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 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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22 décembre 2011 4 22 /12 /décembre /2011 20:49

 

Article publié dans le Figaro du 22 12...

 

L'ancien chancelier social-démocrate allemand, auteur des réformes qui ont redonné sa compétitivité à son pays, a été reçu mardi soir par Nicolas Sarkozy. Il explique au Figaro sa vision de la crise de l'euro.

LE FIGARO. - Vous avez engagé des réformes en Allemagne qui sont souvent citées en exemple. Compte tenu de votre expérience, que pensez-vous du processus de réforme engagé en France ?


Gerhard SCHRÖDER. -Je ne conçois pas nos réformes comme un modèle, mais comme une nécessité dont d'autres pays européens vont devoir tenir compte. Les réformes nécessaires en France et en Allemagne ne sont pas toutes les mêmes. En 2003, nous avons lancé l'Agenda 2010 car l'Allemagne était une société vieillissante avec un taux de natalité faible. Il fallait aussi augmenter notre compétitivité face à la mondialisation. La France n'a pas de problème de natalité, mais a les mêmes difficultés en matière de compétitivité. Les réformes entreprises par Nicolas Sarkozy vont dans la bonne direction, en particulier en ce qui concerne les retraites. Même si je ne suis pas certain que la limite de 62 ans soit suffisante. En revanche, il faut peut-être que la France améliore la structure du marché du travail pour obtenir la compétitivité nécessaire.

Vous avez lancé votre cycle de réformes en 2003, et vous avez été battu en 2005. Considérez-vous que Nicolas Sarkozy court le risque de perdre les élections en France ?

Il y a dans les démocraties développées un problème de fond. Les réformes sont difficiles, et leurs effets bénéfiques n'interviennent que des années plus tard. Cela crée un décalage entre la décision et son résultat. Et dans cet intervalle, la démocratie peut vous sanctionner. Je sais de quoi je parle, car j'en ai fait l'expérience. Bien des choses qui ont rendu l'Allemagne forte et dont profite Angela Merkel sont liées à l'Agenda 2010. Je n'ai pas de conseils à donner aux candidats français. Nous avons décidé que les réformes étaient indispensables, au risque de perdre les élections. À l'époque, nous avions eu du mal à convaincre. Il faut une meilleure stratégie de communication. Il faut que le coeur de la campagne porte sur l'explication des réformes.

Daniel Cohn-Bendit a dit qu'il serait plus efficace de conduire les réformes avec un gouvernement d'union nationale. Cela vous paraît-il utile ?

Il faut toujours s'attendre à des surprises avec Daniel Cohn-Bendit. Plus il vieillit, plus c'est un homme d'État ! Je ne pense pas qu'on ait besoin d'un gouvernement d'union nationale pour imposer des réformes. On a juste besoin de volonté et d'une majorité au Parlement. Nous avons prouvé qu'il était possible de le faire avec un gouvernement rouge-vert.

Avez-vous vu François Hollande à l'occasion de votre séjour parisien ?

Non et je n'ai pas prévu de le faire. En tant que premier secrétaire du Parti socialiste, François Hollande a travaillé très étroitement avec Oskar Lafontaine (rival de Gerhard Schröder au SPD, qu'il quittera en 2005 pour fonder Die Linke, un parti « antilibéral », NDLR). Pas avec moi. C'est pourquoi il n'existe pas de relation entre nous.

François Hollande devrait-il défendre, en tant que candidat à la présidentielle, le principe de la règle d'or ?

La règle d'or, que nous appelons, en Allemagne, « frein sur la dette », est un principe raisonnable. Mais il doit offrir assez de souplesse pour réagir à des situations comme celle provoquée par la faillite de Lehman Brothers ou la crise de l'euro aujourd'hui.

Ne craignez-vous pas qu'on plonge l'Europe dans une récession avec toutes ces mesures d'austérité ?

Je le redoute. Il faut un équilibre entre les mesures d'austérité, qui différeront par pays en fonction de leur dette, et une politique de croissance. Je pense que les fonds européens, les fonds de cohésion, doivent servir à stimuler la croissance. La taxe sur les transactions financières, pour laquelle la France s'est particulièrement mobilisée, doit devenir une taxe européenne destinée à financer la croissance.

L'Allemagne devrait-elle participer à cet effort de relance ?

L'austérité seule ne nous sortira pas de la crise, le financement de la croissance doit s'y ajouter. Les pays qui ont encore de la marge de manoeuvre devront en faire davantage. Pour l'Allemagne, cela signifie qu'il faut soutenir la demande intérieure, notamment avec des salaires plus élevés que par le passé.

Au dernier sommet de Bruxelles, on a constaté un nouvel équilibre européen. Approuvez-vous l'idée d'une Europe du premier cercle, bâtie autour d'une plus forte intégration des pays de la zone euro ?

C'est dans la logique même de l'union monétaire. L'erreur fut de ne pas l'avoir fait depuis longtemps ! Quand vous avez une monnaie commune, la coordination doit dépasser la politique monétaire. Il faut aussi coordonner la politique économique et financière, voire la politique sociale. Nous n'avons, en mon temps, pas pu faire cela, car nous avons trop veillé à ce que des pays comme la Grande-Bretagne, dont le but n'a jamais été de rejoindre l'euro, puissent participer aux conversations sur le sort de la zone euro. En ce sens, le « non » très net du président Sarkozy, auquel s'est jointe ensuite Angela Merkel, opposé aux exigences britanniques de faire des exceptions pour la City est une vraie avancée. Cela a clarifié la situation. Mais il est décisif de trouver des formes de collaboration entre les pays extérieurs à la zone euro et la zone euro.

Y a-t-il des précautions à prendre pour que le futur traité ne soit pas saboté par Londres ?

Il faut que les dix-sept pays de la zone euro transposent rapidement les décisions qui ont été prises, sans se laisser déranger par les Britanniques. On ne doit pas tolérer qu'ils retardent le processus de transposition.

Comment jugez-vous le fonctionnement du couple franco-allemand depuis la crise grecque ?

Les décisions qui viennent d'être prises auraient dû l'être il y a dix mois. Mais, à l'époque, l'Allemagne n'était pas prête. C'est une vieille habitude d'entendre les autres pays membres de l'Union se plaindre d'un diktat franco-allemand. Quand les Français et les Allemands renoncent à s'entendre en amont d'un sommet, les autres États membres demandent : « Pourquoi ne vous êtes-vous pas mis d'accord ? Cela aurait fait avancer l'Europe ! »

Certains socialistes français ont parlé d'une « capitulation » de Paris devant Berlin...

Ces affirmations sont fausses. Elles sont dues au contexte électoral. La France n'a pas de raison de penser qu'elle a été lésée. L'Allemagne a par exemple accepté, à Bruxelles, le principe d'une gouvernance économique. C'est une vieille demande française, qui a été longtemps combattue par les partis qui forment aujourd'hui le gouvernement allemand. Je ne dirai donc pas que le point de vue allemand se soit imposé. Les deux côtés ont appris de part et d'autre, et ce n'est pas si mal.

Au début de la crise, l'Allemagne a semblé tentée de jouer sa carte seule dans la mondialisation. Depuis l'été, le ton a changé. L'Allemagne vous paraît-elle décidée à jouer la carte de l'Europe ?

Oui, je pense. Je regrette que le gouvernement allemand ait, au début de la crise, cru bon de se joindre à une campagne populiste à l'égard de la Grèce. Entre-temps, le gouvernement a compris que l'avenir de l'Allemagne est en Europe. C'est pourquoi l'Allemagne est en première ligne pour défendre l'intégration de l'euro. Dieu merci, il n'est pas trop tard, mais j'aurais souhaité que cette prise de conscience arrive plus tôt.

Êtes-vous sûr que la zone euro ne va pas éclater ?

Personne ne peut en être sûr. Un éclatement de la zone euro représenterait une catastrophe pour les gens et pour leur travail. On doit, sans oeillères ni préjugés, employer tous les instruments qui existent pour stabiliser la zone euro.

Y compris en encourageant la Banque centrale européenne à intervenir plus fortement encore sur le marché de la dette ?

Cette question ne doit pas être une question théorique de politique de régulation. Elle doit être abordée sous l'angle de la nécessité d'une intervention de la BCE. S'il n'y a pas d'autre possibilité de stabiliser l'euro, alors il relève de la responsabilité de la BCE de faire quelque chose. Et les responsables politiques devraient soutenir cela.

Dans la panoplie des instruments, il y a les eurobonds. Y êtes-vous favorable ?

Sous certaines conditions, certainement. Bien sûr, on ne peut le faire que si on s'est mis d'accord, au préalable, sur des points essentiels de la politique de stabilité. Je suis favorable au financement par des eurobonds jusqu'à un certain taux, ensuite il reviendrait aux États de porter le risque seuls s'ils continuent de s'endetter. On peut aussi envisager de transformer le FESF en banque, comme le demande la France, afin qu'il puisse être refinancé par la BCE. Actuellement, les conditions ne sont pas encore réunies en Allemagne, mais j'espère qu'elles vont l'être. Et je suis assez sûr que le gouvernement allemand va revoir sa position... si les conditions sont bonnes. Je n'ai pas de relations avec François Hollande. Quand il était premier secrétaire du PS, il travaillait avec Oskar Lafontaine...

Propos recueillis par Charles Jaigu, Marie-Catherine Beuth et Pierre Rousselin

 

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commentaires

P
Je prends connaissance assez tardivement de cette interview de Gerhard SCHRÖDER. Ce texte me parait toujours d'actualité. Il est grand temps que la France fasse les réformes profondes qui sont<br /> indispensables pour son avenir.
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M
Pour Pierre Méhaignerie, le sommet sur la crise "est un succès". "Les marqueurs d'avant crise ne sont pas les même que les marqueurs d’après crise, il faut faire des réformes de structure.<br /> Plusieurs ont été engagées"
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M
Après Fitch, Moodys confirme , actuellement, le triple A de la France. Des trois agences dites sérieuses, seule S&P a fait perdre un cran à la France. Cette décision (politique?) est donc<br /> minoritaire et le triple AAA de la France se trouve donc officiellement confirmé.
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M
L'Agence France Trésor (AFT), qui gère la dette de la France, a annoncé jeudi avoir levé 7,963 milliards d'euros d'obligations assimilables du Trésor (OAT) sur des émissions longues.<br /> <br /> Une bonne nouvelle pour Christian Noyer, le gouverneur de la Banque de France, interrogé vendredi sur Europe 1 : "C'est un très bon signe. J'observe que depuis que la Banque centrale européenne a<br /> fait sa grosse opération de refinancement à trois ans, à plus de 500 milliards, on a des opérations d'émissions publiques qui se sont très bien passées. Et celle du Fonds européen de stabilité<br /> aussi. Celle de la France est très réussie. La France a émis à un taux d'intérêt de 3,29%. Elle rembourse cette année des emprunts qu'elle a émis à 4,1% il y a 10 ans. (..) La France garde la cote.<br /> On émet à des taux qui sont très bas. Je n'ose pas vous dire quel est le taux d'emprunt à 3 mois. C'est un taux qui est très, très faible : 0,1%".
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M
«Il faut faire participer la finance à la réparation des dégâts qu'elle a provoqués. C'est une question d'efficacité. C'est une question de justice. C'est une question de morale», a expliqué samedi<br /> soir Nicolas Sarkozy lors de ses vœux aux Français. Pour lutter contre «les dérèglements de la finance», le chef de l'État a réaffirmé la nécessité de mettre «en place une taxe sur les transactions<br /> financières».
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E
La défaite de Sarkozy, en 2012, permettra de voir alors tout ce qui ne dépendait pas de lui, et auquel son successeur ne pourra changer grand-chose: la liste sera impressionnante...Le faire battre<br /> en 2012 est le meilleur service à lui rendre.
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M
<br /> <br /> Méthode Coué...Encore et toujours...tu te répètes, indéfiniment, pour chercher à te convaincre ou te rassurer?<br /> <br /> <br /> <br />
E
Es-tu pro-Copé ou pro-Wauquiez? Ou bien seras-tu l'homme de la synthèse (le "Hollande sarkozyste", quoi) ?<br /> <br /> "Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, s'est démarqué aujourd'hui sur RTL du ministre de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, partisan d'un "protectionnisme moderne". "<br /> <br /> http://tinyurl.com/c43zgy2
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M
<br /> <br /> Je me   trouve  plus souvent en accord avec Wauqiez...Mais l'un et l'autre doivent être écoutés avec attention.<br /> <br /> <br /> <br />
E
Moi, j'écoute ce que disent les Ministres de Sarkozy, notamment celui chargé de la lutte contre le chômage, Xavier Bertrand.<br /> Mais sans doute as-tu raison, et c'est une erreur d'attacher de l'importance à leurs propos.
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M
<br /> <br /> Au contraire, ce qu'ils disent est tout à fait intéressant et le plus souvent juste.<br /> <br /> <br /> <br />
E
"on peut espérer que la réunion prévue début janvier aboutira à des mesures courageuses et fortes "<br /> <br /> On peut en deviner l'essentiel: le chômage partiel pour lutter contre le chômage total.<br /> Bref: le partage du chômage, équivalent du partage du travail qu'étaient les 35 heures.<br /> Où est la différence?
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M
<br /> <br /> J'ai peur pour toi que, comme à l'habitude, tes prédictions (qui sont des répétitions de ce qu'avance Le Monde !) ne se réalisent pas...<br /> <br /> <br /> <br />
E
"les résultats de la France sont, depuis 2007, bien meilleurs que (...)mais aussi de la Grande Bretagne, des Etats-Unis, et même du Dannemark et de la Suède"<br /> <br /> <br /> ????<br /> <br /> Taux de chômage:<br /> <br /> France 9,7% Grande-Bretagne 8,3% Etats-Unis 8,6% Danemark 7,7%, Suède 8,5 %
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M
<br /> <br /> Il s'agit évidemment de la "progression du chômage depuis 2007...C'est à dire depuis que Nicolas Sarkozy est Président:<br /> <br /> <br /> France  plus 15%...Mais  Plus 38% en Italie et Suède, plus 48% en Grande Bretagne, plus  95% au Dannemark, plus de 100% aux Etats-Unis...Près de 150% en Espagne... <br /> L'Allemagne, elle, est parvenue à faire bien mieux, grâce aux réformes entreprises il y a quelques années (à l'époque où la France ne les faisait pas, mais préférait choisir les 35 heures et<br /> l'embauche de fonctionnaires!) <br /> <br /> <br /> Ajoutons que l'on peut espérer que la réunion prévue début janvier aboutira à des mesures courageuses et fortes (la CGT  les refuse déjà...Et le PS sans doute aussi...)<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />