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 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 08:12



Chantal Delsol, philosophe et essayiste, revient sur la notion même de libéralisme, galvaudée par ses détracteurs depuis la crise.

Le Figaro du 30 10 08

Dans l'atmosphère inquiète de la crise financière mondiale, on a vu ces derniers temps les États voler au secours de certains établissements privés pour compenser les déficits, dans le but de rendre la confiance aux particuliers et d'empêcher une débâcle économique. Depuis les États les plus attachés au libéralisme, comme les États-Unis, jusqu'à ceux acquis depuis peu au libéralisme, comme la France.

La presse et l'opinion antilibérales ont lu dans ces décisions une sorte de conversion au socialisme, à tout le moins un changement de cap devant les perversions du libéralisme, nouvellement découvertes. D'où des propos triomphalistes du genre «on vous l'avait bien dit…», ou «les voilà enfin rattrapés par la réalité…»

Pourtant, il n'y a là rien d'étonnant ni de nouveau. L'ingérence de l'État dans les affaires privées, accueillie comme une merveilleuse bonne nouvelle pour les tenants de l'étatisme, représente tout simplement pour le libéralisme la réponse à certaines situations bien précises. En leur temps, John Stuart Mill et Frédéric Bastiat le voyaient déjà ainsi. Les antilibéraux demeurent prisonniers de leur vision simpliste du libéralisme, qu'ils décrivent depuis des décennies comme un «ultralibéralisme». C'est leur excès dans l'identification de leur adversaire (excès dû à des causes militantes et idéologiques), qui les entraîne dans la mécompréhension des phénomènes actuels. La tendance, notamment en France, qui consiste à assimiler le libéralisme à l'anarchisme («le renard libre dans le poulailler libre», voilà ce qu'en donnent encore comme définition la plupart de nos étudiants, bien aidés en cela par leurs enseignants), tient de l'idéologie qui consiste à noircir l'adversaire en l'extrémisant, de façon à l'offrir facilement en vindicte à l'opinion.

Je ne dis pas qu'il n'existe pas des libéraux anarchistes, mais ils représentent une infime minorité, et la position idéologique consiste justement à identifier l'adversaire à sa minorité extrême, comme si nous autres libéraux étions assez idéologues ou assez crétins (au choix) pour identifier à longueur d'année le socialisme à Pol Pot.

Tout d'abord, le libéralisme n'a jamais prétendu qu'il devait se passer de lois, et bien plutôt il a toujours été persuadé qu'il ne saurait se développer valablement que sous des lois régaliennes précises et obéies. Mais, au-delà, il faut préciser (ce qui est moins simple et moins connu) que les libéraux défendent dans la plupart des cas une doctrine qui tient la liberté pour essentielle, mais non pas exclusive.

Ce qui les différencie des socialistes et en général des tenants de l'étatisme, c'est leur adhésion au principe de subsidiarité. Lequel réclame que l'État ne s'ingère pas dans les affaires privées tant que les privés accomplissent leur tâche sans nuire à l'intérêt général ; mais réclame au contraire l'ingérence de l'État lorsque la sphère privée se trouve insuffisante, débordée ou corrompue.

Le principe d'un libéralisme bien compris renvoie à cet égard aux préceptes des ordolibéraux du milieu du XXe siècle (dont la mouvance fut l'artisan de la renaissance de l'Allemagne après guerre) : «liberté autant que possible, autorité autant que nécessaire», ou encore, plus précisément et pour illustrer le domaine qui nous occupe en ce moment : «libéralisation autant que possible, nationalisation autant que nécessaire».

Les États-Unis se rallient à ces principes, et c'est en leur nom par exemple qu'après le 11 Septembre le gouvernement américain s'était ingéré dans les affaires de certaines compagnies d'aviation, provoquant aussitôt en France une vague de triomphe carrément stupide sur la conversion américaine à un certain étatisme…

Toute la question se trouve simplement dans la détermination du moment précis où le privé se trouve insuffisant au point que l'ingérence de l'État doive se déclencher : d'où les débats récents qui ont eu lieu aux États-Unis concernant le financement public de certaines banques. Mais le principe reste sous-jacent.

On ne peut comprendre le libéralisme ordonné que si l'on reconnaît la spécificité des situations exceptionnelles. Depuis Cicéron, la passion de la liberté a bien conscience que cette dernière doit laisser place à l'autorité gouvernante en cas de péril - la difficulté restant naturellement de définir le péril. La liberté demeure ici le moyen le plus humaniste pour viser la finalité suprême qui est l'intérêt général, sachant que dans certains cas l'autorité doit se substituer à la liberté pour voler au secours de l'intérêt général en danger.

Nos contemporains ont beaucoup de difficulté à admettre un traitement différent de la situation ordinaire et de la situation extraordinaire, car ils comprennent cette dernière comme un prétexte livré aux apprentis dictateurs qui légitimeraient ainsi leur sale besogne. Et le risque existe, en effet, mais peut-être vaut-il la peine de le courir pour obtenir un équilibre salutaire de la liberté et de l'autorité, la seconde garantissant la première.

Les Français, éduqués par des économistes bien souvent étatistes, restent persuadés que nous nous trouvons devant une alternative : l'ingérence permanente de l'État ou la terrible anarchie illustrée par «que le plus fort gagne» (et que le diable emporte les traînards). Il y bien longtemps que cette alternative a été dépassée par le libéralisme ordonné, ce que démontrent à l'envi bon nombre de pays épargnés de nos doctrinaires désuets.

Il est préjudiciable qu'en France les gouvernants eux-mêmes semblent encore marqués par la certitude de ce dilemme funeste, et ne soient pas capables d'expliquer clairement aux citoyens comment fonctionne et à quoi peut servir un libéralisme ordonné. Peut-être que cette crise permettra une ouverture d'esprit salutaire : mieux vaut tard que jamais.

Chantal Delsol
Le Figaro du 30 10 08

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11 octobre 2008 6 11 /10 /octobre /2008 10:42


On lit  ces temps-ci, dans la presse, dans le monde des blogs, (et sur celui-ci également) de verbeuses analyses visant à démontrer que cette crise est la dernière  crise  du capitalisme, et que l’étatisme est durablement de retour, ayant enfin vaincu l’idéologie libérale, appelée à se dissoudre et à disparaître. Les auteurs de ces « analyses » sont-ils véritablement convaincus de ce qu’ils avancent ou prédisent ? Pourquoi pas, après tout, mais je pense qu’ils se trompent gravement.

 

D’abord, les crises du capitalisme sont récurrentes, celui-ci, pragmatique par construction y a toujours répondu, trouvant même souvent dans la résolution de la crise, un moyen de se rénover et de rebondir.  Certes, celle-ci est d’une particulière gravité, mais rien ne permet de penser que le capitalisme ne trouvera pas les moyens de la surmonter et d’en sortir renforcé. Progressivement, la coopération internationale se met en place et c’est de bon augure, même si à ce jour, nous sommes loin de voir le bout du tunnel et si nous pouvons prédire que les difficultés dureront.

 

Comment en sortir ? Sans avoir une idée précise sur la manière et le moment, on ne peut que constater que partout, des Etats-Unis à la France en passant par la Grande-Bretagne et l’Allemagne, les Etats et les banques centrales interviennent directement pour sauver les banques en difficulté, en allant parfois jusqu’à la nationalisation, accorder largement leur garantie, distribuer des liquidités, soutenir et relancer l’économie….Les étatistes en tirent argument pour asséner que l’idéologie libérale, qui sous-tendait les politiques passées, est en faillite et qu’on en arrive au recours à l’Etat.

 

Il faut faire observer que l’échec que l’on constate n’est pas l’échec du libéralisme, qui, lui, a toujours prôné l’existence de règles mais celui d’un ultra libéralisme dérégulateur à l’extrême, pas l’échec du capitalisme qui reste la seule forme à ce jour reconnue, de production et d’allocation de richesse, mais celui d’un capitalisme financier, sans mesure et sans contrôle. Et les solutions à moyen  terme qui sont avancées, notamment, chez nous, par Nicolas Sarkozy, pour éviter le retour d’une telle crise vont dans le sens d’un capitalisme, mieux régulé, mieux encadré et,  moralisé…Toutes solutions qui, signalons-le au passage ont toujours été celles des sociaux libéraux, qui ne peuvent que se trouver en phase avec cette manière de répondre à la crise et de faire évoluer le capitalisme.

 

Et qu’en est-il de l’intervention de l’Etat ? Dans des circonstances d’exceptionnelle gravité le recours à l’Etat a toujours été la règle, sans que cela ne remette le moins du monde en cause ni le capitalisme ni  le libéralisme. En période de guerre, ou pour sortir de la crise de 29, l’Etat est intervenu largement, vigoureusement…mais temporairement.

Il en sera de même cette fois-ci. Et cela ne peut en aucun cas gêner les libéraux sociaux que nous sommes, persuadés que seule l’intervention de l’Etat ou des unions d’Etats, comme l’Union Européenne, peut apporter une solution relativement rapide et atténuer les conséquences économiques et sociales de cette crise. Oui, pourquoi pas,  aller jusqu’à la nationalisation partielle ou totale de certaines banques, si c’est nécessaire, pour, une fois la crise et ses conséquences passées, les remettre sur le marché comme l’a très bien dit le Premier ministre François Fillon ?  Certains ont cru pouvoir se réjouir en disant à peu près : «  comme en 81, nous nationalisons, l’Etat reprend le contrôle et cette fois ce sera durable ! ». J’ai bien peur qu’ils ne soient déçus…encore ! En aucune façon on ne peut assimiler la situation internationale d’aujourd’hui à la situation de la France, à l’époque.

 

L’intervention directe de l’Etat dans l’économie  ne restera qu’exceptionnelle, même si il est probable que les pouvoirs publics, les organisations internationales, établiront certaines règles pour mieux pouvoir contrôler, orienter, limiter un capitalisme financier devenu fou ces dernières années. Et c’est nécessaire.  Oui, dans cette mesure un cycle s’achève et on ira vraisemblablement vers plus de régulation et plus de coopération internationale…Un certain nationalisme devrait même se trouver en recul pour la période qui vient.

 

Mais les  corrections et les réformes à venir ne signeront certainement pas la fin du capitalisme, pas plus que celle d’un libéralisme qui, devenant plus régulateur qu’il ne l’a été dans les faits,  retrouvera  une nouvelle actualté. Les sociaux libéraux y trouveront la justification de leurs idées et de leurs combats….Mais d’ici là il faudra vaincre la crise…

 

Marc d’Héré

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10 octobre 2008 5 10 /10 /octobre /2008 07:58

Alors que nous sommes sans doute au pic (ou au creux maximum) de la crise internationale, je pense utile de publier à nouveau  de larges  extraits du  discours que Nicolas Sarkozy a prononcé il y a quelques jours à Toulon
....


……..
Une crise de confiance sans précédent ébranle l'économie mondiale. De grandes institutions financières sont menacées, des millions de petits épargnants dans le monde qui ont placé leurs économies à la Bourse voient jour après jour fondre leur patrimoine, des millions de retraités qui ont cotisé à des fonds de pension craignent pour leurs retraites, des millions de foyers modestes sont mis en difficulté par la hausse des prix.
Comme partout dans le monde, les Français ont peur pour leurs économies, pour leur emploi, pour leur pouvoir d'achat……. …..Il faut vaincre cette peur….. On ne la vaincra pas, on ne rétablira pas la confiance en mentant mais en disant la vérité.
La vérité, les Français la veulent, ils sont prêts à l'entendre………. Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise n'est pas finie, que ses conséquences seront durables, que la France est trop engagée dans l'économie mondiale pour que l'on puisse penser un instant qu'elle pourrait être à l'abri des évènements qui sont en train de bouleverser le monde. Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que la crise actuelle aura des conséquences dans les mois qui viennent sur la croissance, sur le chômage, sur le pouvoir d'achat.

Dire la vérité aux Français, c'est leur dire d'abord la vérité sur la crise financière. Parce que cette crise, sans équivalent depuis les années 30, marque la fin d'un monde qui s'était construit sur la chute du Mur de Berlin et la fin de la guerre froide. Il avait été porté par un grand rêve de liberté et de prospérité.
La génération qui avait vaincu le communisme avait rêvé d'un monde, où la Démocratie et le marché résoudraient tous les problèmes de l'humanité. Elle avait rêvé d'une mondialisation heureuse qui vaincrait la pauvreté et la guerre.
Ce rêve a commencé à devenir réalité : les frontières se sont ouvertes, des millions d'hommes ont été arrachés à la misère, mais le rêve s'est brisé sur le retour des fondamentalismes religieux, des nationalismes, des revendications identitaires, sur le terrorisme, les dumpings, les délocalisations, les dérives de la finance globale, les risques écologiques, l'épuisement annoncé des ressources naturelles, les émeutes de la faim.
Une certaine idée de la mondialisation s'achève avec la fin d'un capitalisme financier qui avait imposé sa logique à toute l'économie et avait contribué à la pervertir.
L'idée de la toute puissance du marché qui ne devait être contrarié par aucune règle, par aucune intervention politique, était une idée folle. L'idée que les marchés ont toujours raison était une idée folle.
Pendant plusieurs décennies on a créé les conditions dans lesquelles l'industrie se trouvait soumise à la logique de la rentabilité financière à court terme. On a caché les risques toujours plus grands qu'on était obligé de prendre pour obtenir des rendements de plus en plus exorbitants. On a mis en place des systèmes de rémunération qui poussaient les opérateurs à prendre de plus en plus de risques inconsidérés.... . On a laissé les banques spéculer sur les marchés au lieu de faire leur métier qui est de mobiliser l'épargne au profit du développement économique et d'analyser le risque du crédit. On a financé le spéculateur plutôt que l'entrepreneur…….…….C'était une folie dont le prix se paie aujourd'hui !
Ce système où celui qui est responsable d'un désastre peut partir avec un parachute doré, où un trader peut faire perdre cinq milliards d'Euro à sa banque sans que personne s'en aperçoive, où l'on exige des entreprises des rendements trois ou quatre fois plus élevés que la croissance de l'économie réelle, ce système a creusé les inégalités, il a démoralisé les classes moyennes et alimenté la spéculation sur les marchés de l'immobilier, des matières premières et des produits agricoles.

 
Mais ce système, il faut le dire parce que c'est la vérité, ce n'est pas l'économie de marché, ce n'est pas le capitalisme.
L'économie de marché c'est le marché régulé, le marché mis au service du développement, au service de la société, au service de tous. Ce n'est pas la loi de la jungle, ce n'est pas des profits exorbitants pour quelques-uns et des sacrifices pour tous les autres. L'économie de marché c'est la concurrence qui réduit les prix, qui élimine les rentes et qui profite à tous les consommateurs.
Le capitalisme ce n'est pas le court terme, c'est la longue durée, l'accumulation du capital, la croissance à long terme.Le capitalisme ce n'est pas la primauté donnée au spéculateur. C'est la primauté donnée à l'entrepreneur, la récompense du travail, de l'effort, de l'initiative.
Le capitalisme ce n'est pas la dilution de la propriété, l'irresponsabilité généralisée. Le capitalisme c'est la propriété privée, la responsabilité individuelle, l'engagement personnel, c'est une éthique, une morale, des institutions. ....

La crise financière n'est pas la crise du capitalisme. C'est la crise d'un système qui s'est éloigné des valeurs les plus fondamentales du capitalisme, qui a trahi l'esprit du capitalisme.
Je veux le dire aux Français: l'anticapitalisme n'offre aucune solution à la crise actuelle. Renouer avec le collectivisme qui a provoqué dans le passé tant de désastres serait une erreur historique.
Mais ne rien faire, ne rien changer, se contenter de mettre toutes les pertes à la charge du contribuable et faire comme s'il ne s'était rien passé serait aussi une erreur historique.

Nous pouvons sortir plus forts de cette crise…… Si  nous faisons l'effort nécessaire pour nous adapter aux réalités nouvelles qui s'imposent à nous. Si nous agissons au lieu de subir.

La crise actuelle doit nous inciter à refonder le capitalisme sur une éthique de l'effort et du travail, à retrouver un équilibre entre la liberté et la règle, entre la responsabilité collective et la responsabilité individuelle. Il faut un nouvel équilibre entre l'Etat et le marché, alors que partout dans le monde les pouvoirs publics sont obligés d'intervenir pour sauver le système bancaire de l'effondrement.

Un nouveau rapport doit s'instaurer entre l'économie et la politique à travers la mise en chantier de nouvelles réglementations…….. Il faut tirer les leçons de la crise pour qu'elle ne se reproduise pas. Nous venons de passer à deux doigts de la catastrophe, on ne peut pas prendre le risque de recommencer.

Si l'on veut reconstruire un système financier viable, la moralisation du capitalisme financier demeure la priorité. Je n'hésite pas à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés. Il y a eu trop d'abus, trop de scandales. Alors ou bien les professionnels se mettent d'accord sur des pratiques acceptables, ou bien nous réglerons le problème par la loi avant la fin de l'année.

Les dirigeants ne doivent pas avoir le statut de mandataire social et bénéficier en même temps des garanties liées à un contrat de travail. Ils ne doivent pas recevoir d'actions gratuites. Leur rémunération doit être indexée sur les performances économiques réelles de l'entreprise. Ils ne doivent pas pouvoir prétendre à un parachute doré lorsqu'ils ont commis des fautes ou mis leur entreprise en difficulté. Et si les dirigeants sont intéressés au résultat, les autres salariés doivent l'être aussi. S'ils ont des stocks options, les autres salariés doivent en avoir aussi ou à défaut bénéficier d'un système d'intéressement.

 Voilà quelques principes simples qui relèvent du bon sens et de la morale élémentaire sur lesquels je ne céderai pas. Les dirigeants perçoivent des rémunérations élevées parce qu'ils ont de lourdes responsabilités. Mais on ne peut pas vouloir être très bien payé et ne pas vouloir assumer ses responsabilités……..
……..Les responsabilités doivent être recherchées et les responsables de ce naufrage au moins sanctionnés financièrement. L'impunité serait immorale. On ne peut pas se contenter de faire payer les actionnaires, les clients et les salariés les plus modestes en exonérant les principaux responsables. Qui pourrait accepter une telle injustice ?
Il faut ensuite réglementer les banques pour réguler le système. Car les banques sont au cœur du système.
Il faut cesser d'imposer aux banques des règles de prudence qui sont d'abord une incitation à la créativité comptable plutôt qu'à une gestion rigoureuse des risques. Ce qu'il faudra dans l'avenir, c'est contrôler beaucoup mieux la façon dont elles font leur métier, la manière dont elles évaluent et dont elles gèrent leurs risques, l'efficacité de leurs contrôles internes…
Il faudra imposer aux banques de financer le développement économique plutôt que la spéculation. …………Il faudra bien aussi se poser des questions qui fâchent comme celle des paradis fiscaux, celle des conditions dans lesquelles s'effectuent les ventes à découvert qui permettent de spéculer en vendant des titres que l'on ne possède pas ou celle de la cotation en continu ……..

…….Mais la remise en ordre du système financier ne serait pas complète si en même temps on ne cherchait pas à mettre un terme au désordre des monnaies.
La monnaie est au cœur de la crise financière comme elle est au cœur des distorsions qui affectent les échanges mondiaux……… Car le producteur français peut faire tous les gains de productivité qu'il veut, il peut à la rigueur concurrencer les bas salaires des ouvriers chinois, mais il ne peut pas compenser la sous-évaluation de la monnaie chinoise. Notre industrie aéronautique peut être aussi performante que possible, elle ne peut pas lutter contre l'avantage de compétitivité que la sous-évaluation du dollar donne aux constructeurs américains.

Je redis donc, à quel point il me paraît nécessaire que les chefs d'Etat et de gouvernement des principaux pays concernés se réunissent avant la fin de l'année pour tirer les leçons de la crise financière et coordonner leurs efforts pour rétablir la confiance. .......Je suis convaincu que le mal est profond et qu'il faut remettre à plat tout le système financier et monétaire mondial, comme on le fit à Bretton-Woods après la Seconde Guerre Mondiale, afin de créer les outils d'une régulation mondiale que la globalisation et la mondialisation des échanges rendent désormais nécessaires. On ne peut pas continuer de gérer l'économie du XXIème siècle avec les instruments de l'économie du XXème. On ne peut pas davantage penser le monde de demain avec les idées d'hier.
Quand…….. le contribuable américain s'apprête à dépenser mille milliards de dollars pour éviter la faillite généralisée, il me semble que la question de la légitimité des pouvoirs publics à intervenir dans le fonctionnement du système financier ne se pose plus !
Oui, il arrive que l'autorégulation soit insuffisante. Oui, il arrive que le marché se trompe. Oui, il arrive que la concurrence soit inefficace ou déloyale. Alors il faut bien que l'Etat intervienne, qu'il impose des règles, qu'il investisse, qu'il prenne des participations, pourvu qu'il sache se retirer quand son intervention n'est plus nécessaire.

Rien ne serait pire qu'un Etat prisonnier de dogmes, enfermé dans une doctrine qui aurait la rigidité d'une religion. Imaginons où en serait le monde si le gouvernement américain était resté sans rien faire face à la crise financière sous prétexte de respecter je ne sais quelle orthodoxie en matière de concurrence, de budget ou de monnaie ?

En ces circonstances exceptionnelles où la nécessité d'agir s'impose à tous, j'appelle l'Europe à réfléchir sur sa capacité…… à repenser ses règles, ses principes, en tirant les leçons de ce qui se passe dans le monde. Elle doit se donner les moyens d'agir quand la situation l'exige et non se condamner à subir. Si l'Europe veut préserver ses intérêts.  Si elle veut avoir son mot à dire dans la réorganisation de l'économie mondiale. Si elle veut se donner les moyens de sortir renforcée et non pas affaiblie de la crise actuelle, elle doit engager une réflexion collective sur sa doctrine de la concurrence qui n'est, à mes yeux, qu'un moyen et non une fin en soi, sur sa capacité à mobiliser des ressources pour préparer l'avenir, sur les instruments de sa politique économique, sur les objectifs assignés à la politique monétaire. Je sais que c'est difficile parce que l'Europe c'est 27 pays, mais quand le monde change, l'Europe doit changer aussi…… …….Pour tous les Européens il est entendu que la meilleure réponse à la crise devrait être européenne. En tant que Président de l'Union, je proposerai des initiatives en ce sens dès le prochain conseil européen.

S'agissant de notre pays, je le dis aux Français qui craignent pour leurs économies déposées dans les banques et les établissements financiers : les banques françaises paraissent en mesure de surmonter les difficultés actuelles, mais si elles devaient êtres mises en difficulté par la spéculation, je n'accepterais pas qu'un seul déposant perde un seul euro parce qu'un établissement financier se révèlerait dans l'incapacité de faire face à ses engagements. Les épargnants qui ont eu confiance dans les banques, dans les compagnies d'assurance, dans les institutions financières de notre pays ne verront pas leur confiance trahie. Ils ne payeront pas pour les erreurs des dirigeants et l'imprudence des actionnaires.
C'est un engagement solennel que je prends ce soir : quoi qu'il arrive, l'Etat garantira la sécurité et la continuité du système bancaire et financier français.

Je le dis avec la même détermination  : si les difficultés actuelles devaient entraîner une restriction du crédit qui priverait les Français et les entreprises, en particulier les PME, des moyens de financer leurs investissements ou d'assurer leur trésorerie, l'Etat interviendrait pour que ces financements puissent être assurés.......
Bien que les ménages français soient en moyenne beaucoup moins endettés que dans la plupart des autres pays développés, l'accès au logement et à la propriété risquent d'être rendus plus difficile du fait de la contraction du crédit, de la hausse des taux d'intérêt et de la diminution d'une offre déjà insuffisante pour répondre aux besoins. La loi de mobilisation pour le logement sera adoptée en urgence. J'y ajouterai des mesures fortes pour que les programmes immobiliers en cours puissent être menés à bien et pour que des terrains appartenant au secteur public soient libérés pour y construire de nouveaux logements, ce qui contribuera à la baisse des prix qui avaient atteint des niveaux excessifs.
Face au ralentissement de l'activité se pose naturellement la question de la relance de notre économie. Cette relance nous l'avons engagée bien avant tous les autres avec les mesures prises il y a un an sur les heures supplémentaires, les intérêts d'emprunt immobilier, les droits de succession, le crédit d'impôt recherche, auxquels se sont ajoutées d'autres mesures importantes comme le déblocage de la participation. Ce soutien apporté à l'activité nous a permis de mieux résister à la crise.

Mais si l'activité venait à reculer fortement et durablement, je n'hésiterais pas à prendre les mesures nécessaires pour la soutenir. Aujourd'hui il faut du sang froid. Se garder de réactions précipitées mais en même temps être prêt à la réactivité.

La crise actuelle est une crise structurelle. Les changements qu'elle annonce sont profonds…….. Le monde change. Nous devons changer avec lui. Nous devons même autant que faire se peut, anticiper le changement. La crise appelle à accélérer le rythme des réformes non à le ralentir…….
……Il faut bien sûr d'abord penser aux plus vulnérables dont la vie devient trop dure et qui souffrent. C'est dans les moments de crise que la solidarité avec ceux qui sont en difficulté doit être la plus forte. C'est la raison pour laquelle, j'ai pris la décision de créer le RSA, d'augmenter le minimum vieillesse, les pensions de réversion les plus modestes et pour les titulaires de minima sociaux, dont le pouvoir d'achat n'est pas garanti contrairement aux allocations familiales et aux retraites, d'accorder une prime exceptionnelle pour compenser le retard sur l'évolution réelle des prix.

Quand on veut dire la vérité aux Français, il faut la leur dire jusqu'au bout et la vérité c'est que l'Etat ne peut pas indéfiniment financer ses dépenses courantes et ses dépenses de solidarité par l'emprunt. Il faut bien un jour payer ses dettes.

L'argent de l'Etat c'est l'argent des Français. Ils ont travaillé trop dur pour le gagner pour que l'on ait le droit de le gaspiller.
Pour retrouver des marges de manœuvre pour préparer l'avenir, les dépenses de fonctionnement de l'Etat doivent diminuer. L'année prochaine c'est un total sans précédent de 30 600 emplois qui seront supprimés dans la fonction publique. La révision générale des politiques publiques continuera à produire ses effets. La réforme de l'hôpital permettra d'améliorer l'accès aux soins et leur qualité tout en supprimant des dépenses inutiles. Les agents hospitaliers seront intéressés à l'équilibre de leur budget et partout les fonctionnaires seront associés aux gains de productivité dans la fonction publique. C'est une véritable révolution culturelle qui se met ainsi en place et qui va modifier en profondeur les comportements.
Après la remise à plat de la carte judiciaire et les restructurations militaires, il faut aller plus loin dans la réorganisation de nos administrations et de nos services publics. Nous allons engager la deuxième étape de la réforme de l'Etat dès l'année prochaine.
Le grand chantier de la réforme de nos administrations locales sera ouvert dès le mois de janvier. Le moment est venu de poser la question des échelons de collectivités locales dont le nombre et l'enchevêtrement des compétences est une source d'inefficacité et de dépenses supplémentaires. La compétitivité de notre économie est capitale. Elle ne peut supporter un poids excessif de dépenses publiques.

Mais dans la situation où se trouve l'économie je ne conduirai pas une politique d'austérité qui aggraverait la récession. Je n'accepterai pas des hausses des impôts et des taxes qui réduiraient le pouvoir d'achat des Français. Mon objectif est de rendre du pouvoir d'achat aux Français non de leur en prendre.
Je n'accepterai pas d'augmenter les charges qui pèsent sur les entreprises parce que ce serait affaiblir leur compétitivité quand, au contraire, il faudrait la renforcer. ……..La France ne s'en sortira pas en investissant moins mais en investissant plus. C'est la raison pour laquelle désormais de nouveaux investissements seront exonérés de la taxe professionnelle qui les pénalise. Une grande concertation sera organisée avec les collectivités locales pour que soit trouvée une ressource de remplacement qui ait moins d'effets nocifs sur l'économie. ...
La France s'en sortira non en travaillant moins mais en travaillant plus. Tout doit être fait pour encourager le travail que depuis des décennies on s'efforce par tous les moyens de décourager.

 Avec la réforme des 35 heures, avec la détaxation des heures supplémentaires, le maintien des exonérations de charges sur les bas salaires, l'instauration du RSA, la relance à venir de la participation et de l'intéressement, c'est toujours le même but qui est poursuivi : faire en sorte que le travail coûte moins cher à l'entreprise, que le travail paye, que le travail soit libéré.
La crise doit nous inciter à aller plus loin et plus vite dans les réformes….. La loi à venir sur la participation et l'intéressement s'inscrit exactement dans cette perspective de rééquilibrage entre le capital et le travail. Ne pas donner tous les bénéfices aux dirigeants et aux actionnaires, en destiner une part plus grande à ceux qui par leur travail créent la richesse, redonner du pouvoir d'achat aux travailleurs sans alourdir les charges fixes de l'entreprise et ainsi remettre le capitalisme à l'endroit, voilà à côté du RSA l'autre révolution qu'il nous faut entreprendre.
Est-il besoin d'ajouter que dans la situation actuelle de l'économie mondiale, tout ce qui pourrait contribuer à alourdir le coût du travail serait suicidaire ?
Réduire les exonérations de charges sur les salaires ce ne serait pas reprendre un cadeau fait aux entreprises, ce serait contribuer à détruire de l'emploi au moment même où le ralentissement de la croissance fait repartir le chômage à la hausse et où la concurrence des pays à bas salaire ne cesse de s'intensifier.
Financer le RSA en taxant le travail aurait eu le même effet.
   J'assume donc la décision de financer le RSA en taxant légèrement les revenus financiers qui depuis des années augmentent plus vite que les revenus du travail. C'est une décision juste et raisonnable. Elle ne remet pas en cause l'objectif de baisse globale des prélèvements, puisque les diminutions d'impôts et de charges décidées depuis 15 mois l'emportent de plus de 10 milliards sur les hausses. Et au fur et à mesure qu'un nombre croissant de ceux qui jusqu'à présent étaient piégés par l'assistance sera incité à reprendre un travail, la taxe sur les revenus de l'épargne sera diminuée.
L'autre figure du capitalisme qu'il faut réhabiliter c'est celle de l'entrepreneur. Au capitalisme financier il faut opposer le capitalisme des entrepreneurs. A côté de la valeur travail, il faut remettre l'esprit d'entreprise au cœur du système de valeur de l'économie. C'est toute la philosophie de la loi de modernisation de l'économie et ce sera l'autre priorité de la politique économique dans l'avenir.
Si nous manquons d'entrepreneurs capables d'inventer l'économie de demain, ce n'est pas parce que les Français seraient plus dépourvus que les autres d'esprit d'entreprise mais parce que tout a été fait pour empêcher les Français d'entreprendre comme tout a été fait pour les empêcher de travailler.
Opposer l'effort du travailleur à l'argent facile de la spéculation, opposer l'engagement de l'entrepreneur qui risque tout dans son entreprise à l'anonymat des marchés financiers, opposer un capitalisme de production à un capitalisme de court terme, accorder une priorité à l'industrie au moment où l'étau de la finance se desserre, voilà tout le sens de la politique économique que je veux conduire.

Dire la vérité aux Français, c'est leur dire que nous passons d'un monde d'abondance à un monde de rareté. C'est-à-dire d'un monde où l'on utilisait les ressources naturelles comme si elles étaient inépuisables à un monde où l'épuisement à venir des ressources naturelles sera une préoccupation de tous les jours.
Dans le monde de la rareté, il va falloir payer plus cher le pétrole, le gaz, les matières premières.  Les Français devront produire autrement, consommer différemment. Ils devront apprendre à faire constamment des efforts pour économiser les ressources rares qui ne peuvent plus être gaspillées.  La pollution et le réchauffement climatique menacent l'avenir de la planète. Chacun va devoir faire des efforts, changer de comportement pour polluer moins.

 Si l'on ne veut pas que des catastrophes écologiques débouchent sur des déplacements massifs de populations et des catastrophes humaines et politiques, si l'on veut éviter la violence qu'engendrerait fatalement le manque d'eau et de terres cultivables, alors il faut que chacun assume les conséquences de ses choix, il faut que chacun supporte les coûts de ses décisions et paye le juste prix de ce qu'il consomme.

 
Dans le monde de demain le principe pollueur-payeur devra s'appliquer partout si nous ne voulons pas léguer aux générations futures un monde invivable.  S'il faut moins taxer l'investissement, moins taxer le travail, moins pénaliser l'effort et la réussite, moins taxer les produits propres, il faut en revanche davantage taxer la pollution.

 Utiliser la fiscalité pour relever le défi écologique, c'est indispensable si l'on veut inciter à un changement profond des comportements. Si dans la situation actuelle où tant de Français se trouvent confrontés à une baisse de leur pouvoir d'achat, il est exclu de renchérir les produits de grande consommation, je veux dire à quel point je crois que le système du bonus-malus est un bon système. .....Ce système extrêmement incitatif du bonus-malus qui permet de gagner des années dans le changement des modes de consommation sera étendu à d'autres produits.  J'en prends l'engagement. Comme je prends l'engagement solennel que toutes les conclusions du Grenelle de l'environnement seront mises en œuvre…… Je crois à la croissance durable.

Ce que nous avons décidé de faire est très ambitieux. .... C'est une véritable transformation de notre modèle économique et social et de notre cadre de vie qui va s'accomplir dans les années qui viennent.
La mise en œuvre du Grenelle de l'environnement c'est la multiplication par 4 de nos capacités de transports en commun en sites propres, la construction de 2000 kilomètres de lignes à grande vitesse supplémentaires, les autoroutes ferroviaires, les autoroutes maritimes, un milliard d'euros dans la recherche en matière de développement durable à l'horizon 2012, la rénovation de tout le parc des logements sociaux et des bâtiments publics pour les adapter aux exigences d'économie d'énergie.
Toutes ces dépenses nouvelles seront gagées sur les futures économies d'énergie et elles exerceront sur notre activité un formidable effet d'entraînement. Il ne s'agira pas cette fois-ci de sacrifier l'avenir au présent, mais au contraire de mettre notre pays dans la meilleure situation possible pour affronter l'avenir.

Nous allons développer massivement les programmes de recherche dans les nouvelles sources d'énergie, les technologies propres, les nouveaux systèmes de transport comme la voiture électrique. Le remplacement de nos centrales nucléaires par les centrales de la nouvelle génération sera accéléré. Tout sera mis en œuvre pour que le programme des infrastructures de transport collectif soit effectivement engagé le plus rapidement possible. Je veux que soit mis à l'étude un grand plan de rénovation des infrastructures des transports collectifs dans les grandes villes où la situation est devenue souvent critique. L'Etat est prêt à y jouer son rôle à côté des collectivités locales, en prenant sa part dans le financement.
Dire la vérité aux Français, c'est leur dire  que……. nous ne pouvons plus attendre pour investir dans la formation, dans la recherche, dans l'innovation. Nous ne pouvons plus attendre pour accomplir la révolution numérique.

C'est la raison pour laquelle j'ai voulu que notre système de formation professionnelle soit entièrement repensé. Cette réforme de la formation professionnelle qui fait l'objet d'une négociation entre les partenaires sociaux, je veux qu'elle soit ambitieuse et surtout qu'elle soit rapidement mise en œuvre. Je veux que des décisions soient prises avant la fin de l'année.

C'est la raison pour laquelle j'ai voulu que nos universités soient autonomes et qu'une partie du capital d'EDF a été vendue pour financer la rénovation de nos campus. C'est également la raison pour laquelle nous allons donner aux universités la propriété intellectuelle de leurs découvertes et leur donner les moyens de les valoriser.
C'est la raison pour laquelle le crédit d'impôt recherche a été porté à 30%, notre appareil de recherche va être réformé et une stratégie nationale de recherche va être définie.
Les priorités budgétaires traduisent cet engagement vis-à-vis de l'enseignement et de la recherche : plus un milliard par an pour l'enseignement et plus de 800 millions par an pour la recherche.

Tous ces défis sont immenses. Mais notre pays peut les relever. J'ai confiance dans les Français. J'ai confiance dans les atouts de la France. J'ai la certitude que nos réformes en porteront leurs fruits. J'ai la certitude que par notre travail, nous saurons faire notre place dans le monde du XXIème siècle…..

Jamais depuis 1958 autant de changements n'ont été accomplis en si peu de temps. Quand la situation économique mondiale redeviendra meilleure nous en verrons tous les fruits sur l'équilibre de nos finances, sur l'emploi, sur le pouvoir d'achat et sur le bien-être de chacun.

Je suis déterminé à poursuivre la modernisation de notre économie et de notre société quelles que soient les difficultés parce que nous n'avons plus le choix parce que nous ne pouvons pas attendre…….Nous avons le choix de subir ce changement ou d'en prendre la tête. Mon choix est fait.

Françaises, Français, au milieu des difficultés nous devons précéder la marche du monde et non la suivre.        Vive la République ! Vive la France !

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7 septembre 2008 7 07 /09 /septembre /2008 12:33



La Gauche Moderne  est un parti de gauche, animé par Jean-Marie Bockel,  qui a choisi de soutenir la politique de réforme juste voulue et appliquée par le Président de la République.  C’est encore un petit parti, mais un parti qui a une grande ambition, être l’acteur principal de la rénovation de la gauche,  en rénovant ses idées, son projet, son programme.

 

 

Nous devons d’abord admettre que  la mondialisation est un fait qu’il est  vain de nier.  Si nous devons nous protéger des menaces qu’elle recèle, comme la financiarisation à outrance de l’économie, nous devons savoir saisir les opportunités de développement qu’elle nous offre.

             En encourageant le rôle régulateur des institutions internationales, les programmes internationaux de recherche et les mécanismes d’aide au développement, nous en ferons le cadre où se développeront des politiques coordonnées  de réduction des inégalités,  de développement durable, de protection des ressources naturelles et d’utilisation de nouvelles sources d’énergie.

  

L’Union Européenne contribuera à cet objectif de bonne gouvernance mondiale et de développement équilibré, en s’affirmant comme  un acteur influent de la scène internationale.  La volonté de coopération internationale multiforme, politique, économique, environnementale et pour la paix,  la défense exigeante des droits de l’Homme,  la  solidarité avec les Etats-Unis dans leur lutte  contre le terrorisme, la concrétisation du projet d’Union   pour la Méditerranée,  l’affirmation d’une politique européenne d’immigration concertée et de co-développement, en seront tout à la fois  les bases et les outils.

 

            Nous voulons une Europe politique, dotée  d’institutions démocratiques lui permettant  de décider et de développer des politiques communes.  Nous voulons  asseoir son modèle économique et  social sur le dynamisme économique, la flexisécurité, et la lutte contre les inégalités,   réorienter les efforts budgétaires et les investissements vers les secteurs d’avenir, vers la recherche et l’innovation, la formation,  la solidarité inter régionale.

           

 

Sur le plan national, nous voulons un Etat centré sur ses missions essentielles, avec une place particulière donnée à l’éducation, à la justice, à la sécurité, qui est un droit pour le citoyen  et exige politique de prévention, fermeté dans la sanction, aide à la réinsertion.

            Nous voulons un Etat qui, agissant par l’orientation, l’incitation, l’évaluation, plus que par la réglementation, soit doté d’une administration aux statuts moins rigides  et dans laquelle puissent être valorisées,  l’initiative et la responsabilité. Un Etat  aux dépenses de fonctionnement limitées, retrouvant  la capacité de dégager des marges de manœuvre budgétaires, au bénéfice des politiques sociales et des investissements d’avenir.   Nous faisons le choix d’une organisation régionalisée. Les collectivités locales seront dotées de compétences étendues et  exclusives, soutenues par des ressources propres.  Contre le dogme stérilisant de l’uniformité, la diversité de structure et de fonctionnement deviendra une réalité et la plus grande place sera accordée aux initiatives et  aux interventions des acteurs locaux et du monde associatif.

  

Nos  services publics répondront d’autant mieux à leurs objectifs d’utilité sociale et de solidarité, comme   aux nécessités de l’efficacité, qu’ils pourront  disposer  d’une large  autonomie  de moyens et de décision, et  qu’ils s’inscriront dans le cadre d’une concurrence régulée, comme d’une coopération public/privé étendue.

 

 

Nous voulons favoriser le rôle positif du marché, créateur de richesses, tout en permettant à une régulation d’en corriger, si nécessaire, les injustices et les incohérences.  Nous voulons une concurrence loyale, source de créativité, condition de la croissance et des  gains de pouvoir d’achat et  qui, en s’opposant aux situations héritées et de monopole, facilite   la  mobilité et la promotion sociale. C’est la libération des énergies, l’initiative, la concurrence qui permettront le développement.  C’est le développement qui nous donnera les moyens de la solidarité.

 

 Refusant l’égalitarisme formel, les politiques de redistribution non ciblées, nous voulons une égalité des chances ou   une « égalité des possibles » permettant à chacun de maîtriser son destin.  Pour corriger concrètement les inégalités, nous  concentrerons les moyens de la solidarité  d’abord sur les plus vulnérables, nous défendrons la proportionnalité des contributions et  le versement des prestations sous condition de ressources,  nous lutterons contre toutes les discriminations.

 

             Nous refusons les situations acquises, les privilèges, les statuts rigides et  exagérément protecteurs.  L’éducation et la formation, l’incitation à l’emploi, le soutien aux initiatives dans nos villes et nos banlieues, devront permettre à chacun  d’avoir sa chance, et d’en retrouver une en cas d’échec.  Notre  politique sociale se doit d’être  d’abord    un tremplin, avant d’être, lorsque nécessaire, un filet de sécurité.

 

            Pour permettre à la France de poursuivre   sur le chemin du plein emploi, nous privilégierons la flexisécurité,  la responsabilisation des acteurs, le soutien aux  individus plus que la protection des activités ou des  emplois condamnés. Une politique de croissance durable, la formation tout au long de la vie, l’incitation à la responsabilité et à la mobilité, l’assouplissement négocié du droit du travail, la conditionnalité des aides et des prestations en seront les principaux moyens.

 

 

C’est sur ces bases, adoptées par la plupart des mouvement sociaux démocrates et sociaux libéraux d’Europe, que se fera la rénovation de la gauche.  Or cela n’est pas envisageable pour le parti socialiste. Non pas que ses leaders soient moins intelligents ou moins imaginatifs que les autres, mais parce que la situation politique dans laquelle ils sont placés le leur interdit.

  

             D’abord parce que la majorité de leurs militants, comme  leur clientèle politique (majoritairement agents de la fonction publique et employés moyennement qualifiés) craignant d’être les victimes du changement qu’une rénovation impliquerait, s’accrochent à leurs statuts ou à leurs  droits acquis. Le parti socialiste qui n’a jamais fait vis-à-vis d’eux la pédagogie nécessaire, ne prendra pas le risque de les inquiéter et de perdre leur vote. 

Ensuite parce que les socialistes  ne peuvent se passer au 2ème tour, des voix du PC, des divers alter mondialistes, et de celles de l’extrême gauche. Or ces mouvements n’accorderont jamais leur soutien à un parti qui se prononcerait pour une politique du type de celle indiquée plus haut. Le PS, (en admettant qu’il le veuille ce qui est loin d’être évident), ne pourra donc pas s’engager de manière sérieuse sur la voie de la rénovation.

Or, en France comme ailleurs, cette rénovation se fera. Elle ne pourra donc venir que d’un mouvement dégagé de cette clientèle et de ces alliances qui conduisent à l’immobilisme.

 

 La Gauche Moderne qui tiendra, le dernier week end de novembre à Saint Denis,  son congrès fondateur, peut et veut  être le parti qui  rassemblera tous ceux qui sont prêts à ce choix courageux et indispensable de la rénovation de la gauche et veulent contribuer au succès de la politique de réforme juste, dans le cadre de la majorité présidentielle.

 

Marc d’Héré

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5 septembre 2008 5 05 /09 /septembre /2008 12:01
Par Alain Duhamel, Le Point du 04 09 08....



Contrairement à ce qui se dit beaucoup,
l'essai retentissant que Jean Peyrelevade consacre à la politique économique du chef de l'Etat sous le titre : « Sarkozy : l'erreur historique » (1) ne relève pas du pamphlet mais du réquisitoire. L'ancien président du Crédit lyonnais et actuel principal conseiller de François Bayrou en matière économique n'y va certes pas par quatre chemins.

S'il reconnaît au président de la République de grandes qualités personnelles, il l'accuse sans prendre de gants de se fourvoyer sur l'essentiel. Pour Jean Peyrelevade, Nicolas Sarkozy s'attaque certes avec résolution à une multitude de blocages économiques, mais il lance une offensive désordonnée contre des objectifs secondaires au lieu de concentrer ses efforts sur les problèmes centraux. Pis : l'homme de l'Elysée se tromperait radicalement non pas de diagnostic-Peyrelevade lui concède la lucidité-mais de thérapeutique. En un mot comme en cent, Nicolas Sarkozy tomberait dans l'éternel travers français : la relance par la demande et non par l'offre. Il ne tirerait pas les conséquences du fait que la priorité des priorités est de restaurer la compétitivité des entreprises industrielles françaises et non d'augmenter le pouvoir d'achat.
Pour Jean Peyrelevade, le mal français vient de ce que, depuis des années, le pouvoir d'achat progresse plus vite que la croissance ou que la productivité. La marge des entreprises industrielles tricolores serait ainsi la plus faible d'Europe et, contrairement à une idée reçue, cela fait des années que les salariés profitent plus que les entreprises de la croissance, assure-t-il. Pour le banquier venu de la gauche, c'est l'abomination de la désolation.

Il y a de quoi exaspérer la droite et désespérer la gauche dans les thèses de Jean Peyrelevade. Le remède du docteur Peyrelevade consiste en effet à purger le malade, c'est-à-dire à ponctionner le pouvoir d'achat pour restaurer la marge des entreprises, à augmenter la fiscalité sur les particuliers pour alléger celle des entreprises, à augmenter drastiquement les cotisations de la Sécurité sociale, à diminuer autoritairement les déficits publics. Tout cela est présenté avec une parfaite clarté, en s'appuyant sur un appareil impressionnant de statistiques, d'indices et de rapports. Il s'agit donc d'une charge en règle mais pas d'un libelle. Peyrelevade n'est pas un folliculaire mais un terrible procureur. A côté de lui, Raymond Barre serait passé pour laxiste et Nicolas Baverez a l'air d'un optimiste irrépressible.

Ce qui est cependant gênant dans cet essai, c'est l'esprit de système et une certaine arrogance intellectuelle. Cela conduit Jean Peyrelevade à minimiser méthodiquement l'effet des réformes sarkoziennes, à contester toute compétence, voire tout sérieux aux hommes politiques-des amateurs-et à s'attribuer pratiquement le monopole des connaissances en macroéconomie. En somme, l'auteur ne croit qu'au gouvernement des experts, sous sa houlette intellectuelle. Il a l'orgueil d'un saint-simonien du XXIe siècle.

Alain Duhamel, dans Le Point du 04 09

1. « Sarkozy : l'erreur historique », de Jean Peyrelevade (Plon, coll. « Tribune libre », 200 pages, 18 E).

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16 août 2008 6 16 /08 /août /2008 17:00

Mon intervention lors de la journée nationale de Gauche Moderne du 29 juin. (Nouvelle publication)....

 

 

 Avec La Gauche Moderne, nous avons fait, il y a un an,  le choix de nous engager dans  la majorité présidentielle, et, malgré les difficultés du temps, malgré les « couacs », les maladresses ou les erreurs commises,  nous le confirmons, clairement.

 

Si nous avons fait ce choix, pas forcément évident pour des citoyens  à la sensibilité de gauche, c’est parce que l’on pensait (et on le pense toujours) que Nicolas Sarkozy serait capable, plus capable certainement que la gauche et les socialistes, de faire aboutir les réformes dont la France et les Français avaient besoin, de mener les politiques qui nous paraissaient nécessaires.

   

C’était :

 

La réforme d’un Etat, qui doit se  centrer sur ses missions essentielles, limiter ses  dépenses pour nous permettre de  retrouver des marges de manœuvre, notamment sociales,

 

la réforme des services publics comme l’éducation ou la santé que nous voulons tout à la fois, plus autonomes, moins coûteux et plus efficaces,

 

la réforme des retraites, dont nous savions qu’elle était difficile mais inéluctable,

 

le développement économique, condition de la solidarité, en favorisant l’initiative et la responsabilité, en  jouant le jeu d’une concurrence égale et loyale, en facilitant les partenariats public/privé,

 

une politique sociale capable de  cibler ses priorités, et qui loin d’une assistance démobilisatrice permette une égalité des chances ou mieux une   « égalité des possibles ».Une politique sociale qui soit un tremplin avant d’être si nécessaire un filet de sécurité,

 

une politique pour l’emploi qui réponde aux exigences de la flexisécurité, action emblématique du social-libéralisme, en permettant la liberté des entreprises et la sécurité  des salariés (et vice versa…),

 

une relance de l’Europe….

 

Il nous est apparu que ces changements, la gauche était dans l’incapacité de les réaliser, et que seul Nicolas Sarkozy pouvait y parvenir.

 

Nous en avons clairement pris conscience, la réforme a changé de camp.

 

La gauche ne peut pas faire les réformes que nous envisageons et elle ne le pourra pas. Non pas parce que ses leaders seraient moins intelligents ou moins imaginatifs que les autres, mais parce que la situation politique dans laquelle elle se place le lui interdit.

 

            D’abord parce que la majorité de ses militants, comme  sa clientèle politique (fonctionnaires et employés) craignant d’être les principales victimes du changement, s’accrochent à leurs statuts ou à leurs  droits acquis. La gauche, qui n’a jamais fait vis-à-vis d’eux la pédagogie nécessaire et a toujours choisi la défense de ces situations acquises ne prendra certainement pas le risque de les inquiéter et de perdre leur vote.  C’est la première raison. 

Ensuite parce que la gauche socialiste a impérativement besoin au 2ème tour, des voix du PC, des verts extrémistes, et même de celles l’Extrême Gauche…Or ces électeurs n’accorderont JAMAIS leur soutien à un parti qui se prononcerait pour des réformes économiques et sociales  telles qu’indiquées ci-dessus. En aucun cas. Soyons- en persuadés, malgré ses gesticulations, la gauche ne choisira pas, ne pourra pas choisir la réforme.

 

Alors, oui, la réforme a changé de camp. Non pas qu’elle soit passée à droite ; la droite traditionnelle, la vieille droite réac ou Gaullo- Chiraco-Villepiniste, n’en veut pas non plus (et on voit les difficultés que rencontre le gouvernement avec une partie de l’UMP), mais la réforme est représentée aujourd’hui par  Nicolas Sarkozy, soutenu par les réformateurs, les modernistes, les sociaux libéraux. 

 

 Nous le  soutiendrons d’autant mieux (et d’autant plus facilement) que les  réformes   répondront  à la définition qu’a toujours donnée Jean-Marie Bockel de ce qui est au cœur de nos choix et de notre action: LA REFORME JUSTE, c'est-à-dire à la fois efficace, équitable, solidaire.

 

Défendant cette conception de la réforme et du changement nous faisons non seulement un choix éthique, un choix militant  de gauche, nous faisons aussi  celui de l’efficacité.

 

On le sait, les réformes ne sont acceptées, et ne produisent vraiment leurs effets  que quand elles sont justes, ou, ce qui revient au même, quand elles sont ressenties comme telles.

 

Or, disons-le, ce n’est pas tout à fait le cas aujourd’hui où existe et se répand dans l’opinion le sentiment que les riches ne contribuent pas assez. Plus ou moins vrai, plus ou moins faux, en tous cas le sentiment que seules les classes moyennes ou les défavorisés sont mis à contribution et que les plus aisés sont épargnés, se répand. 

 

Il faut changer cela, il faut  donner un signe fort et visible.

 

Il faut faire admettre par le Président, le gouvernement, la majorité, (et Jean-Marie Bockel,  avec l’appui de La Gauche Moderne, est, avec d’autres, bien placé pour cela),… de prendre des mesures financières et fiscales, qui touchent les plus aisés, qui fassent clairement contribuer les plus riches à l’effort commun. On peut proposer deux types de mesures: la taxation des stock options, et la limitation des niches fiscales.

 

L’action de La Gauche Moderne en faveur de la Réforme juste se déploiera alors  de deux manières :

 

Pour le  court terme en obtenant que soit décidée cette nécessaire contribution financière  et visible des plus aisés aux efforts de tous. 

 

Pour  le moyen terme en travaillant sur les réformes à venir, en  faisant  des suggestions, des propositions afin d’obtenir qu’elles soient les plus justes et les plus solidaires possibles.

 

Agissant dans ce sens, nous serons fidèles à notre idéal de gauche mais nous serons  aussi les meilleurs soutiens de Nicolas Sarkozy et de ses réformes, qui sont aussi les nôtres, parce qu’on leur  aura permis d’être acceptées.

 

Oui,  La Gauche Moderne  soutient l’action du Président de la République et elle la soutient d’autant mieux qu’elle veut, en la rendant plus juste, plus équitable, plus solidaire lui donner toutes les chances d’être acceptée et donc de réussir.

 

Marc d’Héré

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14 août 2008 4 14 /08 /août /2008 08:01
Un article  déjà ancien, que je reprends dans ce creux de l'été, propice à la réflexion...



Pour restaurer sa légitimité face aux mutations du monde contemporain, la gauche, ou sa  composante la plus moderniste,  doit incarner une ambition collective en s’affirmant  force de propositions et initiatrice  d’actions adaptées aux nouveaux enjeux. Elle doit pour cela se rénover profondément dans ses idées comme dans ses projets, sans craindre de remettre en cause certaines modalités d’action  qui avec le temps ont été  considérées comme des principes intangibles, alors qu’elles  n’étaient  en réalité que des moyens pour atteindre des buts, qui eux  demeurent constants.
 

La  pensée traditionnelle  de gauche  considère  comme des idéaux ou des objectifs, et donc comme intouchables,  des concepts qui n’étaient que   des moyens définis dans les années quarante, comme la gestion étatique des services publics,  l’interventionnisme   de l’Etat, le statut de la fonction publique,  les mesures strictement égalitaires  ou le recours à  l’assistance.  Elle a,  pour cette raison, hésité à   les remettre en cause, ou l’a fait  avec un sentiment de culpabilité qui retarde  ou interdit les politiques nouvelles indispensables. Lorsque  Tony Blair écrivait   :    « nous avons confondu les fins et les moyens, tolérant qu’un ensemble d’outils économiques éclipsent les buts qu’ils étaient censés servir »[1], il touchait un point central de la critique qui peut être apportée à l’action de  la gauche et dessinait en creux l’objectif d’une nécessaire modernisation. Admettre le découplage entre les fins et les moyens, et en comprendre la nécessité  permet de se libérer du carcan de dogmes pesants, de se doter d’une liberté d’action sur les plans économiques et politiques, de se retrouver en phase avec l’évolution du monde et de la société. 

Nous devons repartir des objectifs fondamentaux qui sont ceux de la gauche et trouver, pour les concrétiser,  les moyens de notre temps.

 L’alliance entre le libéralisme et la justice sociale est souvent considérée  comme contre nature, et le libéralisme économique, notamment, parait  incompatible avec les objectifs de la gauche.  Nous voulons mettre  au contraire en évidence que cette  alliance  est possible, qu’elle est même sans doute nécessaire à la réalisation dans le monde d’aujourd’hui des finalités et des valeurs de la gauche. Depuis trente ans, l’anti-libéralisme est devenu, en France,  la pensée uniforme  à gauche comme à droite. Il s’agit pour nous de lutter contre cette « trouble évidence »  et de montrer à quel point cette intégration des idées libérales au socialisme peut le renouveler et lui apporter une efficacité nouvelle[2]. 

Tout au long de son histoire, d’ailleurs,  le socialisme s’est enrichi de nombre  d’idées venant du libéralisme, de la même manière que le libéralisme s’est d’une certaine manière   socialisé. Le libéralisme a reconnu les risques de l’injustice sociale engendrée par une liberté trop absolue, les dangers que la libre initiative sans contrôle ou la concurrence non régulée  pouvait faire courir à la cohésion sociale. Le socialisme moderne a su accepter le marché et la propriété, de la même manière qu’il est devenu plus soucieux de l’autonomie des individus et du rôle essentiel  qui peut être celui des pouvoirs intermédiaires. Socialisme et libéralisme peuvent cheminer de concert et s’épauler dans la recherche du progrès social. C’est  leur combinaison qui  donnera une modernité et une capacité créatrice nouvelle à ces deux concepts anciens.    

Sociaux-libéraux, nous ne pouvons continuer à  soutenir les principes d’un socialisme émollient qui confond justice sociale et assistance, qui ne comprend la régulation que globale et émanant de l’Etat,  qui veut limiter  le  recours à l’initiative et à la prise de responsabilité  parce qu’il  en craint les abus.  L’expérience nous permet d’affirmer au contraire  que c’est la liberté de la personne, l’engagement individuel et  collectif, qui ouvrent la voie au progrès et à  de nouvelles formes de justice sociale. L’initiative et la concurrence favorisent l’innovation et  sont, pour une société, des facteurs de dynamisme. La  compétitivité économique n’est pas l’antithèse de la cohésion sociale, elle peut même la favoriser.  L’abandon d’une  réglementation centralisée des rapports sociaux et économiques au profit du  contrat et de la négociation entre partenaires responsables, peut permettre de  reformer ce lien social qu’un Etat interventionniste tend à dissoudre. L’aide gagne en  efficacité, y compris pour ceux qui en bénéficient, si au lieu d’être   apportée de manière globale et automatique, elle est  ciblée et adaptée aux publics, aux individus qui en ont besoin et se présente comme un tremplin. 

Le refus des principes dépassés du socialisme, ne nous situe pas pour autant dans le camp des thuriféraires du capitalisme,  l’ensemble de nos propositions a même   pour objet de lutter contre  la dureté et l’injustice qu’il provoque.  Avec Lucien Jaume nous pensons qu’on ne peut assimiler le  libéralisme - et encore moins le socialisme  libéral - à un capitalisme débridé, comme les tenants du politiquement correct, de droite ou de gauche,  ont tendance à le faire ou à un ultra libéralisme synonyme d’absence de règles et de loi du plus fort.

Le libéralisme économique lui-même  qui repose sur l’échange, la concurrence égale, l’édiction de  normes permettant le fonctionnement libre et juste   du marché  a trop souvent été purement et simplement  assimilé au capitalisme, à sa  logique de puissance, d’accumulation ilimitée de richesses et  de destruction de l’échange, de concentrations tendant au monopole, à ses excès. Vouloir  bénéficier du dynamisme qu’il apporte, utiliser sa force motrice,  n'empêche pas d’agir pour limiter sa brutalité ainsi que  son emprise – et celle de l’argent – sur la société. 
 

Notre vision est celle d’un humanisme actif qui, faisant appel à la responsabilité de chacun, ouvre un large champ d’autonomie et d’épanouissement personnel,  d’initiatives sociales  et d’actions transformatrices. Elle exprime  une confiance en l’homme et en  ses facultés d’initiative, une confiance  dans la capacité d’une société libre à affronter le présent et à s’engager, de manière plus dynamique sur la voie du futur.


Marc d’Héré   

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30 juillet 2008 3 30 /07 /juillet /2008 10:29
Un texte de Philippe Val, que m' a adressé  PI de Verneuil, un lecteur de ce blog. Déjà publié le 31 juillet, beaucoup d'entre vous ne l'ont sans doute pas lu, je le publie à nouveau...


paru dans Charlie Hebdo, le 31 août 2005.

La famille de gauche est divisée en deux sous-familles, les traîtres et les crétins. Et le divorce menace. Depuis longtemps. Depuis la création de la SFIO en 1905. Jules Guesde, issu du courant marxiste, a été le premier crétin historique officiel, et Jean Jaurès, le fondateur, le premier traître. Les traîtres et les crétins se sont succédé, combattus, alliés, pendant un siècle. Oui, nous fêtons cette année le centenaire de cette longue scène de ménage à côté de laquelle Qui a peur de Virginia Woolf ? ressemble à La vie en rose.

Jaurès a tout de suite analysé l'origine du ressentiment : l'affaire Dreyfus. Guesde voulait qu'on laissât la bourgeoisie régler ses problèmes toute seule, l'affaire Dreyfus étant une affaire bourgeoise. C'était un crétin. Jaurès s'est engagé dans la défense d'un capitaine juif d'origine bourgeoise. C'était un traître. Jaurès a tout de suite compris que l'entrée du socialiste Millerand dans le gouvernement bourgeois de Waldeck-Rousseau en 1899 n'était qu'un prétexte pour les guesdistes, qui ne digéraient pas les dreyfusistes.

Jusqu'en 1920, bon an mal an, les traîtres et les crétins cohabitèrent au sein de la SFIO. Puis ce fut de nouveau le divorce, et la création du Parti communiste par les crétins qui ne voulaient pas faire le jeu du traître Léon Blum. Blum était traître car il ne croyait pas à la nécessité de la suspension des droits démocratiques pour réussir une révolution bolchevique. Et Marcel Cachin était un crétin qui, après un voyage dans la Russie des soviets, revint convaincu qu'après quatre ans de guerre mondiale une bonne dictature ferait du bien aux survivants.

Dans les années trente, certains crétins entamèrent une nouvelle procédure de divorce, parce que le traître Blum n'était pas assez radical. C'est ainsi que naquit le Parti populaire français du crétin Jacques Doriot, vieux militant socialiste exclu du Parti des traîtres en 1934 pour avoir constitué une aile radicale, une sorte de parti altermondialiste avant la lettre. On le retrouve à Radio Paris pendant la guerre, puis il fonde la Légion des volontaires français, qui va donner un coup de main à l'armée allemande sur le front russe. C'est sous l'uniforme allemand qu'il meurt sous la mitraille alliée en 1945. Après la guerre, pour aller vite, il a fallu toute l'habileté du traître Mitterrand pour réussir à mettre dans sa poche les crétins qui soutenaient Staline. Comme beaucoup de traîtres, Mitterrand était un visionnaire. Il avait deviné que les immenses territoires que l'on appelait le Bloc communiste finiraient par se libérer des crétins qui les opprimaient. A l'époque, historiquement parlant, le crétinisme était déclinant. Et s'allier avec un mouvement en voie d'effondrement ne mangeait pas de pain. En gros, les crétins n'avaient pas tellement le choix. Refuser la main tendue des traîtres, c'était se résoudre à l'impuissance, puis à la disparition. Lorsque, effectivement, le communisme s'effondra, il se produisit une chose que les traîtres n'avaient pas prévue. L'emprise territoriale du communisme disparut en effet, si l'on fait exception de ses résidus mutants que sont les régimes chinois, nord-coréen et cubain, mais, en revanche, le crétinisme survécut.

Mieux encore : tant que le crétinisme régnait en maître de l'autre côté du rideau de fer, les traîtres avaient beau jeu d'utiliser comme repoussoir tous ses échecs : économie en ruine, absence de libertés publiques, répression massive. Le crétinisme en action ne cessait de prouver qu'au fond les traîtres avaient raison. C'est ce qui a fait la fortune de la social-démocratie à partir des années 70. Pour ceux qui n'auraient pas encore compris, la social-démocratie est à la traîtrise ce que la Bible est au monothéisme.

Mais maintenant que le " crétinisme en action " a quasiment disparu et que la mémoire historique et la culture politique sont remplacées par la biographie de Zidane, le " crétinisme en pensée " relève la tête. Maintenant qu'il ne s'applique plus nulle part, l'amnésie générale qu'on essaie de nous vendre à la place du bonheur permet au crétinisme de vanter de nouveau ses propres mérites sans que la réalité vienne le contredire. A part la réalité nord-coréenne et la réalité cubaine. Mais elles sont microscopiques, et leur crétinerie est explicable, non pas par leur idéologie, mais par leur isolement dans un monde majoritairement converti à la traîtrise. Si l'on a oublié ce que l'on doit aux traîtres - les libertés publiques, les congés payés, la réduction du temps de travail, la libéralisation des moeurs, j'en passe et des plus futiles -, on se souvient en revanche avec émotion que les crétins nous ont fait rêver d'un avenir radieux.

Un homme comme Laurent Fabius le sait. Longtemps, il a fait route avec les traîtres. Mais, comprenant que non seulement les crétins ont survécu à l'effondrement du communisme, mais qu'ils en sont sortis impunis et stratégiquement renforcés par le fait que les conséquences de leur crétinisme avaient disparu de l'actualité, lui et ses amis ont admis qu'ils étaient dans l'erreur. Et ils ont eu le courage et l'intelligence de rejoindre le camp des crétins, en passe de redevenir plus nombreux que les traîtres.

Car la démocratie commande, dans un premier temps, de s'allier avec les plus nombreux si l'on veut accéder aux affaires. Même si, ensuite, la démocratie ne sert plus à grand-chose, puisque ce qui définit le crétin, c'est qu'il est comme un poisson qui se croit malin en votant contre l'eau sous prétexte qu'il ne la trouve pas assez claire. Alors que le traître, lui, préfère voter pour des filtres.

Cela dit, en tant que traître, je ne peux pas être objectif. J'ai toujours tendance à voir la paille dans l'oeil du crétin sans voir la poutre dans l'oeil du traître. J'ai d'ailleurs d'excellents amis crétins qui me le font remarquer assez souvent pour que j'en sois ébranlé. Si l'alliance des traîtres triomphants et des crétins déclinants était envisageable à la fin des années 70, et si, effectivement, elle a permis à la gauche d'arriver au pouvoir en 1981, l'histoire ne peut pas se répéter.

Car l'éthique victorieuse des traîtres pouvait se compromettre à peu de frais avec l'éthique en berne des crétins. Aujourd'hui que l'éthique des crétins a repris du poil de la bête puisque, depuis 25 ans, elle n'est plus responsable de rien d'autre que de ses discours démagogiques et que l'éthique des traîtres est plombée par les résultats mitigés des ses passages récents au pouvoir, la situation est l'inverse de celle de 1981. En 81, ce sont les traîtres qui faisaient rêver. Aujourd'hui, ce sont de nouveau les crétins. Or, de mon point de vue de traître, les dangers que les crétins font courir à l'humanité sont sans commune mesure avec ceux dont les traîtres sont porteurs. Car le traître est prudent, alors que le crétin lâche la proie pou l'ombre.

Aujourd'hui, si l'alliance avait lieu entre les traîtres et les crétins, ce serait au bénéfice exclusif des derniers. C'est pourquoi les traîtres n'ont plus aucun intérêt à chercher à digérer une bête devenue plus grosse qu'eux. En admettant qu'une réconciliation finisse par intervenir pour des raisons opportunistes - les prochaines élections générales - et qu'elle permette à la gauche unie de revenir au pouvoir, quelle politique étrangère, par exemple, serait appliquée ? Celle des traîtres, proeuropéens, et pour une paix négociée israélo-palestinienne ? Ou celle des crétins, souverainistes et favorables à une victoire des Palestiniens entraînant à terme la disparition de l'Etat d'Israël ? La France sera-t-elle un partenaire critique de l'Amérique, comme le désirent les traîtres, et radicalement opposée à l'islam politique ? Ou un ennemi de l'empire américain et allié des islamistes, comme le rêvent les crétins ? Quelle politique économique ? Ouverte, et régulée à la fois par des instances internationales et une fiscalité nationale adaptée, comme le veulent les traîtres ? Ou protectionniste et hostile à toute ingérence supranationale, comme le veulent les crétins ?

Dans l'identité même de la gauche, celle des crétins comme celle des traîtres, il y a un problème : comme elle est porteuse d'espoir, elle est condamnée à produire de l'insatisfaction. La gauche des crétins parce qu'elle ment, la gauche des traîtres parce qu'elle déçoit. Sa révolution consisterait à remettre à plat les mots qui la constituent et qui, désormais, ne veulent plus dire la même chose selon qu'ils sont prononcés par les uns ou par les autres. Moyen-Orient, marché, médias, concurrence, Europe, libéralisme, culture, mondialisation, Etats-Unis, élites, antiracisme, droits de l'Homme, démocratie, forment désormais le calamiteux lexique de l'impuissance de la gauche. Cailloux dérisoires que les traîtres et les crétins se balancent à la tête, ils ont quitté le champ du débat qui affine leur sens pour rejoindre la cour de récréation des insultes où ils ne servent plus que de marqueurs entre les bons et les méchants, comme la couleur des maillots des footballeurs permet aux supporters de s'y retrouver pendant le match.

Pendant ce temps-là, les loyers flambent, les chômeurs chôment, les compagnies aériennes low cost transportent les pauvres dans des poubelles, les immigrés brûlent dans les immeubles pourris, la précarité s'érige en système, parce qu'au fond, à droite, les traîtres et les crétins sont d'accord sur l'essentiel.

Mais il y a une question qui reste sans réponse. Ca me tarabuste, et je caresse l'espoir qu'il y aura des lecteurs pour éclairer ma lanterne. Pourquoi et comment, depuis le début de l'histoire, les crétins ont-ils réussi à entretenir l'idée qu'ils étaient plus à gauche que les traîtres ?


Philippe Val
Août 2005
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18 juillet 2008 5 18 /07 /juillet /2008 07:44
Par Jean-Pierre Chevènement, article édité dans un ouvrage collectif sur le 50ème anniversaire de la Vème République réalisé sous l'égide du Cercle des constitutionnalistes, à paraître en septembre 2008 aux éditions Litec.

Article paru le 02 juillet dernier sur le blog de Jean-Pierre Chevènement: http://tinyurl.com/6qfc8f



La Constitution de 1958, tout en instituant un Président de la République fort, avait maintenu un régime parlementaire où le gouvernement était responsable devant le Parlement. Celui-ci n'eut qu'une occasion d'exercer la censure, à l'automne 1962. L'élection du Président de la République au suffrage universel trancha le différend, mais instaura une source de légitimité au moins égale à celle du Parlement à la tête de l'Etat. Quarante ans plus tard, l'instauration du quinquennat et l'élection de l'Assemblée Nationale dans la foulée de l'élection présidentielle a encore accentué une hyperprésidentialisation de fait, que seules trois cohabitations (1986, 1993, 1997) avaient contrariée. Ce fut précisément pour réduire la probabilité des cohabitations que ce système fut instauré. Rien que de conforme à la logique gaulliste : il fallait que l'unité, la responsabilité, la légitimité se retrouvent à la tête de l'Etat. Puisque les Présidents Mitterrand et Chirac n'avaient pas tiré la conséquence d'une défaite aux législatives en démissionnant, il était logique de réduire la possibilité d'une cohabitation.

Ainsi l'unité de l'Etat se trouvait-elle à peu près assurée à travers la personne du Président de la République. Tout au plus, dans des circonstances extraordinaires, le droit de censure pour le Parlement, et le droit de dissolution pour le Président, peuvent-ils fonctionner comme des soupapes de sécurité. Mais cette évolution (le quinquennat et l'inversion du calendrier électoral), logique du point de vue de l'esprit des institutions de la Ve République, à partir du moment où les successeurs du Général de Gaulle avaient accepté l'hypothèse (VGE) puis la réalité d'une cohabitation (F.Mitterrand – J.Chirac), fait apparaître un déséquilibre excessif entre un Hyperprésident durablement consacré et un Parlement de plus en plus abaissé au fur et à mesure que le fait majoritaire s'affirmait dans nos institutions et redoublait les effets du parlementarisme rationnalisé. Ce fait majoritaire a résulté du mode de scrutin majoritaire pour l'élection des députés, mais aussi et surtout de l'élection au suffrage universel du Président de la République. Celle-ci a fait apparaître dès 1965 une bipolarisation de la vie politique qui, depuis lors, n'a cessé de s'accentuer. Je n'approuve pas, je me borne à constater.

On peut dire aujourd'hui que la France est très proche d'un système bipartisan. Dès lors est-il encore nécessaire que le Président de la République, chef du parti majoritaire et disposant à ce titre des investitures parlementaires, façonnant ainsi les carrières, voie sa puissance à nouveau accentuée par l'arsenal du parlementarisme rationalisé (fixation de l'ordre du jour par le gouvernement, article 49-3 qui accule à la censure, et donc au suicide, toute Assemblée récalcitrante, ne fut-ce que sur un point, dès lors que l'Exécutif le juge essentiel) ? Bien entendu c'est le gouvernement qui juridiquement met en œuvre ce dispositif mais par des décrets pris en Conseil des Ministres. Aussi bien ce gouvernement est lui-même dans la main du Président de la République.

La réforme des institutions qui procède des travaux de la Commission Balladur ne change pas l'architecture institutionnelle de la Ve République. La tentation de transformer en simple « collaborateur » le Premier ministre a été écartée. Celui-ci reste responsable devant le Parlement. Que le Président de la République puisse venir s'exprimer devant les Chambres réunies en Congrès ne modifie en rien la nature des institutions. La séparation des pouvoirs n'a jamais été un obstacle à leur coopération. Si le Président de la République veut prendre le risque d'être contesté voire chahuté, c'est après tout son affaire. Cette modification, inspirée de la pratique américaine (discours sur l'Etat de l'Union), est mineure.

En revanche les mesures qui redonnent du pouvoir au Parlement ne le sont pas : fixation, à moitié, de l'ordre du jour, limitation du 49-3, discussion sur les textes issus, non de la délibération gouvernementale, mais de celle des Commissions parlementaires, droit de veto, même limité, sur les grandes nominations, tout cela constitue une revalorisation substantielle du pouvoir des Assemblées.

Ces modifications sont bienvenues même si elles risquent d'accroître les difficultés que le Président et le Gouvernement peuvent avoir avec leur propre majorité. Prendre en compte cet argument serait avoir peur de son ombre. La démocratie implique le débat. Le risque aujourd'hui n'est pas dans la faiblesse du gouvernement mais dans l'autisme des gouvernants, relayant la puissance, quelquefois à courte vue, des administrations.

La question peut se poser de savoir si la réforme des institutions projetée ne va pas transférer le débat au sein même de la majorité, et marginaliser encore un peu plus l'opposition. Je ne le crois pas. Celle-ci saura s'emparer des sujets qui font problème. Aussi bien le rythme accéléré de l'alternance (tous les cinq ans) laisse à l'opposition, si elle en est capable, le temps d'élaborer un projet qui réponde aux défis rencontrés. Nous avons besoin d'une démocratie plus vivante et d'un Parlement plus présent au sein des institutions. Les grandes orientations politiques ne perdent jamais rien à être débattues.

Pour toutes ces raisons, la réforme dite Balladur me paraît être une avancée globale ; Certes elle ne changera rien à la prolifération des normes européennes que le traité de Lisbonne n'offre pas les moyens de contrôler vraiment. Mais cet argument ne saurait convaincre une opposition qui a majoritairement soutenu ledit traité de Lisbonne. Certes le contrôle de la constitutionnalité des lois, désormais ouvert aux citoyens devant le Conseil Constitutionnel, va-t-il encore réduire le champ des compétences parlementaires. Enfin, la tendance à introduire dans la Constitution des dispositions propres à semer le trouble – ainsi la mention des langues régionales comme « patrimoine national », laisse craindre une future ratification de la Charte des langues régionales et minoritaires par la France avec les risques de coofficialité et de démembrement du fait de l'unité nationale. C'est grave. A force d'être triturée (hier la mention de « principe de précaution », demain l'introduction de la « diversité » dans le Préambule), la Constitution devient progressivement chiffon de papier. On lui fait dire tout et son contraire. La rigueur des principes républicains tend ainsi à s'effacer. Un gouvernement de salut public devra, un jour, nettoyer ces scories, en espérant qu'il en sera encore temps.

Dans l'immédiat, mieux vaut, me semble-t-il, accepter les évolutions qui au moins permettront un débat républicain de se fortifier, en attendant des jours meilleurs. Je comprends l'argument de ceux qui ne veulent pas « donner une victoire à M. Sarkozy ». Mais, outre que cette victoire « optique » pourrait bien se transformer en victoire à la Pyrrhus, il ne me semble pas qu'une opposition systématique, mécanique, et quasi pavlovienne, soit ce qui serve le mieux la cause d'une gauche républicaine, attachée à l'intérêt public plutôt qu'à ses intérêts de boutique.

Bien sûr il faudra juger en fonction de l'évolution du texte, mais s'agissant des règles mêmes de fonctionnement de la démocratie, l'opposition n'a, à mon sens, pas grand chose à perdre à se montrer constructive. C'est la vue d'ensemble de l'évolution de nos institutions depuis un demi-siècle qui doit guider le choix du législateur pour corriger les dérives les plus insupportables.

Jean-Pierre Chevènement
http://tinyurl.com/6qfc8f


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8 juillet 2008 2 08 /07 /juillet /2008 15:23
Intervention du sénateur de la Guadeloupe, Daniel Marsin à la journée nationale de la Gauche Moderne du 29 juin...


Mes chers amis,
 

Je suis extrêmement heureux d’être partie prenante à ces Premières Rencontres Nationales de notre Mouvement, La Gauche Moderne.

Je suis heureux parce que j’ai l’intime conviction que nos travaux s’inscrivent naturellement au cœur du débat politique qui a cours actuellement dans notre pays.

Il est évident que si nous sommes réunis au sein de la Gauche Moderne, c’est que nous partageons l’idée fondamentale que les solutions viables aux problèmes auxquels notre société est confrontée ne peuvent émerger de la confrontation doctrinaire entre Socialisme et Libéralisme, à laquelle, par vertige, certains, ici ou là, contre tout bon sens, tiennent résolument. Nous, au contraire, nous voulons faire accroire l’idée que « Socialisme et Libéralisme peuvent se fondre pour mieux s’accomplir » comme l’a fait valoir notre Président depuis déjà plusieurs années.

 

Oui, Nous sommes pour un Socialisme du REEL !

Cela veut dire que nous sommes pour un Socialisme qui prenne en compte les réalités de la Mondialisation et qui se donne les moyens théoriques et opérationnels pour que, dans ce contexte,  notre pays  puisse poursuivre sa croissance et son développement, et sur ces bases, continuer à assurer,  efficacement  et durablement, le Bien-être de notre peuple.

Car nous avons conscience que cette mondialisation se traduit, et se traduira sans cesse davantage, par des mouvements massifs de capitaux à la recherche du meilleur rendement, et donc des délocalisations qui ne manqueront pas, si nos acteurs publics et privés ne sont pas au rendez-vous et à la hauteur, de déstabiliser durablement notre système socioéconomique et de précariser la situation d’un nombre de plus en plus croissant de nos concitoyens par le chômage et l’exclusion.

Nous savons aussi que, dans ce contexte de concurrence mondialisée, avec un nombre croissant de pays émergents, et de nouvelles conditions de prix sur les marchés de l’énergie et des produits alimentaires, notre système socio-économique a besoin de souplesse et d’efficacité pour parvenir à de nouveaux équilibres et, pour ce faire, nos forces vives, quelles qu’elles soient, doivent faire preuve de réelles capacités d’anticipation, de vraies facultés d’adaptation et d’une forte aptitude opérationnelle à l’innovation.

 

Mais nous sommes aussi pour un Libéralisme des Solidarités !

Cela veut dire que si nous comprenons et acceptons les évolutions nécessaires à la préservation et au renforcement de la compétitivité de notre système économique, nous voulons que la finalité de l’activité économique reste l’émancipation de l’homme, le meilleur bien-être pour chacun, et, par conséquent, nous affirmons que les ajustements inévitables doivent être anticipés et maîtrisés pour que, à chaque étape, nous parvenions à un équilibre supérieur.

En clair, pour garantir le bien-être de nos concitoyens, nous avons pleinement conscience que notre société doit marcher sur ses deux jambes : Libéralisme et Socialisme. 

Libérer les individus pour plus d’initiative et d’innovation, de souplesse et de réactivité, source d’efficacité économique et sociale, et, en même temps, mettre la puissance publique en responsabilité de réguler de façon volontariste le système pour assurer une juste répartition des richesses produites, une réelle réduction de la précarité et des inégalités, un niveau optimal de solidarité pour préserver notre cohésion sociale : voila l’une des  problématiques dans laquelle se débat la France d’aujourd’hui ! Et, de quelque côté que l’on se place de l’échiquier politique, on se rend de plus en plus compte, parfois honteusement, qu’il s’agit d’une contradiction apparente qu’il faut dépasser.

Dans cette quête de l’optimum économique et sociale, La Gauche Moderne, forte de la conviction de ses membres, devrait être à l’aise et, sans fausse pudeur ou modestie, prendre toute sa place dans le débat politique actuel  pour, puisque nous sommes dans la majorité présidentielle, renforcer notre capacité à orienter l’action publique.

Notre rencontre de ce jour arrive donc à point nommé.

Car il est plus que nécessaire que notre corpus de valeurs et nos orientations soient affinés collectivement, d’où la portée des réflexions que nous initions aujourd’hui comme de nos travaux à venir, pour être portés fièrement par nos adhérents et sympathisants afin que nous soyons puissamment audibles.

Et, forts de ces valeurs et orientations, de cette partition que nous aurons écrite ensemble, nous pourrons ainsi faire entendre avec pertinence notre musique dans le concert des réponses aux grandes interrogations qui bousculent la société française.

Oui, nos valeurs et orientations étant établies, Nous, Gauche moderne, pourrons  et devrons nous positionner sur les réformes dont la France a besoin pour répondre aux défis de notre temps et enrichir les débats locaux, gouvernementaux et parlementaires de nos propositions.

 

Les échanges et débats que nous aurons aujourd’hui participent de notre nécessaire unification sur nos valeurs et orientations.

 

Et d’autres sujets brulants nous attendent:

Comment améliorer la fluidité et la transparence du Marché du travail ?

Comment départager Solidarité et Assistanat ?

Quelle politique d’Immigration adaptée aux contraintes internes et externes de la France et de l’Europe ?

Diversité ethnoculturelle et Communautarisme.

Pour un système fiscal économiquement efficace et socialement juste.

Comment optimiser notre politique Outre-Mer ?

Quelle Europe pour une réelle adhésion des citoyens ?

Pour une approche réaliste et efficace du Co-Développement.

 

Vous vous rendez compte, mes chers amis, que, aujourd’hui comme demain, nous avons du pain sur la planche. Mais c’est le prix à payer pour donner du sens à notre existence et conquérir l’adhésion de nos concitoyens.

Je souhaite bon travail à l’ensemble des amis présents en ne doutant pas que, à l’issue de cette journée, chacun sera davantage édifié sur la pertinence de notre démarche et mieux armé pour en débattre dans toutes les sphères.

Et je dis : Bon vent à notre Mouvement, La Gauche Moderne.

Daniel Marsin
Sénateur de la Guadeloupe

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