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 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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13 décembre 2009 7 13 /12 /décembre /2009 17:10

Extrait d'un article paru dans Le Monde du 13 décembre
...


.......Dieu merci, la France est à l'abri de ces vents mauvais qui soufflent sur les marchés d'emprunts d'Etat. Pour preuve, Nicolas Sarkozy dévoilera lundi 14 décembre tous les détails de son grand emprunt. Jusqu'à lui donner un nom ? Nul n'ose sérieusement imaginer un seul instant qu'il puisse en porter un autre que le sien. A propos de l'"emprunt Sarkozy", donc, nous avons reçu de Michel Rocard la lettre suivante :


"L'article que vous avez publié sous le titre "J'emprunte donc je suis" appelle de ma part trois remarques.
La première concerne l'objet même de l'emprunt. Il est symptomatique que vous ne citiez qu'une seule fois les mots mêmes du président de la République : "financer l'avenir de la France", au début de l'article, pour n'y plus revenir ensuite, comme s'il n'y avait aucun problème à cet égard et s'il s'agissait là d'un mauvais alibi.


On eût souhaité lire sous votre plume votre avis sur le retard des universités françaises dans les classements mondiaux, sur les conséquences prévisibles de la baisse significative et constante du pourcentage d'étudiants s'orientant vers les sciences exactes, et sur le blocage faute de financements de programmes de recherche majeurs dans les sciences du vivant, dans les nanotechnologies, dans les énergies renouvelables ou dans la préparation d'objets moins énergivores pour nos déplacements urbains, notre chauffage ou nos activités maritimes, aériennes et spatiales.
C'est de ce diagnostic que dépend la possibilité pour la France de maintenir ou de reconquérir de fortes positions mondiales, ou d'être suiviste et importatrice (d'où la dette de demain, monsieur) dans ces domaines dont dépend notre avenir.


La seconde concerne la dette. C'est le monde entier que la crise bancaire financière et économique en cours a affecté d'une augmentation spectaculaire et dangereuse de l'endettement. Quelques pays sont en faillite pure et simple, Hongrie, Lettonie, Islande. Les Etats-Unis portent une dette ahurissante (37 trillions de dollars) mais c'est moins grave pour eux que pour d'autres, aussi longtemps que le dollar restera la monnaie du monde, à cela près que justement leur dette met en cause ce règne du dollar.


Aux limites de l'étranglement sont aussi l'Angleterre, l'Irlande, l'Espagne, l'Italie et la Belgique et quelques autres. Les deux pays qui ont le moins mal résisté sont la France et l'Allemagne, même si leur dette à toutes deux est en train d'approcher 80 % du PNB, ce qui est énorme, dangereux, mais moins que la moyenne. Nos deux Trésors publics restent notés AAA, sans annonce de modification prochaine comme ce vient d'être le cas pour l'Angleterre.
C'est justement cette situation comparative qui laisse à la France la marge de liberté de se poser la question de savoir s'il n'y a pas encore plus d'urgence à renforcer nos positions pour l'avenir, du moment que l'augmentation annuelle de notre dette est acceptable par les marchés. L'emprunt en représente 12 % ; les opérateurs considèrent ce niveau comme acceptable, précisément. Pour en discuter, il eût fallu relativiser et comparer. Votre papier eût été plus convaincant si vous l'aviez fait.


Ma troisième remarque me concerne personnellement. Vous écrivez :"Deux anciens premiers ministres, Rocard à gauche, Juppé à droite, qui il est vrai avaient pratiqué avec brio l'art du déficit quand ils occupaient leur poste..." Je ne peux ni ne cherche à parler au nom d'
Alain Juppé. Pour ce qui me concerne, il me faut rappeler quelques faits.


Je suis nommé le 10 mai 1988. Le budget de cette année a été arrêté par le gouvernement et la majorité précédente avec un déficit de 135 milliards de francs. Je l'exécute au milliard près. Je fais adopter pour 1989 un budget au déficit de 115 milliards, puis pour 1990 un budget au déficit de 100 milliards, tous deux exécutés au milliard près. Je fais adopter le budget pour 1991 avec un déficit de 90 milliards. Je quitte mes fonctions en mai, ce dernier budget sera exécuté avec un déficit majoré de près de 4 milliards. La récession de 1992 commençait en effet à se faire sentir fin 1991. Est-ce ce type de gestion que vous appelez "pratiquer avec brio l'art du déficit" ? Une meilleure mémoire vous aurait évité ce que, compte tenu justement de l'idée que je me fais des finances publiques et de la dette, je ne peux considérer que comme une insulte."

 


  Michel Rocard en réponse  à Pierre-Antoine Delhommais
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