Après le défoulement des électeurs, c’étaient quelques milliers de syndicalistes, accompagnés de quelques militants épars qui avaient choisi de ne pas se rendre à leur travail ce mardi pour crier dans les rues qu’ils voulaient moins travailler, moins longtemps, tout en gagnant plus…Bon, on s’en doutait et je ne suis pas persuadé que cette journée fasse beaucoup avancer les choses. Il y en aura sans doute encore, dans les mois qui viennent, tout aussi inutiles !
Et puis les députés UMP et les sénateurs du même parti voulaient aussi se défouler, ce qu’ils ont fait semble-t-il, en critiquant le Président sans lequel ils ne seraient pas élus, et en s’élevant contre les réformes qu’ils ont eux-mêmes votées !
La « droite la plus bête du monde », comme disait déjà Guy Mollet (et il ne connaissait pas encore celle-là !) veut que le Président abandonne sa politique de modernisation pour se concentrer sur les « valeurs » et les « projets » de droite…incapables de voir que si Sarkozy les écoutait, la droite étant sociologiquement et politiquement minoritaire, seule la moitié d’entre eux reviendraient en 2012…Heureusement Nicolas Sarkozy et François Fillon feront ce qu’ils estiment bon. Et ils auront raison.
Fillon a semble-t-il, lâché moins qu’on le dit mais trop tout de même, sur la taxe carbonne. Les députés ont compris qu’elle était abandonnée, lui dit qu’il a seulement lié son instauration à sa généralisation en Europe…Cela signifie-t-il la même chose ? Christine Lagarde pense que non et qu’on peut espérer la faire adopter en Europe… Chantal Jouanno qui n’y croit pas est « désespérée »…Le mot est fort, mais on la comprend, tout en espérant que Sarkozy va éclairer les choses demain.
A l’Assemblée Nationale, lors de la séance de questions au gouvernement, Fillon a été excellent.
Il a réaffirmé les trois "priorités" du gouvernement : la croissance et l'emploi, la réduction des déficits publics, et le pacte républicain. Interrogé par le président du groupe UMP Jean-François Copé, Fillon a reconnu la "défaite électorale" de la majorité lors des régionales. "Nous devons examiner la situation avec beaucoup d'humilité et nous devons ajuster ce qui doit l'être", a-t-il dit.
Le Premier ministre a prévenu que le président Nicolas Sarkozy et lui-même "ne transigeraient pas sur la nécessité de moderniser notre pays". Il a indiqué que "l'action du gouvernement pour les prochaines semaines porte sur trois priorités": "la croissance et l'emploi", "la réduction des déficits", et l'action "sur les deux piliers de notre pacte républicain que sont la sécurité, la laïcité et l'égalité entre les hommes et les femmes".
François Fillon a ainsi évoqué "la nécessité d'ajuster nos dispositifs de lutte contre le chômage d'autant que celui-ci s'inversera dans la deuxième partie de 2010". "Nous devons voter dans les meilleures conditions la loi de modernisation de l'agriculture", qui vit une "crise très grave » a-t-il ajouté.
Le chef du gouvernement a prévenu aussi qu'il serait "intransigeant sur l'affectation des 35 milliards d'euros" du plan de relance pour "les investissements d'avenir". Il a affirmé qu'il fallait "amplifier les mesures en faveur du renforcement de la compétitivité de notre économie". "Je voudrais indiquer que les décisions que nous allons prendre en matière de développement durable doivent être mieux coordonnées avec l'ensemble des pays européens pour ne pas creuser le déficit de compétitivité avec notre voisin allemand".
En matière de réduction des déficits, "priorité absolue", il a évoqué la prochaine réforme des retraites, le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite et la réforme de l'organisation territoriale.
Evoquant "les piliers du pacte républicain", Fillon a indiqué vouloir "inventer de nouvelles formes de lutte contre la délinquance et contre la violence". Enfin sur la laïcité, il s'est engagé à "trancher cette question qui est un symbole, celle du voile intégral".
Nicolas Sarkozy a nommé la conseillère d'Etat Jeannette Bougrab, ancienne militante de SOS Racisme, candidate UMP aux législatives de 2007, à la présidence de la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l'égalité (Halde) en remplacement du socialiste Louis Schweitzer, a annoncé mardi l'Elysée.
C’est bien.
Marc d’Héré avec AFP