Le Parti socialiste a lancé il y a quelques mois une campagne sur le thème « Sarkozy ne tient pas ses promesses ». Fortement relayée par les médias, prompts à accabler un Président qui commençait à être en difficulté, après l’avoir encensé au temps de ses succès, cette campagne, a, compte tenu des difficultés du temps, de quelques maladresses du pouvoir et d’un certain retard dans les résultats par rapport aux attentes, rencontré un écho dans l’opinion. Elle a été fabriquée et orchestrée autour de deux thèmes.
D’abord, le pouvoir d’achat : Sarkozy avait promis d’augmenter le pouvoir d’achat or celui-ci baisse et le Président ne fait rien pour le relever ….On peut tout d’abord émettre des réserves sur cette baisse importante du pouvoir d’achat, tout au moins sur son caractère soudain et général. Mais surtout on doit rappeler que le candidat Sarkozy n’a jamais prétendu qu’il augmenterait le pouvoir d’achat de tous, en un an. Il a dit, et chacun s’en souvient, qu’il agirait de manière à permettre au plus grand nombre de « travailler plus pour gagner plus ». Et, conformément à cet engagement il a, une fois élu, pris des mesures telles que la défiscalisation des heures supplémentaires ou la possibilité de monétiser ses RTT, mesures qui permettent à des millions de salariés (y compris des agents publics) de gagner effectivement plus en travaillant plus. Il y ajoute à destination des entreprises une incitation forte à développer la participation et l’intéressement, ainsi qu’à négocier des accords salariaux. Les négociations engagées avec les fonctionnaires conduiront à plus de 3% d’augmentations moyennes et le gouvernement a confirmé que, comme promis par le candidat Sarkozy, le minimum vieillesse augmenterait bien de 25% en 5 ans, et que dès cette année, l’ augmentation se monterait à 5%. Par ailleurs les pensions de réversion passeront à 60% de la pension initiale et un effort important sera fait pour les « petites » retraites. Enfin la baisse continue du chômage, depuis le mois de mai 2007, a permis à plus de 100.000 personnes de retrouver un emploi et donc d’obtenir un gain de pouvoir d’achat, et le RSA de Martin Hirsh destiné à faciliter cette reprise du travail, expérimenté dans près de 40 départements va être généralisé. Comme on le voit l’argument de passivité et d’échec face à la « baisse du pouvoir d’achat » est assez peu fondé.
Deuxième angle d’attaque utilisé, Sarkozy ne ferait pas les réformes promises. Or on peut constater qu’en quelques mois, de nombreux changements décisifs ont été décidés ou lancés, dont on peut citer quelques exemples. En ce qui concerne l’éducation d’abord avec l’assouplissement de la carte scolaire, un service minimum d’accueil, une importante réforme des programmes et des rythmes à l’école primaire, le soutien personnalisé pour ceux qui en ont besoin, l’autonomie des universités, le lancement du plan « campus ». Pour ce qui concerne les pouvoirs publics ce sont les 166 mesures de « révision générale des politiques publiques » pour réformer l’Etat et maîtriser les dépenses, c’est le début de l’allègement de l’administration, la réforme de la carte judiciaire, les franchises médicales et le plan national de lutte contre la maladie d’ Alzheimer, la réforme des hôpitaux, le plan « défense » en préparation qui sera annoncé courant juin. C’est la proposition de modification de la Constitution destinée à renforcer les pouvoirs du Parlement et encadrer ceux du Président.
Dans le domaine de l’économie, du travail et des rapports sociaux, c’est l’alignement des régimes spéciaux de retraite sur le public et la nouvelle étape dans la réforme des retraites, le service minimum dans les transports, les mesures destinées à appuyer les efforts de recherche des entreprises et, résultant d’un accord entre acteurs sociaux, une modernisation décisive du « marché du travail ». C’est aussi le « plan banlieue » de Fadela Amara, la loi sur la modernisation de l’économie qui sera présentée ces jours-ci, les assouplissements décisifs apportés aux 35 heures. On peut y ajouter sur le plan extérieur, le rééquilibrage bienvenu de notre politique étrangère abandonnant l’ anti américanisme de la période Villepin/ Chirac , un début (difficile) de remise en cause de la vieille politique clientéliste Africaine, une politique active au moyen Orient et, excusez du peu, la relance de l’Europe par la signature, obtenue en quelques mois, par les 27 Etats européens, d’un nouveau traité simplifié et la ratification par la France de ce traité, selon la procédure annoncée lors de la campagne présidentielle.
A ces réformes s’ajoutent sur le plan intérieur une politique permettant à notre croissance de se maintenir à un bon niveau malgré la crise internationale, la création d’entreprises, la maîtrise concertée des flux migratoires, la poursuite de la baisse du chômage, et de celle de la délinquance, …
Tout aurait donc était parfait ? Certainement pas. Il y a certaines manières d’être ou de faire du Président qui peuvent nous surprendre, nous agacer, parfois nous décevoir. Il y a eu des erreurs, des déclarations maladroites et des réformes insuffisamment appuyées…. Et puis, il reste tant à faire qu’on ne peut pas se contenter de ce qui a été fait pendant ces premiers mois…Mais prétendre que le Président Nicolas Sarkozy agit insuffisamment ou ne tient pas ses promesses n’est ni sérieux…ni très honnête.
Marc d’Héré