.<br /> <br /> "C'est une semaine qui risque de coûter cher aux finances publiques...", persifle un parlementaire UMP, "atterré" par de tels "marchandages" pour une réforme "qui ne mérite pas tant d'énergie". <br /> <br /> PARIS (AFP) —
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M
Je ne crois jamais un mot de ce que dit Hollande.
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