Au delà d'erreurs commises par le pouvoir, d'un comportement présidentiel qui surprend ou choque souvent, c'est sans doute la crise et ses effets qui sont la cause essentielle de l'échec de la majorité aux élections régionales.
Les Français ne voient pas se concrétiser les espérances que la campagne de Nicolas Sarkozy avaient éveillées en eux, et rendent le Président et la majorité responsables de leurs difficultés et de leurs souffrances, quand elles sont plus sûrement dûes à une situation extraordinairement difficile. Alors, ils adoptent, et on peut les comprendre, une attitude de retrait ou d'opposition.
Pour répondre au message d'inquiétude, de déception, de mécontentement que les Français lui ont envoyé, le Président a eu raison de dire que "rien ne serait pire que de changer de cap". Si des inflechissements sont possibles voire nécessaires, il lui appartient de poursuivre sa politique de relance des investissements et de soutien à l'industrie et à l'agriculture, pour sortir au plus vite de la crise et voir à nouveau baisser le chômage. Poursuivre également sa politique destinée à modeniser la France afin de la rendre plus apte à bénéficier de la reprise lorsque celle-ci sera effective.Lancer et mettre en oeuvre les réformes essentielles qui ne peuvent attendre comme celle sur les retraites et sur la santé. Et puis, renforcer son action en faveur de la sécurité et de la cohésion nationale, continuer sa politique d'ouverture. Ce sont les conditions du rebond.
Si l'intervention, lucide et volontaire, faite hier par le Président, en réponse au message des Français, nous convient, nous pensons également qu'il serait utile que dans les semaines qui viennent il rappelle et complète les mesures sociales qui font partie de sa politique et qui justifient, en grande partie, le soutien que nous lui apportons.
Mais, pour que cette politique soit entendue, peut-être faudrait-il renoncer préalablement au bouclier fiscal à 50%. Cette mesure n'est pas en soi scandaleuse mais, en période de crise l'opposition a su si habilement l'utiliser et la majorité si maladroitement la défendre, que si le Président ne revient pas, d'une manière ou d'une autre, sur cette mesure, sa politique sociale (pourtant réelle et plus solidaire que ne le prétendent les opposants) restera entachée de l'accusation d'être inégalitaire et de vouloir favoriser "les riches". Quelles que soient les mesures généreuses annoncées et mises en oeuvre, elles risquent de ne pas être audibles. Si Nicolas Sarkozy consent à revenir sur cette mesure, alors sa politique sociale retrouvera une chance d'être comprise et approuvée.
La Gauche Moderne réfléchit en ce moment à une solution qu'elle proposera sans doute bientôt: suspendre pendant 3 ans le bouclier fiscal ainsi que certaines niches fiscales, et consacrer les milliards ainsi récupérés par l'Etat, au Fonds de Réserve des Retraites et à la réduction de la dette.
Dans sa déclaration d'hier, Nicolas Sarkozy a aussi insisté sur l'action qu'il veut développer pour favoriser le pacte social, la laïcité, la cohésion nationale et l'ouverture, gage d'une démocratie exemplaire. On peut regretter que certains élus UMP demandent la fin de cette politique d'ouverture, qui est le refus du clanisme et du sectarisme, dont les précédentes majorités nous ont donné un triste exemple, mais manifeste aussi la volonté de permettre
une démocratie apaisée, une République irréprochable voulue par le Président
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En outre, la droite doit prendre conscience qu'isolée et repliée sur ses valeurs, ses propositions, ses responsables, elle n'est pas majoritaire dans notre pays. Refuser de s'ouvrir et de s'élargir, c'est pour elle la certitude de l'échec.
En apportant notre soutien à la politique du Président de la République et du gouvernement, en voulant toujours l'orienter vers plus de solidarité et de justice sociale, c'est, au contraire, la voie du succès que nous voulons ouvrir lors des prochaines échéances.
Marc d'Héré