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 RECONQUÊTE est un  mouvement en construction. Ce n'est pas un parti politique, mais un Cercle de Réflexion et d'Action, ouvert à tous ceux, à quelque parti qu'ils appartiennent, ou sans parti, qui se reconnaissent dans ses valeurs et  principes. La Responsabilité et l'équivalence entre droits et devoirs à tous les niveaux,  le libéralisme économique,  la solidarité,  le choix d'une évolution réaliste et progressive dans le social et le sociétal,  l'Europe... 

 

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15 décembre 2008 1 15 /12 /décembre /2008 15:28
Par Jean-Louis Caccomo...

L’économie traverse sans nul doute la crise la plus grave qu’elle ait connu depuis bien longtemps. Mais pendant ce temps, la gauche politique n’en finit plus d’agoniser. Inutile de revenir sur les fractures du PS qui vont nourrir une lutte sans merci entre Aubry et Royal qui est de nature à décourager les militants les plus sincères. Mais que penser des luttes similaires au sein du PC alors que le parti communiste ne représente plus personne en France ? Dans ce contexte, Besancenot tente de faire émerger un parti anticapitaliste en surfant sur la crise. Mais il est loin d’être le seul à entonner le refrain de l’anticapitalisme.

 

Pourtant, la crise actuelle aurait dû faire prospérer la gauche puisque cette crise pourrait être interprétée comme une confirmation de sa théorie. Il n’en est rien. Pour ma part, j’ai dû mal à parler de « crise du capitalisme » car il ne saurait y avoir d’économie en dehors du capitalisme. Si le capitalisme devait disparaître, il emporterait avec lui l’économie elle-même et sans économie, pas de civilisation humaine. Il y a donc bien une crise économique mais, pour reprendre les analyses de Schumpeter qui a proposé une théorie de l’évolution économique, c’est surtout une phase de mutation, de « destruction créatrice », dans laquelle les nouvelles formes de développement économique sont en train de prendre forme.


L’économiste Kondratieff a été envoyé dans les camps de travail soviétiques pour avoir proposé la première théorie des cycles longs, défiant du même coup l’idéologie officielle selon laquelle le capitalisme était condamné à sombrer dans une crise finale [1]. Pour Kondratieff, tel le phénix qui renait de ses cendres, le capitalisme se nourrit des crises. Plus exactement, l’économie est fondamentalement animée par un processus dynamique qui la conduit à des mutations qui nourrissent son développement incessant. Dans cette optique, l’analyse seulement quantitative en termes de croissance et de crise est trop réductrice.

 

Mais pourquoi la gauche n’est-elle donc pas capable de profiter de ces périodes de crise qui engendrent une réelle détresse sociale ? Permettez-moi d’apporter ici deux tentatives d’explications.


Premièrement, la gauche semble plutôt profiter des périodes de croissance. En effet, sauf à persister dans une démarche révolutionnaire suicidaire, la gauche qui ambitionne de gouverner s’appuie sur un programme qui peut se résumer sur un principe directeur : la redistribution des richesses. Mais pour redistribuer des richesses, encore faut-il en produire. En période de crise, c’est la capacité à produire des richesses qui est remise en question, la redistribution risquant d’accroître les problèmes économiques plutôt que de les résoudre. Les gens qui vivent dans le monde réel en sont plus moins conscients, et c’est pourquoi ils se détournent à la fois des partis de gauche et des syndicats, comme l’a révélé le fort taux d’abstention aux dernières élections prud’homales.


Deuxièmement, il y a sans doute une raison plus profonde. La gauche part du principe qu’il faut « changer le monde », qu’il faut proposer « autre chose » en trouvant une alternative à l’économie de marché. La réalité économique est cependant un fait, voulu par personne mais sans cesse actualisé par chacun de nous, car l’économie émerge des interactions complexes issues de nos choix individuels. Aucun plan préalable n’a été nécessaire pour que fonctionne l’économie. A l’inverse, tous les plans qui prétendent enfermer l’économie dans des formats artificiels et rigides ont brisé l’économie, les crises résultant souvent d’erreur de réglementations ou de politiques économiques.

Mais changer le monde pour proposer quoi, dans quelle direction, selon quel principe ? Et là, il y a quasiment autant de réponses qu’il y aura de militants. Ces militants animeront des courants innombrables. Les Verts, le PS, le PCF, le NPA, tous ces partis tiennent finalement le même discours fondé sur le rejet de la réalité économique : il faut changer l’économie.


Tous les leaders de la gauche  proposent de donner au monde un visage humain, mais ils se  gardent de nous dire qu’ils verraient bien leur propre visage en guise de modèle. Comment changer l’économie qui fait tourner le monde dans lequel nous vivons ? Personne n’a la même réponse de sorte qu’il est structurellement impossible aux hommes et femmes politiques de gauche de travailler ensemble.


C’est la raison pour laquelle les pays qui ont voulu sortir de l’économie de marché ont dû le faire de manière autoritaire, en se donnant des régimes dictatoriaux. Tous les pays qui rejettent l’économie de marché sont des dictatures. C’est aussi pourquoi les partis de gauche ont dû mal avec l’idée de concurrence voire avec le principe même des élections, des primaires, de multiplicité de candidats ; et les épisodes tragicomiques d’élections truquées au PS sont révélateurs d’une pratique inhérente aux partis qui restent imbibés par cet esprit révolutionnaire : au sein de mon parti, j’ai perdu aux élections alors je remets en cause le principe même des élections ; dans le cadre des élections nationales, mon parti perd les élections alors j’organise d’incessants « troisième tour sociaux » pour bloquer le pays et empêcher le gouvernement élu d’appliquer son programme.


Tant que la gauche sera inspirée par ces pratiques, elle loupera l’occasion de se reconstruire.

 

Faut-il néanmoins se réjouir de cette situation ? Non car malgré cette pittoresque situation, la droite aux affaires ne parvient pas à gouverner, devant reporter la moindre de ses réformes devant la fronde de la rue en colère. Quand le pouvoir est dans la rue, c’est que la démocratie a déserté la cité. C’est à croire que les français préfèrent la révolution à la réforme puisqu’en bloquant systématiquement toute possibilité d’évolution en douceur de ses institutions – notamment l’éducation nationale – ils installent les conditions de la faillite. Notre pays qui ne manque pas une occasion de donner des leçons de démocratie au monde entier n’est jamais parvenu à vivre complètement ce pacte démocratique. Le gouvernement ne peut pas gouverner en appliquant le programme sur lequel il s’est fait élire tandis que l’opposition n’est pas en état d’offrir une alternative crédible.

 

 

[1] Nikolai Kondratieff (1892-1938) est mort fusillé au goulag où il a été déporté à la fin d’un procès initié par Staline dans le cadre de l’épuration idéologique.

 

 

Jean-Louis Caccomo

http://caccomo.blogspot.com/

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commentaires

A
sur le site Boursorama ce matin :<br /> Ah ! ça ira, ça ira, ça ira... <br /> En observant le paysage désolé de la société post-financière occidentale, on prend davantage la mesure du sentiment, très ambigu, que s'efforçait d'exprimer Talleyrand lorsqu'il déclarait, en substance, que quiconque n'a pas connu la France d'avant la Révolution n'a pas connu la douceur de vivre...<br /> Et, d'une certaine manière, les pseudo-élites financiaro-bancaires ne sont-elle pas finalement la transposition contemporaine de cette aristocratie largement dévoyée qui, par son cynisme, son insouciance et son avidité, a précipité la chute d'un système socio-économique irrémédiablement dépassé ? <br /> (...)
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A
Il est certain que le capitalisme, version dynamique de l'économie humaine, est promis à un bel avenir : la Chine et l'Inde en seront d’ailleurs des prolongements naturels. <br /> Mais si les occidentaux se voient assaillis par un doute fondamental, alimenté par de vieilles idéologies, il faut bien constater que, pour la première fois dans l’histoire, ce doute coïncide avec une réalité angoissante : finance folle, environnement dégradé, ressources limitées, surpopulation, surproduction (liste non exhaustive). Il faudra donc beaucoup de doigté pour orienter cet accélérateur économique qu’est le capitalisme vers une gestion harmonieuse de ses finances, de ses ressources, de son environnement et de ses populations. Mais que de temps perdu depuis la dernière crise de l’an 2000 ! Désormais les apôtres d’un recul « anti-capitaliste » nous laisseront peut-être une chance de réformer l’économie moderne, mais celle-ci a certainement perdu le luxe de s’offrir une autre crise dans un cycle aussi court (sept ans). Car il y a un cycle que Kondratieff n’a pas calculé, c’est le cycle révolutionnaire -non pas perçu dans une optique déterministe historique mais comme un soubresaut inhérent aux sociétés humaines- C’est tout simplement à ce « cycle du chaos » que l’on aimerait bien échapper en réformant « à la hache ». Sarkozy est le meilleur bucheron. Jusqu’où ?
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