Par Jean Quatremer, (extraits)
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…….Les Vingt-sept ne peuvent que se réjouir d’avoir eu, à leur tête, en cette période troublée un président volontariste et hyperactif, un président ressortissant d’un pays fondateur, appartenant au cœur de l’Union (euro, Schengen), mais aussi membre permanent du conseil de sécurité de l’ONU, fondateur du G8, membre de l’OTAN…
……Sans Nicolas Sarkozy, l’Union aurait eu infiniment plus de difficultés à stopper les Russes cet été et à coordonner son action pour faire face à la crise bancaire. Le premier ministre danois, Anders Fogh Rasmussen, a loué aujourd’hui avec raison le « leadership énergique » de Sarkozy dans les crises géorgienne et financière. Pour Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois et président de l’Eurogroupe, « jamais auparavant l’Europe n’a été dirigée avec une telle intensité ». Même le grand quotidien conservateur allemand, la Frankfurter Allgemeine Zeitung, jusque-là peu amène pour le chef de l’État français, salue désormais « la gestion remarquable sur le Caucase » du « dynamique président ». Lors de la crise bancaire, « il a de nouveau pris les commandes (…) pour sauver l’Euroland ». Sarkozy est « au meilleur de sa forme en tant que manager de crise ». N’en jetez plus !
Au-delà des hommes, il apparaît clairement que la question de la présidence du Conseil européen est centrale dans une Europe à 27, où les petits pays sont désormais largement majoritaires. Elle ne se pose pas seulement à propos de la République tchèque, un exemple presque trop caricatural, mais aussi, par exemple, pour la Slovénie, un État pourtant très europhile et membre de la zone euro, ou pour la Suède, qui succèdera à Prague le 1er juillet 2009, et qui n’est ni membre de l’euro ni de l’OTAN… Tous ces pays n’ont pas le poids économique, diplomatique, militaire ou financier pour être des interlocuteurs reconnus de la communauté européenne et internationale. Les petits pays n’ont que rarement une vision globale du monde et une pluralité d’intérêts qui font qu’un pays comme la France ou la Grande-Bretagne ont leur mot à dire sur l’ensemble des affaires de la planète. …
Le projet de traité constitutionnel repris par le traité de Lisbonne a heureusement prévu de remplacer cette présidence tournante qui soumet l’Union au hasard des hommes par une présidence fixe : le Conseil européen devra élire en son sein un président pour deux ans et demi renouvelable une fois qui abandonnerait toutes ses autres fonctions……..
……Les crises diplomatique, financière et économique que traverse l’Union rendent plus que jamais nécessaire le traité de Lisbonne et ses réformes institutionnelles (on pourrait aussi citer le service diplomatique commun qui donnerait au président du Conseil les moyens de son action). Rasmussen l’a rappelé aujourd’hui : la période montre « le besoin d’une coopération européenne renforcée et souligne l’importance d’achever la ratification du traité de Lisbonne ». « Nous respectons naturellement le non irlandais, mais nous exhortons le gouvernement irlandais à clarifier la situation le plus rapidement possible (…), car ce traité de Lisbonne donne à l’UE un rôle global plus fort que le traité actuel ».
Mais il faudra encore patienter au moins un an, voire plus, que les Irlandais proposent une voie de sortie (ou qu’ils sortent eux-mêmes). À moins, comme le dit en plaisantant un diplomate européen, qu’en décembre prochain le Conseil européen ne décide par acclamation de nommer Sarkozy président à vie…
N.B.: cela n'a rien à voir, quoique, mais les socialistes français viennent une nouvelle fois de s'illustrer en s'abstenant sur le projet de loi de sauvetage des banques. De Lisbonne à la crise bancaire, le PS ne sait plus où il est. Peut-être Sarkozy comme président?
Jean Quatremer
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